Alfonso Gagliano entame une nouvelle carrière : vigneron. L'ancien ministre des Travaux publics n'attend plus qu'un prêt du gouvernement fédéral pour acheter un vignoble de Dunham, dans les Cantons-de-l'Est.

M. Gagliano a confirmé à La Presse hier qu'il a fait une offre avec son fils pour acheter un vignoble situé à une centaine de kilomètres de Montréal. Cette offre «acceptée» serait conditionnelle à l'obtention d'un prêt de Financement agricole Canada, société de la Couronne. Il s'attend à recevoir une réponse d'ici une semaine.

L'homme d'origine sicilienne, arrivé au Canada à 16 ans et aujourd'hui âgé de 66 ans, voit plutôt l'entreprise comme un projet de retraite. «Je vais finir mes jours dans mes vignes, a-t-il lancé. Je retourne à mes origines.»

Il y a quelques mois, des médias ont rapporté qu'il envisageait de briguer le poste de maire de Saint-Léonard. Éclaboussé par le scandale des commandites, M. Gagliano nie qu'un retour en politique soit dans ses plans d'avenir.

L'ancien député de Saint-Léonard–Saint-Michel compte acheter Les Blancs Coteaux, vignoble d'environ 50 000 plants en activité depuis 1990. On y produit des vins blancs et rouges, ainsi que des cidres. À l'heure actuelle, le domaine compte un magasin, une salle de réception et offre des visites guidées.

Signe que la transaction est déjà bien avancée : une société du nom de Vignoble Gagliano est déjà inscrite au registre québécois des entreprises. Ses associés sont son fils Vincenzo, sa belle-fille Caroline Mancini et son épouse Ersilia Gagliano. L'adresse est celle du Vignoble Les Blancs Coteaux, à Dunham.

Le montant de la vente oscillerait entre 750 000 et un million de dollars, selon une source. La municipalité de Dunham évalue le terrain et les bâtiments à 342 000 $. Ni l'acheteur ni Financement agricole Canada n'ont voulu confirmer le montant du prêt ou de la transaction.

«Il n'y a pas de traitement de faveur, a cependant précisé le vice-président aux opérations de la société d'État pour le Québec, Vincent Giard. Ce sont nos politiques de prêts standards qui s'appliquent, que ce soit une personnalité connue ou monsieur et madame Tout-le-Monde.»

Quant à M. Gagliano, il ne croit pas que le fait qu'un gouvernement conservateur soit au pouvoir puisse influencer le résultat. «Je fais une demande légitime. Il y a un projet bien détaillé et nous avons fourni tous les documents. Alors, je ne vois pas pourquoi la politique devrait se mêler de cela», a-t-il dit.

Par ailleurs, l'ex-député libéral ne sera pas en terrain totalement inconnu dans la région de Brome-Missisquoi. L'ancien ministre Denis Paradis y possède lui aussi un vignoble, Le Domaine du Ridge. M. Paradis, défait aux dernières élections, mais qui compte se représenter aux prochaines, n'a pas commenté l'arrivée de son ancien collègue dans son voisinage.

Décision à l'automne

Alfonso Gagliano était ministre des Travaux publics durant le scandale des commandites. Il a été muté au Danemark comme ambassadeur à la suite de révélations sur l'octroi irrégulier de contrats. Puis le premier ministre Paul Martin l'a rappelé au pays lors de la publication du rapport dévastateur de la vérificatrice générale dans cette affaire.

Dans son rapport, le commissaire John Gomery a écrit : «La preuve démontre de façon écrasante que M. Gagliano était un gestionnaire interventionniste qui s'intéressait de très près au programme de commandites et jouait un rôle actif dans sa direction».

Le comptable de formation n'a jamais été accusé formellement. Il tente maintenant de faire radier les conclusions du juge Gomery, alléguant une apparence de partialité. La Cour fédérale doit rendre sa décision vers l'automne. Il y a un mois, elle a accédé à la même requête venant de l'ancien premier ministre Jean Chrétien et de son chef de cabinet Jean Pelletier.

Avec William Leclerc