Pour avoir bonifié les notes d'élèves moins doués en mathématiques, sciences et histoire, l'ex-directeur du collège Charlemagne, Bernard Laudy, a écopé d'une peine de 18 mois à purger dans la collectivité, hier au palais de justice de Montréal.

Âgé de 53 ans, M. Laudy a agi ainsi pour que l'établissement privé qu'il dirigeait depuis de nombreuses années, et qui avait été fondé par ses parents en 1969, paraisse bien dans le palmarès des écoles de L'actualité. C'est du moins ce qu'ont fait valoir les avocats des deux parties, hier, devant la juge Suzanne Coupal.

Les faits sont survenus en 2003 et 2004. Allant à l'encontre d'une directive du ministère de l'Éducation, M. Laudy insistait pour retranscrire lui-même (au lieu que ce soit les professeurs) les résultats des élèves, sur les feuilles réponses des examens qui devaient être envoyées au Ministère. Ceci afin d'éviter des erreurs, prétendait-il. En réalité, il changeait des réponses erronées. En juin 2004, à la suite de l'examen du Ministère en mathématiques 436, un enseignant du collège, Philippe Bouchard, a constaté que les résultats de plusieurs élèves avaient été haussés. Il a alerté le Ministère. Une enquête de la Sûreté du Québec devait finalement démontrer qu'il y avait eu falsification pour 103 élèves en 2003 et 112 en 2004.

M. Laudy a craqué juste avant de passer le test du polygraphe à la SQ. Il a avoué ses fautes et, devant le tribunal, s'est avoué coupable de fabrication et usage de faux documents. Hier, son avocat, Me Jacques Vinet a expliqué que M. Laudy se remettait difficilement d'un divorce au moment des événements, et qu'il avait fait deux dépressions.

Le collège Charlemagne, situé à Pierrefonds, était au centre de sa vie, puisque c'était l'oeuvre de ses parents, tous deux professeurs, et que lui-même avait commencé à y enseigner en 1976. En 1981, il a dû prendre la relève de son père, comme directeur de l'établissement.

M. Laudy a été congédié depuis cette affaire, et se retrouve sans emploi. La juge Coupal s'est rendue à la suggestion des parties et a imposé 18 mois à purger dans la collectivité. Pendant les 9 premiers mois de sa peine, M. Laudy devra rester dans son domicile pratiquement 24 heures sur 24. Il lui est par ailleurs interdit de prendre un emploi dans l'enseignement.