La famille de Quilem Registre, tué en octobre 2007 lors d'une intervention policière au cours de laquelle le pistolet à impulsions électriques Taser a été utilisé, réclame justice et demande une enquête publique indépendante.

À la suite de la divulgation, vendredi matin, du rapport d'enquête de la coroner Catherine Rudel-Tessier sur la mort de M. Registre, la famille a tenu un point de presse où elle a demandé que les faits soient étudiés par des personnes extérieures aux corps policiers, afin de répondre «à toutes les questions soulevées par le rapport de la coroner».

La famille Registre déplore notamment le fait que les policiers impliqués dans les évènements n'ont toujours pas été interrogés.

Le président de la Ligue des noirs du Québec, Dan Philip, joint sa voix aux demandes d'enquête publique. «Quand des policiers font des enquêtes sur des policiers, ce n'est jamais clair. Comment se fait-il que ces gens-là n'ont pas répondu aux questions? C'est inacceptable. Ils sont là pour protéger les citoyens», a-t-il lancé.

Chantal Registre, la soeur de Quilem Registre, estime toutefois que la coroner a fait du bon travail.

«Ça nous a donné une idée de ce qui s'est passé. C'est un choc pour la famille. Ce que je peux dire de tout ça, et je vais le répéter maintes et maintes fois: nous voulons que justice soit rendue», a-t-elle dit.

Selon les informations contenues dans le rapport, M. Registre avait été arrêté le 14 octobre 2007 après avoir omis de faire un arrêt obligatoire. Il avait alors cherché à fuir et lorsqu'il a été interpellé, il était hystérique, selon les policiers. Il a alors reçu six décharges électriques de cinq secondes chacune afin de le maîtriser.

Il est décédé à l'Hôpital du Sacré-Coeur quelques jours après son arrestation.

Dans son rapport, la coroner Rudel-Tessier estime que le pistolet à impulsions électriques a sa place, mais que l'utilisation du Taser ne doit pas être banalisée et que les policiers doivent être conscients de ses impacts et mieux formés pour l'utiliser.

Elle conclut que même si l'utilisation du pistolet Taser ne peut être considérée comme la cause du décès de M. Registre, le fait qu'il ait, dans un contexte d'agitation, reçu plusieurs décharges y a possiblement contribué.

Mme Rudel-Tessier s'interroge aussi sur les raisons qui ont poussé les policiers à utiliser le Taser aussi rapidement, au lieu de faire appel à des renforts ambulanciers. Elle considère que si les deux policiers avaient été mieux formés, ils auraient, peut-être plus facilement, pu contrôler M. Registre.

Un porte-parole de la Coalition pour un moratoire immédiat sur l'utilisation du Taser, Dominique Peschard, était présent à la conférence de presse de la famille Registre. «Nous voulons un débat public sur l'utilisation de cette arme-là. Les policiers en banalisent l'utilisation et l'utilisent même au-delà des procédures de leur propre service de police, entre autres en l'utilisant contre des personnes agitées et en utilisant des décharges multiples», a-t-il dit.

La famille n'exclut pas d'intenter des poursuites civiles.