Le premier ministre Stephen Harper maintient que son absence aux cérémonies d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin le mois prochain n'a rien à voir avec un boycottage de l'événement.

M. Harper, qui invoque un conflit d'horaires pour expliquer son impossibilité de se rendre à Pékin à ce moment, a toutefois annoncé que le gouvernement canadien sera représenté aux JO par une haute délégation menée par le chef de la diplomatie canadienne, David Emerson.

Il n'y a là aucun message politique dirigé contre les autorités chinoises, a assuré à La Presse Carolyn Olsen, proche collaboratrice de M. Harper. «Nous avons dit dès le départ que le premier ministre n'irait pas à l'ouverture des Jeux», a-t-elle rappelé.

L'opposition officielle libérale accuse le chef du gouvernement de se retrancher dans une mentalité de guerre froide et de contribuer à défaire des années d'efforts diplomatiques pour rapprocher le Canada de la Chine. En ne se rendant pas en Chine le mois prochain, M. Harper envoie un signal clair de désapprobation et de désintérêt, soutient le critique libéral en matière d'affaires étrangères, Bob Rae.

De plus, dit-il, le geste du premier ministre conservateur n'aide en rien à faire avancer la cause des droits de la personne en Chine.

Pourtant, la semaine dernière, M. Harper a eu un tête-à-tête de 45 minutes avec le président chinois Hu Jintao, en marge du sommet du G8 au Japon, au cours duquel la tenue des Jeux olympiques à Pékin a été évoquée. Le premier ministre a souhaité au président Hu un franc succès aux Jeux tout en rappelant que Vancouver et Whistler seront les hôtes des prochains Jeux olympiques d'hiver en 2010. Le président Hu a même remercié le Canada pour son soutien.

Le chef du gouvernement canadien n'a pas manqué non plus d'évoquer certaines questions relatives aux droits de la personne. Il a soulevé la question de l'accès consulaire au citoyen canadien Hussein Celil - emprisonné à vie par les autorités chinoises -, notamment le droit de visite de sa famille. Il a félicité le président Hu Jintao pour la récente reprise des discussions entre la Chine et Taiwan et celles, non moins significatives selon M. Harper, entre la Chine et les représentants du dalaï-lama.

M. Harper a dit espérer, selon son entourage, que cela entraînera une plus grande stabilité des relations et l'amélioration de la situation au Tibet.

Bob Rae croit pour sa part que le Canada «paiera un prix» en boudant ainsi les cérémonies d'ouverture des JO.

De son côté, le président américain, George W. Bush, a fait savoir la semaine dernière seulement qu'il assisterait à l'ouverture des Jeux, ajoutant même que ce serait «un affront au peuple chinois» que de ne pas le faire. Le président français, Nicolas Sarkozy, qui avait parlé ouvertement d'un boycottage des Jeux, a également changé son fusil d'épaule la semaine dernière après une rencontre au Japon avec le président Hu Jintao. Le président français avait conditionné sa venue au progrès dans les pourparlers entre les autorités chinoises et le dalaï-lama.

Par ailleurs, le Parlement européen a adopté jeudi dernier une résolution qui dénonce «la violation répandue des droits de l'homme et de la démocratie» et qui rappelle à la Chine ses engagements pris à cet égard au moment de la l'attribution des Jeux olympiques à Pékin en 2001. Le président du Parlement européen, Hans-Gert Pottering, a d'ailleurs fait savoir qu'il n'assistera pas aux cérémonies d'ouverture, indigné, a-t-il dit, par l'absence de résultats dans les pourparlers engagés entre les autorités chinoises et le dalaï-lama.

Cérémonies d'ouverture des JO

Présents : George W. Bush (É.-U.), Nicolas Sarkozy (France et UE), Yasuo Fukuda (Japon).

Absents : Stephen Harper (Canada), Angela Merkel (Allemagne), Gordon Brown (Grande-Bretagne), Hans-Gert Pottering (président du Parlement européen).