Amnistie internationale s'est jointe à ceux qui craignent que le nouveau protocole sur les détenus canadiens mis sur pied par le gouvernement fédéral n'ouvre la voie à des abus comme ceux dont ont été victimes Maher Arar et Omar Khadr.

L'entente nouvellement rendue publique stipule que le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) peut rencontrer tout Canadien détenu à l'étranger avant que ne le fassent des responsables consulaires quand entrent en ligne de compte d'«urgentes considérations relatives à la sécurité nationale ou au terrorisme».

Le texte de l'entente, obtenu par La Presse Canadienne en vertu des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information, suggère également que le SCRS intervienne et approche les autorités étrangères lorsqu'un gouvernement refuse à Ottawa un accès diplomatique à un détenu.

Selon Hilary Homes, de la division canadienne d'Amnistie internationale, ce protocole risque de placer le bien-être des Canadiens en arrière-plan, priorisant plutôt la collecte de renseignements.

«On se pose la question: qu'arrivera-t-il vraiment à une personne si une seule agence la visite et qu'il s'agit du SCRS?», s'est demandé Mme Homes.

Le protocole d'entente de trois pages entre le SCRS et le ministère fédéral des Affaires étrangères, signé au début du mois de novembre dernier, a été rendu public en plein coeur de la controverse entourant l'interrogatoire par le SCRS du Canadien Omar Khadr, alors qu'il était adolescent, détenu par les autorités américaines à la prison de Guantanamo, à Cuba.

L'entente vise à tenir compte des recommandations formulées au terme de l'enquête sur l'affaire Maher Arar, un ingénieur d'Ottawa ayant été torturé dans une prison syrienne après avoir été soupçonné à tort de liens avec les milieux terroristes.

L'enquête avait recommandé une meilleure coordination entre les gouvernements dans les cas de détenus accusés de terrorisme et avait prôné la responsabilisation politique.

Mme Homes a applaudi les efforts visant à assurer une approche plus cohérente grâce au nouveau protocole, mais affirme que «ce n'est pas assez pour apaiser les inquiétudes d'Amnistie internationale quant au reste du document».