Rien ne va plus dans les négociations entre le gouvernement Charest et la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui représente la plupart des infirmières du secteur public.

En conférence de presse, hier matin, la présidente de la FIQ, Régine Laurent, et la vice-présidente, Michèle Boisclair, ont toutes deux accusé le gouvernement de favoriser ses «amis dans le privé» parce qu'il refuse de prendre des mesures pour limiter le recours aux agences privées de services infirmiers dans les hôpitaux. «Pourquoi est-ce que le gouvernement est prêt à payer 100$ l'heure pour une infirmière d'agence alors que celles du public gagnent 30$ l'heure?» a demandé Mme Boisclair.

«Moi, je dis d'emblée que je n'ai pas d'amis dans le privé, dit Mme Laurent. On se bat pour que les gens se fassent soigner au Québec et, pour ça, il faut des conditions de travail pour attirer les jeunes et garder encore quelques années celles qui ont mon âge. On n'a pas le choix.»

Au lieu de cela, affirme Mme Laurent, le gouvernement veut maintenir les heures supplémentaires obligatoires et les doubles quarts de travail de 16 heures, et il refuse d'augmenter le nombre de postes permanents.

La FIQ affirme qu'elle a présenté une nouvelle proposition sur le temps de travail lors de son retour à la table, pour ne pas se voir imposer le règlement accepté par les autres employés de l'État vendredi dernier.

«En pleine pénurie de personnel, on refuse la création de postes, même à sept jours aux deux semaines», déplore Mme Laurent.

Sur la question des horaires, la FIQ demande à Québec d'offrir des postes à temps partiel de sept jours de travail par deux semaines aux infirmières qui n'en ont pas, ce que le gouvernement refuse par crainte de diminuer la flexibilité du réseau et ainsi d'accroître la pénurie d'infirmières.

Selon la FIQ, 60% des infirmières ont la permanence seulement pour un poste à temps partiel. Pour obtenir un temps plein, elles acceptent des quarts de travail au gré des besoins.

Le syndicat déplore aussi que, dans la proposition du gouvernement, l'amélioration des primes pour le travail aux «soins critiques» soit assortie d'une disponibilité permanente. «C'est quasiment une détention», dit Mme Laurent.

Le gouvernement se dit prêt

Le gouvernement a pour sa part déploré la rupture des négociations et a assuré qu'il était prêt à reprendre les pourparlers.

En point de presse à Sherbrooke, la présidente du Conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay, et le ministre de la Santé, Yves Bolduc, ont reconnu que l'accord conclu avec la CSQ et la CSN devait servir de «base» dans les négociations avec la FIQ.

«On est prêts à faire différents aménagements avec la FIQ, mais il faut que ça demeure dans le domaine du raisonnable», a déclaré M. Bolduc.

«Ce que la FIQ nous proposait, c'était vraiment une réduction en termes d'heures de travail qui nous amenait une pénurie supplémentaire de quelques milliers d'infirmières», a martelé le ministre Bolduc.

Malgré tout, Mme Gagnon-Tremblay a assuré que le gouvernement et la FIQ s'entendaient «sur les grands principes».

Les négociations entre les deux parties avaient repris mercredi, mais elles n'ont duré que quelques heures. Le gouvernement a dit avoir appris par les médias la décision de la FIQ de ne pas poursuivre les pourparlers.

Les ministres ont dit croire que la FIQ voulait attendre à l'automne pour reprendre les négociations, un choix qu'ils entendent respecter. De son côté, la FIQ a indiqué qu'elle ne s'était fixé aucun échéancier.

Entre-temps, les membres de la FIQ continueront à exercer des moyens de pression, notamment le port de t-shirts noirs le mercredi. «Mais dans tout ce qu'on fait, soyez assurés que jamais, jamais la population ne sera touchée», a promis Régine Laurent.

La FIQ, qui représente 56 000 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes, est le seul syndicat à ne pas avoir conclu d'entente sectorielle avec le gouvernement. Elle fait toutefois partie du règlement global sur les questions financières, notamment les salaires, les retraites et les droits parentaux.

- Avec la PC