Aéroports de Montréal (ADM) fait demi-tour avec sa stratégie de vols de nuit à l'aéroport international Montréal-Trudeau. Dès septembre, les avions emprunteront à nouveau le couloir aérien favorisé avant 2006, en attendant qu'ADM trouve une meilleure solution au problème de pollution sonore.

L'idée de tester une nouvelle procédure de départ survolant la gare de triage de Lachine et le pont Mercier a été écartée par l'agence. «Nous devons nous améliorer, mais certainement pas aux dépens de la population», a déclaré hier le vice-président à l'exploitation aéroportuaire d'ADM, Normand Boivin. Il s'est défendu de vouloir faire machine arrière. «Nous n'abandonnons pas la procédure de départ implantée en septembre 2006. Nous la suspendons, afin de nous donner le temps de la peaufiner.»

Moins de la moitié des avions réussissent à atteindre assez rapidement l'altitude requise par cette manoeuvre, qui vise à réduire le niveau de bruit dans les quartiers résidentiels de Saint-Laurent, d'Ahuntsic et de Cartierville. Pour respecter cette trajectoire, les pilotes doivent effectuer un rapide virage à gauche, immédiatement après le décollage, dans le but de survoler l'autoroute 13.

«En simulateur, ça va bien. Dans la vraie vie, à cause des vents, du climat, du poids de l'appareil, une importante proportion des avions ne parviennent pas à atteindre ces critères», a reconnu M. Boivin.

ADM a également avoué que bien peu de pilotes, à l'exception de ceux d'Air Canada vivant à Montréal, réussissent cette manoeuvre unique au monde. «Plusieurs pilotes ne viennent pas fréquemment à Montréal et ne sont pas familiers avec notre procédure innovatrice», a déclaré M. Boivin. «C'est un gros défi.»

L'agence entend donc travailler avec les transporteurs aériens afin que cette technique de décollage fasse partie de la formation des nouveaux pilotes, et ce dans les plus brefs délais.

Des citoyens mécontents

«Encore plus de gens vont souffrir de l'annulation de cette mesure», croit le président de la coalition Citoyens pour une qualité de vie (CQV), Luc Dorion.

«Nous sommes des dizaines de milliers de personnes qui souffrent, chaque nuit, en raison des vols de nuit. Faites-les rentrer plus tôt, plus tard, ou ailleurs, mais ne les faites pas atterrir ici la nuit!» a supplié hier M. Dorion.

Le regroupement exige que les vols de nuit soient transférés à l'aéroport international Montréal-Mirabel, une approche rejetée d'un revers de main par Normand Boivin. «Il n'est pas question, en aucune circonstance, que les vols de passagers soient déplacés à Mirabel. Ce n'est pas faisable et ce n'est pas souhaitable.»

Le maire de l'arrondissement de Saint-Laurent, Alan DeSousa, a favorablement accueilli l'annonce d'Aéroports de Montréal. «C'est sûr que certaines personnes vont subir des dérangements. Mais je crois qu'à moyen terme, la stratégie d'ADM va porter fruits. Il faut donner la chance au coureur», a dit M. DeSousa qui siège au comité consultatif sur le climat sonore d'ADM. «C'est évident que tout le monde veut qu'on réduise le bruit des avions.»

Entre 1995 et 2006, ADM est d'ailleurs parvenue à réduire de près de 85% la population affectée par la nuisance sonore, même si le nombre de vols de nuit a continué de croître.

Vols de nuitL'aéroport international Montréal-Trudeau (YUL) est ouvert 24 heures sur 24 pour les avions de petite taille. Pour ce qui est des appareils de plus de 45 000 kg, les heures normales d'exploitation sont de 7h à minuit pour les décollages, et de 7h à 1h pour les atterrissages.

En tout, 4,7% des vols se posent à YUL ou en décollent la nuit.

Aéroports de Montréal a toutefois le pouvoir d'accorder des exemptions en raison de retards indépendants de la volonté du transporteur, de conditions météorologiques adverses, pour des urgences médicales, dans le cas de certains vols réguliers, etc.