Visiter un jardin de sculptures, c’est une belle façon d’admirer des œuvres fascinantes tout en prenant un grand bol d’air frais. Certains de ces jardins peuvent d’ailleurs constituer un but agréable pour une petite virée en vélo ou à pied. Voici quatre jardins bien différents à explorer.

Parc René-Lévesque

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L’artiste québécois Jean-Pierre Morin a réalisé La pierre et le feu dans le cadre du premier symposium de sculpture « Lachine, carrefour de l’art et de l’industrie », au parc René-Lévesque, à l’été 1985.

C’est une belle balade en vélo que de s’engager sur la piste cyclable du canal de Lachine, ou encore sur celle qui borde le fleuve Saint-Laurent à LaSalle, et de rouler vers l’est jusqu’au bout du parc René-Lévesque, à Lachine. Et de se retrouver au cœur d’un jardin de sculptures monumentales. On y voit d’immenses bottes formées de tiges d’acier et remplies de gros cailloux réalisées par le Canadien d’origine irlandaise David Moore. Ou un ensemble de colonnes en béton qui rendent hommage à René Lévesque par Robert Roussil. Ou encore Le déjeuner sur l’herbe, de Dominique Rolland, œuvre ludique qui comprend une assiette avec du pain et du fromage, une bouteille, un bouchon, un soulier de femme, mais aucun convive. À part un chien, assis, qui semble attendre quelque chose.

La collection du parc René-Lévesque s’est enrichie peu à peu, notamment à l’occasion d’une série de symposiums organisés à la fin des années 1980 et de salons internationaux de sculptures extérieures au début des années 1990. Les sculptures datent donc de cette époque, mais elles sont quand même très diversifiées, avec l’utilisation de divers matériaux comme l’acier, le granit et le calcaire.

La Ville de Montréal a élaboré un questionnaire pour animer les promenades familiales dans le parc. Quel animal est-il représenté dans les plaques d’acier qui forment le dôme de The Passing Song, de Catherine Widgery ? Combien de pierres Bill Vazan a-t-il utilisées pour réaliser Vortexit II ? Il faudra s’y rendre pour le savoir.

> Téléchargez le questionnaire du rallye familial

> Consultez les informations sur le jardin de sculptures du parc René-Lévesque

Parc du Mont-Royal

  • Cette œuvre non titrée d’Irving Burman marque le début du jardin de sculptures du mont Royal, créé à l’occasion d’un symposium international de sculptures en 1964.

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    Cette œuvre non titrée d’Irving Burman marque le début du jardin de sculptures du mont Royal, créé à l’occasion d’un symposium international de sculptures en 1964.

  • L’ombre et la lumière donnent du relief à cette œuvre non titrée du sculpteur autrichien Josef Pillhofer, situé dans la clairière des sculptures du mont Royal.

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    L’ombre et la lumière donnent du relief à cette œuvre non titrée du sculpteur autrichien Josef Pillhofer, situé dans la clairière des sculptures du mont Royal.

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Elles sont là depuis tellement longtemps qu’on ne les voit presque plus. Il faut dire qu’elles ne sont pas vraiment mises en valeur : aucun panneau n’explique la présence de ces sculptures sur le mont Royal, entre la Maison Smith et le lac aux Castors. Aucune plaque individuelle n’identifie l’œuvre ou l’artiste, ou n’indique la date de création. En fait, toutes ces sculptures ont été créées en 1964, à l’occasion du premier symposium international de sculptures en Amérique du Nord. Entre le 23 juin et le 15 août, 12 sculpteurs provenant de 10 pays ont travaillé sous les yeux du public pour créer des œuvres uniques, très représentatives de leur époque. Certaines n’ont pas pris une ride : l’œuvre sans nom du sculpteur indien Krishna Reddy demeure délicieusement érotique ; Les sœurs cardinales, de l’artiste grec Yérassimos Sklavos, sont toujours aussi élégantes et émouvantes ; La force, du Québécois Armand Vaillancourt, est encore insaisissable. Cette œuvre abstraite ressort du lot parce qu’il s’agit d’une structure de fonte peinte en noire, alors que les autres sculptures font essentiellement appel à la pierre calcaire ou au marbre blanc.

Avec le temps, certaines œuvres se sont intégrées encore plus étroitement au paysage, comme Le carrousel sauvage, du Français Louis Emmanuel Chavignier. Les petits arbrisseaux chétifs de 1964 sont devenus des arbres à maturité qui bordent cette œuvre aux accents de Stonehenge.

Visiter cet instantané de l’art en 1964, c’est une autre bonne excuse pour aller se promener à pied ou à vélo sur le mont Royal.

> Découvrez plus d’informations sur les œuvres du symposium de 1964

Musée des beaux-arts de Montréal

  • Les bustes de bronze d’Elisabeth Frink In Memoriam 1 et In Memoriam 2 se trouvent dans la rue du Musée.

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    Les bustes de bronze d’Elisabeth Frink In Memoriam 1 et In Memoriam 2 se trouvent dans la rue du Musée.

  • Building VI, sculpture d’Antony Gormley réalisée avec des cubes d’acier inoxydable, monte la garde au centre-ville, à côté du MBAM.

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    Building VI, sculpture d’Antony Gormley réalisée avec des cubes d’acier inoxydable, monte la garde au centre-ville, à côté du MBAM.

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Une visite du jardin de sculptures du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) est une expérience plutôt urbaine, au pied des gratte-ciels du centre-ville. C’est peut-être pourquoi la vue d’une vache de bronze couchée sur l’herbe fait autant plaisir. Joe Fafard, artiste de Saskatchewan, a donné naissance à Claudia en 2003.

Une vingtaine d’œuvres ont pris place aux abords des bâtiments du musée. Dans la rue Sherbrooke, on retrouve notamment une maquette au 1/6 de la monumentale sculpture de Calder, dans l’île Saint-Hélène, L’homme, de même qu’un bronze impressionnant de David Altmedj représentant un homme ailé (The Eye). Le Mât totémique des pensionnats, sculpté dans un cèdre rouge par l’artiste autochtone Charles Joseph entre 2014 et 2016, ne passe pas non plus inaperçu.

La plupart des autres sculptures ornent les deux côtés de la rue du Musée, à commencer par deux bronzes de Jean-Paul Riopelle, Hibou-Pelle et Hibou A.

Par ailleurs, les enfants aimeront particulièrement Fanny Fanny, immense autruche de bronze chaussée de patins à roulettes, réalisée par le sculpteur marseillais César Baldaccini. Par contre, ils risquent de poser des questions un peu gênantes au sujet de Love Buzz, d’Aaron Curry, œuvre d’aluminium peinte en orange vif qui présente certains éléments évocateurs.

C’est plutôt l’élégance qui caractérise deux autres sculptures, la Colonne de Buspar, bronze réalisé par l’artiste néo-écossaise Colleen Wolstenholme, et la Colonne fendue, étonnante œuvre de David Nash conçue à partir d’un chêne torréfié. C’est un autre sursaut de la nature dans la jungle urbaine de Montréal.

> Consultez le site du MBAM pour des renseignements sur les œuvres

> Consultez le site Art public Montréal

Jardin du crépuscule

  • Un terrain vague, des sculptures réalisées avec des pièces de métal recyclé, c’est le Jardin du crépuscule, petit espace au coin de l’avenue Van Horne et de la rue Saint-Urbain, dans le quartier Mile End.

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    Un terrain vague, des sculptures réalisées avec des pièces de métal recyclé, c’est le Jardin du crépuscule, petit espace au coin de l’avenue Van Horne et de la rue Saint-Urbain, dans le quartier Mile End.

  • De nombreuses sculptures de Glen LeMesurier sont particulièrement ludiques. Un petit maillet permet de faire résonner ces cloches bien spéciales.

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    De nombreuses sculptures de Glen LeMesurier sont particulièrement ludiques. Un petit maillet permet de faire résonner ces cloches bien spéciales.

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Difficile de trouver un endroit qui représente plus le Mile End que le Jardin du crépuscule, minuscule champ de sculptures créé par un artiste du quartier, Glen LeMesurier. Originaire de Gaspésie, l’homme s’est installé dans le Mile End il y a une quarantaine d’années et a commencé à installer subrepticement (lire ici : illégalement) ses assemblages de pièces de métal recyclé sur un terrain vague au coin de l’avenue Van Horne et de la rue Saint-Urbain. Il s’exécutait à la nuit tombée, d’où le nom de Jardin du crépuscule. L’arrondissement a fini par régulariser la situation et a officialisé le petit parc. Le terrain compte maintenant une cinquantaine de sculptures qui ne manquent pas de créativité et d’humour. On peut reconnaître des vrilles, des engrenages, des hélices de bateau, et quoi encore. Le jardin foisonne tellement de cet art ludique qu’il a commencé à déborder. Glen LeMesurier a commencé à installer des sculptures sur un petit bout de terrain de l’autre côté de la voie ferrée du Canadien Pacifique. Elles sont maintenant une vingtaine d’œuvres à saluer le passage des cyclistes et des coureurs.

On y accède facilement à partir du Jardin du crépuscule en empruntant la piste cyclable ou le trottoir qui passent sous le viaduc à la hauteur de la rue Saint-Urbain.

« C’est mieux que le Jardin du crépuscule, qui a trop d’œuvres, estime Glen LeMesurier. Ce nouveau jardin permet aux sculptures de respirer. » À vrai dire, le site n’est pas tout à fait légal. Il faut donc en profiter pendant que les autorités vaquent à d’autres occupations.

Glen LeMesurier n’en finit plus de parsemer le quartier de ses sculptures. « Lorsque je vois une maison dont l’architecture m’intéresse, je cogne à la porte et j’offre aux gens d’installer une sculpture sur le terrain, en tant que prêt. »

Il suffit de parcourir les rues du Mile End pour les admirer.