C'est un Michel Bissonnet très en verve qui a officialisé, ce matin en conférence de presse, sa démission en tant que président de l'Assemblée nationale du Québec afin de pouvoir partir en campagne électorale le 2 août pour tenter de devenir maire de Saint-Léonard le 21 septembre.

Il était «aussi nerveux que pour (sa) première communion». Il a dit que de démissionner n'a pas été une décision facile à prendre d'autant que Jean Charest lui a demandé, le 15 juin, «de rester» à Québec. «Les deux chefs des partis d'opposition sont peinés de me voir partir», a dit M. Bissonnet.

«M. Bissonnet a été un président à l'écoute des députés et ce, peu importe la formation politique à laquelle ceux-ci appartenaient, a dit Pauline Marois, chef du Parti québécois. Son respect de l'institution, de son histoire et de son patrimoine en a fait un représentant de l'Assemblée nationale digne de cette fonction, tant devant les parlements étrangers que lors de ses tournées au Québec. Il a toujours travaillé afin que l'Assemblée nationale soit davantage connue et accessible des Québécoises et des Québécois. A ce titre, M. Bissonnet aura été un président fort apprécié de ses collègues et de la population en général.»

Le chef de l'ADQ, Mario Dumont, regrette aussi le départ de M. Bissonnet. «Ça frappe tout le monde. On avait un président très apprécié de l'ensemble des députés», a-t-il affirmé.

M. Bissonnet ne démissionne pas pour autant de son siège de député. Il préfère conserver son poste dans Jeanne-Mance-Viger au cas où il perdrait l'élection du 21 septembre.

Frank Zampino, qui a quitté la mairie de Saint-Léonard et toutes ses fonctions politiques le 2 juillet, a présenté M. Bissonnet, lors de la conférence de presse, à laquelle assistaient plusieurs élus de l'île et l'ex-hockeyeur Serge Savard. C'est M. Bissonnet qui avait incité M. Zampino à se lancer en politique en 1986. M. Bissonnet a été maire de Saint-Léonard de 1978 à 1981.

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et Michel Bissonnet étaient compagnons de bureau quand M. Tremblay était député à Québec. Aussi, le maire a remercié Frank Zampino d'avoir «trouvé la perle rare» pour représenter Union Montréal dans Saint-Léonard.

«Je te connais pour ta passion et ton engagement, a dit M. Tremblay. Je te souhaite de faire aussi bien que Frank Zampino, 18 ans à la mairie.» M. Bissonnet, qui a 66 ans, a répondu simplement que son idole était Charles Aznavour, qui a... 84 ans, et qu'il a voulu réaliser «un autre défi».

Michel Bissonnet a dit souhaiter que sa conjointe Yvette, actuelle mairesse suppléante, travaille à ses côtés s'il est élu. «Je vais terminer mon mandat, a alors dit Yvette Bissonnet, à moins qu'on ait des problèmes d'incompatibilité avec le maire!» «Elle va avoir toute la liberté de parole», a assuré M. Bissonnet.

Vision Montréal n'a pas commenté la candidature de M. Bissonnet. Par contre, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a dit que «l'hôtel-de-ville de Montréal doit cesser d'être une maison de préretraite pour élus libéraux en fin de carrière». Le nom de Michel Bissonnet s'ajoute en effet à ceux de Marcel Parent, actuel maire de Montréal-Nord, Claude Trudel, maire de Verdun, Claude Dauphin, maire de Lachine, Warren Allmand, ex-député fédéral, et Gérald Tremblay, ancien ministre de l'Industrie du gouvernement Bourassa.

Selon M. Bergeron, «les défis qui se posent à Montréal aujourd'hui sont complexes et exigent que les candidates et les candidats qui se présentent à des fonctions d'élus municipaux aient démontré une véritable réflexion sur la ville et les enjeux métropolitains du 21e siècle.»

Après Roch Cholette et Philippe Couillard, Michel Bissonnet est le troisième élu libéral à quitter ses fonctions en quelques mois. Pour Mario Dumont, c'est le résultat de la «mollesse» et de la «stratégie d'inaction» du gouvernement. «On a le sentiment que lorsque les gens ont quelque chose d'intéressant qui se présente ailleurs, ils y vont» car «le gouvernement n'a pas un grand agenda».

Le nouveau président de l'Assemblée nationale sera nommé lors de la reprise des travaux le 21 octobre. Mme Marois souhaite que le prochain président de l'Assemblée nationale provienne des rangs de l'opposition. «N'oubliez pas qu'actuellement l'opposition forme la majorité. Alors l'opposition pourrait désigner un président», a-t-elle expliqué.

Le président est généralement choisi sur proposition du premier ministre, après consultation de l'opposition. Il a toutefois déjà été élu par l'ensemble des députés à l'occasion d'un scrutin secret.

- Avec la collaboration de Tommy Chouinard