L'ex-conseiller en matière culturelle pour les Forces armées canadiennes en Afghanistan critique sévèrement la diplomatie canadienne dans ce pays. Selon lui, les progrès des militaires en Afghanistan, pour ce qui est de sensibiliser les soldats aux réalités socio-culturelles à Kandahar, sont compromis par la faiblesse de l'appareil diplomatique et des organisations humanitaires du Canada.

Même si le Canada est en Afghanistan depuis six ans, il ne maîtrise toujours pas les subtilités de la culture tribale afghane avec laquelle les soldats doivent composer, ce qui a un impact négatif sur l'ensemble de la mission, soutient Malgarai, un Canadien d'origine afghane qui a passé 13 mois auprès des militaires à Kandahar.

Il conseillait le brigadier-général Guy Laroche, ex-commandant de l'effort militaire canadien à Kandahar, dont le mandat a pris fin en mai, sur les questions de langue et de culture.

Malgarai, qui a demandé à ce que seul son prénom soit utilisé afin de protéger sa famille, a fui l'Afghanistan en 1994. Même si les soldats ont recours à des Afghans locaux pour leur servir d'interprètes, un nombre non précisé de Canadiens d'origine afghane travaillent avec les militaires canadiens pour les aider à traduire et les conseiller sur les questions culturelles.

Au début de l'année, plusieurs anciens Afghans ont soumis une pétition aux gouvernements canadien et afghan pour que Malgarai soit nommé gouverneur de la province. Ni le gouvernement canadien, ni les militaires canadiens n'étaient pour quelque chose dans cette pétition. «C'était une initiative entièrement afghane», a dit Malgarai. Mais son contrat avec les militaires n'a pas été renouvelé, et il a quitté l'Afghanistan à la fin de juin.

Le choix d'Elissa Golberg comme représentante du Canada à Kandahar, en février 2008, lui paraît un exemple des lacunes de la mission canadienne. Tout en disant respecter son intelligence et ses aptitudes, Malgarai a estimé que sa nomination ne constitue pas un atout au moment de traiter avec des Afghans. À cause de la nature du travail, des forces culturelles traditionnelles, elle n'est peut-être pas aussi efficace qu'un homme, encore une fois à cause de facteurs sociaux, a-t-il dit. Connaissant la culture afghane, le peuple afghan, les gens ne la prennent pas au sérieux, a-t-il ajouté.

À son avis, la faiblesse des efforts actuels du Canada à Kandahar vient aussi du fait que les organismes d'aide et les responsables politiques n'appuient pas adéquatement les efforts des militaires. «Ceux-ci sont à l'avant-garde, ils vont dans les villages, ils constatent le besoin de puits, d'électricité (...) puis les militaires font des propositions et ce qu'ils ont comme réponse, c'est de la bureaucratie, pas de l'aide», a soutenu Malgarai. «Par conséquent, les villageois considèrent qu'ils ne peuvent pas se fier aux Canadiens.»