Les familles habitant la banlieue autour de Montréal peuvent se réjouir: elles profiteront d'une hausse marquée des places disponibles en service de garde, contrairement à la métropole, qui obtient le tiers de ce qu'elle avait demandé. La ministre de la Famille, Michelle Courchesne, a présenté hier la répartition par région, tant attendue, des 18 000 places en garderies à 7$ promises par le gouvernement d'ici 2010. Des mesures jugées toutefois insuffisantes par les partis de l'opposition et de nombreux intervenants du milieu.

Tel qu'annoncé en juillet, la ministre Courchesne s'est assurée que toutes les régions du Québec pourraient accueillir davantage d'enfants en service de garde, selon les besoins. Dès la rentrée de septembre, c'est 3000 enfants de plus qui pourront fréquenter un centre de la petite enfance (CPE), une garderie privée subventionnée ou une en milieu familial.

Les offres de service en milieu de travail, à horaires variables, dédiées aux enfants d'immigrants ou pour les milieux défavorisés ont été privilégiées dans les 487 projets choisis sur les 1902 proposés au gouvernement.

La grande région de Montréal (incluant Laval et la Montérégie) obtient plus de la moitié des nouvelles places, soit 9500 en trois ans.

«De plus en plus de jeunes familles s'établissent dans les banlieues, nous avons tenu compte de cette réalité-là», a dit Mme Courchesne en conférence de presse. À terme, le budget annuel du gouvernement pour les services de garde atteindra 2 milliards, a-t-elle ajouté.

Si l'Association québécoise des CPE salue l'effort substantiel du gouvernement, sa présidente, Johanne Roy, émet des réserves quant au manque de places attribuées pour des poupons, au moment où le Québec connaît un mini baby-boom. Les 3308 nouvelles places d'ici 2010 (19%), «ce n'est pas suffisant pour répondre à la demande», a-t-elle estimé.

Le Regroupement des CPE de l'île de Montréal espérait quant à lui obtenir une grosse part du gâteau. Sur les 13 000 places souhaitées, la métropole n'en a pourtant obtenu que 4682. «C'est sûr qu'on aurait aimé qu'une attention particulière soit portée à Montréal. Le manque de places est plus grand ici que partout ailleurs dans la province», a expliqué hier Céline Marchand, directrice générale du regroupement.

Les deux partis de l'opposition à Québec ont aussi vivement critiqué le manque criant de services pour répondre à la demande croissante.

«Ça illustre le cafouillage libéral», a estimé le député péquiste Nicolas Girard, soutenant que dans sa circonscription, Gouin, les listes d'attente atteignent deux ans pour une place en CPE. «Ce sera un automne très difficile pour beaucoup de familles au Québec», a-t-il ajouté. Le nombre d'enfants qui n'ont actuellement pas de place en CPE est évalué à 32 000 par la ministre, mais à 38 000 par les intervenants du milieu.

Jugeant les mesures annoncées insuffisantes, l'ADQ a réitéré sa proposition de donner 100$ par semaine par enfant de moins de 5 ans n'ayant pas une place en garderie subventionnée.

Répondant aux critiques, la ministre Courchesne a rappelé qu'un crédit d'impôt avait été instauré dans le dernier budget du gouvernement pour les familles qui n'ont pas une place à 7$ en CPE.

Dans la région de Lanaudière, néanmoins, le mécontentement est grand. «On est situé dans la couronne de Montréal. Il y a beaucoup de développements immobiliers et beaucoup de nouvelles familles, alors on s'attendait à recevoir un nombre nettement supérieur de places», a commenté Dave Harvey, directeur général du Regroupement des CPE de Lanaudière. D'ici 2010, 750 places seront créées dans la région.

Pour pouvoir accueillir de nouveaux enfants, le CPE Contact Jardin-Soleil, à La Plaine, a proposé un projet de 80 places. Le ministère n'a approuvé la création que de 10 d'entre elles. «On a un établissement bien reconnu, bien ancré dans la communauté et on répond à tous les critères qui étaient demandés par le ministère. Aujourd'hui, on sent qu'on ne nous reconnaît pas et qu'on nous abaisse. C'est une déception totale», a affirmé la directrice du CPE, Suzanne Beauchamp. «J'ai 1000 noms en attente pour mon CPE, alors 750 places pour la région au complet, ce n'est rien! Encore une fois, Lanaudière est le parent pauvre et oublié du Québec», a-t-elle ajouté.

À l'inverse, Laval ne pouvait rêver d'une meilleure distribution des nouvelles places en garderie. «Il y a beaucoup de familles qui sont heureuses aujourd'hui. À Laval, on espérait avoir entre 1250 et 1500 places. On en a eu 1355», s'est réjoui Mario Bernier, directeur général du Regroupement des CPE de Laval. Notons que la ministre Courchesne est aussi responsable de la région de Laval.