Le ministère des Transports du Québec va dépenser 100 millions d'ici à la fin de l'année pour démolir, réparer, renforcer, reconstruire ou remplacer les 117 «pires» ponts du domaine municipal, dont il a repris possession en décembre dernier.

Selon la programmation des travaux rendue publique il y a 10 jours, 60 de ces ponts et ponceaux, soit un peu plus de la moitié, seront tout bonnement démolis et remplacés. La quasi-totalité de ces ouvrages sont déjà fermés.

Les 57 autres ponts feront l'objet de travaux majeurs : reconstruction du tablier, renforcement des appareils d'appui, réparation des fondations et des culées, remplacement de poutres. Ces ouvrages ont été ciblés par le Ministère, parmi des milliers d'autres en mauvais état, en raison de leurs faiblesses structurales ou d'une dégradation avancée des matériaux.

Ils sont toujours ouverts aux véhicules de promenade, mais la circulation des camions, des autobus, des véhicules de voirie ou des équipements agricoles y est sévèrement limitée ou carrément interdite.

Pour des milliers de citoyens, surtout de localités rurales, ces travaux vont marquer la fin d'une longue attente et, dans certains cas, la fin de leur isolement du reste de leur communauté.

À Entrelacs, petite municipalité de villégiature de 1000 âmes de la région de Lanaudière, le remplacement d'un ponceau de quelques mètres de longueur sur le chemin des Îles épargnera aux usagers des détours de près de 15 km juste pour aller faire l'épicerie au village.

À Saint-Pie, près de Saint-Hyacinthe, en Montérégie, le pont Damasse-Fontaine, qui surplombe la rivière Noire, sera reconstruit à partir du mois prochain, après deux ans de fermeture.

Des milliers de ponts en attente

En vertu d'un décret adopté en décembre dernier par le gouvernement, le MTQ a repris la responsabilité de quelque 4281 ponts, ponceaux ou autres ouvrages laissés depuis 15 ans aux mains de centaines de municipalités qui n'avaient ni l'expertise ni les moyens de les entretenir.

Résultat : environ 2400 de ces ponts et ponceaux (ou 55 % d'entre eux) sont aujourd'hui considérés comme «en mauvais état». Ils devront tous un jour faire l'objet d'une réfection majeure.

«Au moment où nous les avons repris en main, affirme un porte-parole du MTQ, Terry McKinnon, 29 ponts étaient déjà fermés. Il y en avait 971 qui étaient frappés de limitations de charge en raison de la réduction de leur capacité portante, et 651 étaient interdits aux camions qui transportent des charges hors norme.»

«Nous avons donc choisi les plus mal en point, ajoute-t-il, soit ceux qui étaient fermés, ceux qui obtenaient les pires notes aux chapitres des éléments de structure et de la résistance des matériaux.»

Le nombre des chantiers, sans précédent, et les investissements records prévus en 2008-2009 pour des ponts du domaine municipal représentent un premier pas dans la réhabilitation des ouvrages d'art des rues, des rangs et des routes secondaires des villes et villages du Québec. Mais un premier pas seulement.

Les 117 ponts ciblés pour 2008-2009 ne représentent en effet que 5% de tous les ouvrages jugés en mauvais état.

Milieu rural

C'est dans des régions fortement rurales (Beauce, Lotbinière, Portneuf, Centre-du-Québec) que le MTQ ouvrira le plus grand nombre de chantiers au cours des prochains mois. Pas moins de 29 ponts et ponceaux seront remis en état en Mauricie–Centre-du-Québec, dont sept seront complètement reconstruits.

Dans la région de Chaudière-Appalaches, 22 ponts seront remis en état. De ce nombre, 16 seront carrément remplacés. Plus du quart de tous les ponts municipaux seront reconstruits cette année dans cette région. Dans la majorité des cas, il s'agit de modestes ouvrages surplombant un fossé ou un ruisseau sur des routes relativement isolées dans des campagnes peu peuplées.

La programmation des travaux prévus comprend quelques exceptions à cette règle, comme le pont Jacques-Cartier à Sherbrooke. Ce gros pont d'acier, au-dessus de la rivière Magog, a été brièvement fermé à la circulation il y a quelques mois, après la découverte de poutres affaiblies par la corrosion. On l'a rouvert peu après, et la première phase des travaux de consolidation sera payée à même cette enveloppe de 100 millions.

En Estrie, un vieux pont couvert tout en bois est en voie de restauration à Cookshire-Eaton. Le pont McDermott, construit en 1886, était abandonné et inutilisé depuis des années. Le paysage routier du Québec a déjà compté 1000 ponts de ce genre. Il n'en reste plus, aujourd'hui, qu'environ 90.

À Pont-Rouge, dans la région de Portneuf, trois ponts qui franchissent la rivière aux Pommes sont fermés – un comble dans une ville de presque 8000 habitants qui doit son nom et une bonne partie de son histoire à un pont du XIXe siècle. Le pont du rang du Petit-Fossambault doit être reconstruit à l'automne. Les deux autres, l'an prochain.

Plusieurs dizaines de chantiers sont déjà en activité au Québec. Certains sont déjà terminés en Estrie, en Mauricie et sur la Côte-Nord. Les travaux seront mis en branle avant l'automne dans la majorité des autres cas.

Comme ces ponts sont situés sur des rues ou des routes municipales et que plusieurs sont déjà fermés, ces dizaines de nouveaux chantiers n'auront guère que des impacts locaux sur la circulation. Et comme une grande partie de ces ponts sont de petite dimension, les travaux dureront à peine quelques semaines, quelques mois dans les pires des cas.

À trois exceptions près, si la programmation du MTQ est respectée, les ponts seront tous rouverts à la circulation avant Noël.