L'un des deux jeunes hommes blessés lors de la fusillade qui a coûté la vie à Fredy Villanueva est sorti de l'hôpital, hier. Denis Meas, 18 ans, est atterré, selon sa famille. Et il en veut au policier qui a atteint mortellement son meilleur ami.

«Physiquement, mon frère va bien. Mais psychologiquement, il ne va pas bien du tout», a dit Rou Meas, rencontré hier soir sur le perron du logement familial de Montréal-Nord.

Denis Meas était le meilleur ami de Fredy Villanueva, mort sous les balles d'un policier du SPVM samedi soir. Atteint d'un projectile à l'épaule droite, il a passé trois jours à l'hôpital Santa Cabrini avant de recevoir son congé hier après-midi.

«Il va passer une radiographie dans deux semaines, a dit son père, Chamroeun Meas, qui est d'origine cambodgienne. On espère seulement qu'il n'aura pas de séquelles.»

L'autre blessé, Jeffrey Sagor Metelus, se trouvait toujours à l'hôpital Sacré-Coeur, hier. Le jeune homme de 21 ans a reçu un projectile dans le thorax et doit subir une opération destinée à retirer la balle, selon la famille Meas.

«Mon frère a peu parlé aujourd'hui, mais on sait qu'il est fâché, a dit la soeur aînée de Denis Meas, Sopheap. Il trouve ça injuste d'avoir perdu Fredy.»

Denis Meas, le cadet d'une famille de cinq enfants, était trop souffrant pour rencontrer La Presse, hier. Mais selon ses proches, l'étudiant estime lui aussi que l'intervention policière de samedi était injustifiée. «Il trouve ça injuste, comme nous tous», a indiqué Jonathan, un bon ami de Denis Meas et de Fredy Villanueva.

Jonathan Senatus, un étudiant au cégep en travail social, se trouvait dans le stationnement du parc Henri-Bourassa, samedi soir, quand l'intervention fatale est survenue. Sa version des faits est très semblable à celle livrée dans La Presse d'hier par Dany Villanueva, le frère de la victime.

«Personne d'entre nous n'était armé; personne n'a menacé les policiers», a martelé le grand gaillard de 19 ans qui habite lui aussi Montréal-Nord. Il a donné sa version des faits aux policiers de la Sûreté du Québec dans la nuit de samedi à dimanche.

Selon lui, ils étaient cinq ou six amis dans le stationnement quand la voiture de police est arrivée, vers 18h30. Le policier qui a ouvert le feu aurait alors demandé à Dany Villanueva de venir le voir. Dany Villanueva était connu des services policiers.

«Dany lui a demandé pourquoi, raconte-t-il, la voix tremblante. Puis, les policiers sont sortis de leur auto, ils ont plaqué sauvagement Dany sur le capot du véhicule. Dany se débattait, alors il l'ont mis par terre.

«Nous, on regardait la scène et on disait «aille!»«, a-t-il poursuivi. Selon lui, le groupe n'a pas entouré la policière qui accompagnait l'agent.

«Puis, Fredy a avancé vers le policier et il a dit «lâchez mon frère». Le policier a sorti son fusil et a aléatoirement tiré sur nous, sans nous donner aucun avertissement, a-t-il raconté, les larmes aux yeux. C'était irréel, comme dans un jeu vidéo.»

Il a ensuite appelé les services d'urgence, tandis que le policier menottait Dany Villanueva. «Je souhaite seulement que le policier va payer pour son mauvais jugement», a conclu Jonathan Senatus, selon qui l'agent et Dany Villanueva se connaissaient de vue.

Funérailles

Les funérailles de Fredy Villanueva, tué lors d'une intervention policière dans un parc de Montréal-Nord, auront lieu demain matin. Sa dépouille sera exposée aujourd'hui, à partir de 14h et demain matin au salon funéraire Magnus-Poirier du boulevard Pie-IX. Les obsèques du jeune homme de 18 ans seront célébrées à la chapelle du salon funéraire. La famille souhaite vivre son deuil en toute intimité, à l'abri des caméras, a spécifié la soeur aînée, Patricia, hier soir.