Reprendre des grands succès des années 80, rien de follement original. Jouer de la guitare à la manière de Django Reinhardt, rien de très inédit. Mais reprendre Touch Me de Samantha Fox, Pump Up the Jam de Technotronic ainsi que du Céline Dion ou du AC/DC à la façon tzigane de Django Reinhardt, tout cela avec un sourire en coin et une véritable maestria dans les doigts, c'est tout simplement unique. Et c'est ce qui explique le succès fulgurant du trio québécois The Lost Fingers.

Tous les soirs pendant le Festival international de jazz de Montréal, les trois musiciens ont provoqué de longues files d'attente. Des milliers de spectateurs désiraient assister à leur spectacle gratuit... tant et si bien que les organisateurs du Festival ont dû agrandir le chapiteau sous lequel ils se produisaient! Devant un tel succès public et critique (The Lost Fingers ont défrayé la chronique, même dans le très sérieux quotidien français Le Monde/i>), le FIJM a décidé de les ajouter ce soir, à 21h, à son grand spectacle de clôture gratuit et en plein air. C'est pour souligner leur succès, leur inventivité et leur talent que La Presse et Radio-Canada désignent The Lost Fingers personnalité de la semaine.

Un succès au-delà du FIJM

Avant même le début du FIJM, le premier album de The Lost Fingers, baptisé Lost in the 80s, a été déclaré disque d'or (50 000 exemplaires), et cela en six petites semaines. Au cours des sept derniers jours seulement, ils en ont vendu 6000 exemplaires! On y trouve des succès de George Michael, Michael Jackson, Soft Cell ou Stevie Wonder, interprétés avec brio et à la manière tzigane par deux guitares (Byron Mikaloff et Christan Roberge, également chanteur) et une contrebasse (Alex Morissette). Tous dans la vingtaine, ils se sont rencontrés au Conservatoire de musique de Québec - ce qui n'empêche pas Christian d'être également docteur en biologie moléculaire.

Comment les trois jeunes hommes ont-ils célébré leur disque d'or, remis le 27 juin dernier? «Chez un de nos amis, avec du très bon vin et... des boîtes d'Alphaghetti», répond en riant le guitariste Byron Mikaloff. Tout Lost Fingers est résumé dans cette répartie: le goût du beau (les magnifiques arrangements manouches des cordes) et l'humour (la version étonnante d'Incognito de Céline Dion façon tzigane)!

Baptisé The Lost Fingers en souvenir des deux doigts manquants à la main gauche du guitariste Django Reinhardt, le groupe a été désigné pour représenter le Québec à Saint-Malo fin juillet: «Je vis au Québec depuis 10 ans, explique Byron Mikaloff, originaire de la Colombie-Britannique, je suis venu étudier au Conservatoire avec une bourse et j'ai beaucoup joué de la guitare dans les rues de Québec avec Christian, qui est de Québec. J'avais déjà collaboré à d'autres projets avec Alex (contrebasse), qui est de Lévis. Quand on a décidé de créer The Lost Fingers, Christian et moi, je savais qu'Alex avait l'ouverture voulue, l'humour, les connaissances dans tous les genres musicaux et le talent.» Ils seront évidemment en spectacle au Festival d'été de Québec cette semaine.

Mais d'où leur vient leur intérêt pour Django Reinhardt (1910-1953) et son jeu de guitare prodigieux? «En 2002, j'ai découvert le jazz manouche grâce au guitariste français (et virtuose) Angelo Debarre. Sur ses conseils, j'ai acheté les CD de Django Reinhardt, les livres... La musique manouche passionne aussi bien Johnny Depp que Woody Allen, parce qu'elle est souriante et très dynamique. Et puis c'est une musique faite par les gitans, donc faite pour être jouée autour des roulottes et des feux de camp: la musique parfaite pour l'été!»

Et leur intérêt pour la musique des années 80, alors que les trois musiciens n'étaient encore que des enfants? «Alex a été un fan de New Kids on the Block et connaissait leurs chorégraphies, alors que Christian a déjà fait de la danse jazz avec Jorane sur du Paula Abdul, quand il était petit. Et moi? Mon père était professeur de gymnastique et tous ses entraînements, c'était sur la musique de Michael Jackson et compagnie!» Tout s'explique...