Ville-Marie n'a encore pris aucune décision définitive sur le déménagement du Refuge des jeunes dans l'est du Village gai, mais le dossier fait l'objet d'un débat dans l'arrondissement, où les conseillers de l'opposition accueillent froidement le projet.

Le conseiller de Vision Montréal et celui de Projet Montréal comptent interroger le maire Gérald Tremblay, qui dirige l'arrondissement, à la réunion du conseil du 16 juin. Ils craignent que l'implantation du Refuge dans ce quartier ne rapproche sa clientèle des trafiquants de drogue qu'ils cherchent justement à éviter.

 

François Robillard, conseiller de Vision Montréal dans le district Saint-Jacques, souligne que le nouveau Refuge serait logé près de bars de danseurs, de saunas et de parcs réputés pour être des lieux de prostitution. Sans compter que la drogue est facile à obtenir dans les bars du secteur.

«Vous avez tous les éléments pour que ces jeunes se fassent offrir de la drogue, pour qu'ils consomment et pour qu'ils se prostituent», affirme M. Robillard.

Le conseiller de Projet Montréal dans Sainte-Marie, Pierre Minville, estime que le quartier compte déjà trop de centres d'aide aux clientèles défavorisées.

«Les résidants nous disent que les trois quarts des organismes pour sans-abri sont déjà ici, dit-il. Il faudrait libérer les citoyens de Ville-Marie, les laisser respirer un peu.»

Le porte-parole de l'arrondissement, Jacques-Alain Lavallée, précise que le dossier est toujours à l'étude et qu'aucune décision n'a encore été arrêtée. Chose certaine, le Comité consultatif d'urbanisme (CCU), qui regroupe élus et fonctionnaires, s'est prononcé en faveur du projet.

Le conseiller de Peter-McGill, Sammy Forcillo, préside le CCU. Il fait valoir qu'on trouve déjà de nombreux jeunes en difficulté dans le quartier et que le Refuge a tout intérêt à se rapprocher d'eux. Il s'étonne que les conseillers de l'opposition critiquent son arrivée dans le quartier, une attitude qu'il apparente au syndrome «pas dans ma cour».

«J'espère qu'on ne fera pas de parallèle avec l'opposition au centre d'hébergement pour Inuits dans l'arrondissement de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension», a-t-il affirmé.

M. Forcillo suggère de constituer un comité de bon voisinage et un comité de parrainage pour assurer que les citoyens du quartier puissent, au besoin, faire entendre leurs doléances aux administrateurs de l'organisme. Cette méthode, souligne-t-il, a déjà porté ses fruits lors de l'implantation du centre Cactus à l'angle des rues Ontario et Sanguinet, et du Bon Dieu dans la rue près de l'avenue Papineau.