La Direction de la santé publique lance un appel à la vigilance à la suite de la découverte par des enquêteurs de la police de Montréal d'une drogue encore jamais vue au Québec.

En arrêtant à la mi-avril deux individus soupçonnés de fabriquer et d'importer des drogues de synthèse, les enquêteurs des stupéfiants de la région sud ont mis la main sur une importante quantité de comprimés et de produits de toutes sortes, dont du desmethyl fentanyl, un opiacé extrêmement dangereux.

«On s'est fait mettre en quarantaine en traitant la drogue, a raconté l'enquêteur Yves Rousseau le 2 mai dernier, lors de l'enquête sur remise en liberté des deux suspects, Jason Berry et Patrick Provencher. On a eu trois personnes incommodées. Le desmethyl fentanyl est 80 fois plus fort que la morphine et 40 fois plus fort que l'héroïne. Les pompiers du fameux groupe HAZMAT sont venus. La voûte est en quarantaine depuis ce temps-là et on ne peut rien traiter. On attend que ce soit décontaminé.»

Un quatrième policier a même été hospitalisé après avoir manipulé un autre des produits saisis.

«Des analyses sont en cours afin de confirmer la nature de chaque substance. Ces produits pourraient menacer la santé des utilisateurs de drogues et des personnes qui achètent des médicaments contrefaits», écrit la Direction de la santé publique dans un avis émis vendredi. Celle-ci et la police de Montréal doivent d'ailleurs tenir une conférence de presse à ce sujet ce matin.

Production industrielle

Dans cette affaire, les enquêteurs ont saisi près de 500 000 comprimés de toutes sortes, du speed à l'oxycodone en passant par les stéroïdes et le Viagra, de même que plusieurs drogues dures, dont du crystal meth. «C'est l'une des plus grosses saisies sur l'île de Montréal depuis quatre ou cinq ans», a déclaré l'enquêteur Rousseau.

Selon lui, les suspects possédaient trois presses qui pouvaient leur permettre de fabriquer 10 800 comprimés à l'heure, et suffisamment de produits pour en faire 1 million. «À 3$ le comprimé dans la rue, on peut parler de profits de 3 millions de dollars», a dit le policier.

Les suspects dissimulaient la drogue dans des fours à micro-ondes qu'ils expédiaient par UPS, notamment vers le New Jersey et le Colorado.

Le juge Robert Marchi de la Cour du Québec a refusé de les remettre en liberté.