Dans la brume

Il y a longtemps, très longtemps que je ne m'étais pas arrêté dans le Bas du fleuve.

Il y a longtemps, très longtemps que je ne m'étais pas arrêté dans le Bas du fleuve.

C'est à Rivière-du-Loup que nous devions nous rendre. J'avais rendez-vous à la marina pour prendre un petit bateau en direction de l'Île-aux-Lièvres.

C'est à bord du Pèlerin que nous avons fait la traversée. Un petit bateau d'aluminium piloté par Francis, un Gaspésien qui navigue depuis 18 ans.

Notre traversée a été pour le moins intrigante. On n'y voyait rien, tellement le brouillard était épais. Mais Francis savait où il allait. Guidé par son radar, rien ne pouvait altérer sa bonne humeur.

Geneviève, notre guide, nous annonçait avant le départ que le fleuve était tranquille. Du quai, moi, j'avais l'impression qu'il était déchaîné.

"Y a un peu de vagues, juste un p'tit swell, me dit-elle avec un sourire un tantinet moqueur.

Si ça c'était un "p'tit sweel", qu'est-ce que ça doit être quand il fait tempête ! Le fleuve a de ces caprices, mes amis... Même les plus grands navigateurs ont subi ses sautes d'humeur. D'ailleurs, pas plus tard que lundi dernier, un trimaran de la transat Québec-Saint-Malo s'est échoué tout près de l'Île-aux-Lièvres. "Le gars ne connaissait pas le fleuve, me confie Francis. Moi, ça fait 20 ans que je navigue sur le Saint-Laurent et je ne le connais pas encore".

Et c'était dans une brume épaisse à cinq kilomètres du quai, qu'il m'a dit ça !

Sacré Francis ! Il a toujours le mot pour me rassurer, celui-là.

Mais j'avoue que ces 20 minutes dans le brouillard, à me faire brasser par les vagues m'ont permis de décrocher. Je ne sais pas où je vais et je ne vois pas où je vais. Alors, que faire d'autre que d'avoir une confiance aveugle en ce loup de mer.

Après trois jours sur l'île, j'en saurai sûrement plus sur ce grand fleuve. À moins que le brouillard ne se lève jamais !

Une île à découvrir

Le soleil brillait sur Rivière-du-Loup. Mais au large, sur le fleuve Saint-Laurent, un épais brouillard s'était installé.

Après une traversée de 20 minutes, toujours dans ce brouillard caractéristique, nous voilà sur le quai de l'Île-aux-Lièvres. À peine débarqués, André nous accueille avec un enthousiasme rassurant. Le responsable de l'île nous convie à une courte rencontre d'information où on nous indique les consignes de sécurité à suivre et quelques suggestions afin d'agrémenter notre séjour.

Sur l'île, les visiteurs ont trois choix d'hébergement : le camping, l'auberge ou les maisonnettes. Nous, c'est dans une maisonnette que nous passerons ces trois jours. Les maisonnettes sont entièrement équipées. Cuisine complète, deux chambres à coucher, un salon, une terrasse et même le barbecue au propane. Tout le confort de la maison mais sans les distractions qui s'y rattachent. Pas de téléphone ni de télé. Les enfants sont un peu dépaysés surtout qu'à notre arrivée, vers 17 h, la pluie était bien présente.

Sur l'île, ce sont les sentiers de randonnée qui sont à l'honneur. Des sentiers forestiers et des sentiers de bord de mer, mais pour ces derniers, je vous conseille de bien connaître les heures des marées car à marée haute, les balades sont plutôt périlleuses.

La Grande Course

Plusieurs sentiers s'offrent à vous, selon le type de marcheur - débutant, intermédiaire ou expert. Je vous suggère le sentier de La Grande Course. D'une longueur de 14,4 km, ce sentier forestier fait le tour de l'île. Le sentier de la Mer, de 9,9 km, offre des points de vue imprenables au nord et au sud de l'île. Si vous êtes chanceux, vous pourrez observer quelques phoques et même des bélugas. En tout, 15 sentiers sont aménagés sur l'île. Trois d'entre eux sont réservés aux experts.

Un séjour à l'Île-aux-Lièvres est également un merveilleux prétexte pour une prise de conscience puisque l'écologie fragile de ce petit paradis demande aux visiteurs de faire des efforts de conservation. Avec les enfants, le moment est bien choisi pour une petite leçon environnementale. Évidemment, l'eau et l'électricité sur l'île sont un luxe qu'il faut consommer avec modération. L'électricité est fabriquée grâce à des génératrices, une éolienne et des capteurs solaires. Des gestes aussi simples que d'éteindre la lumière en quittant une pièce deviennent très importants. Avec ma petite famille, on a tenté de suivre des consignes strictes, tout comme le fait d'économiser l'eau potable.

La faune et la flore de l'île sont également jalousement protégées par la Société Duvetnor, l'organisme qui gère l'île. On demande aux visiteurs de ne jamais quitter les sentiers lors des randonnées afin de préserver l'écosystème.

L'île-aux-Lièvres est d'une superficie de 950 hectares. Elle a une longueur de 13 km et une largeur maximum de 1,6 km. Son sommet le plus élevé est de 86 mètres. La forêt couvre environ 75 % de sa superficie et les sentiers courent sur 40 km. Et en passant, les moustiques sont presque inexistants. Un avantage marqué pour les randonneurs.

Les oiseaux sont prédominants sur l'île, et en particulier les eiders. Ils sont facilement observables mais il est préférable de les approcher très lentement afin de ne pas les effrayer et risquer ainsi de voir les canetons être séparés de leur mère. Les goélands, très présents, auraient tôt fait de dévorer les petits égarés.

Des vacances sur l'Île-aux-Lièvres sont un moment privilégié pour les citadins que nous sommes. Ces quelques jours à vivre au rythme de la nature constituent une chance unique. Autant pour les adultes que pour les enfants, le plaisir de vivre au gré des marées et du soleil est une prise de conscience inespérée. Et le mot de la fin revient à ma fille, Cloé, qui a eu cette réflexion en quittant l'île : "on est tellement petit face à la nature. Pourquoi est-ce nous qui lui faisons le plus de tort ?"

NOTES DE VOYAGE

Un bon p'tit bistro

Si vous êtes de passage à Rivière-du-Loup, je vous conseille de vous arrêter dans le secteur de la rue Lafontaine si vous voulez bien manger.

Le Bistro L'Intercolonial est une excellente adresse. Le burger à l'agneau y est excellent, de même que les steaks-frites et les crevettes à l'érable. Il y a aussi L'Estaminet, qui offre plus de 300 sortes de bières.

Les chutes

Rivière-du-Loup a ses petits trésors, dont un magnifique parc au bord des chutes. La centrale hydroélectrique à proximité a été entièrement réaménagée et des visites guidées sont possibles. Un immense parc et des sentiers de randonnée pédestre et de patins à roues alignées sont également disponibles.

La mer

Bien sûr, le fleuve est très présent à Rivière-du-Loup. Sur la pointe, près de la marina, on peut profiter des magnifiques couchers de soleil. Des bistros et leurs terrasses vous invitent d'ailleurs à vous y arrêter.

Pour information

Pour tout savoir sur l'Île-aux-Lièvres, vous pouvez communiquer avec la Société Duvetnor en composant le 418-867-1660 ou visiter le site Internet www.duvetnor.com

Prochaine destination :

Stoneham

mboulianne@ledroit.com