Les montagnes, l’air frais et les forêts laurentiennes attirent les amateurs de sports d’hiver dans les Pays d’en Haut depuis plus d’un siècle, faisant du tourisme le moteur économique de la région. Malgré la pandémie, le confinement et le couvre-feu, cette année ne fait pas exception. Bien au contraire ! Discussion avec André Genest, préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut.

« Le gouvernement a demandé aux gens d’aller jouer dehors. Alors, je ne sais pas s’ils ont peur de la vice-première ministre ou s’ils sont dociles (rire), mais ils sont allés jouer dehors ! », lance en boutade M. Genest, en référence à l’achalandage sans précédent des dernières semaines dans la MRC.

Le préfet admet toutefois que le phénomène n’est pas unique aux Pays d’en Haut. Des collègues préfets lui ont rapporté des situations semblables ailleurs dans les Laurentides, et il est persuadé que c’est vrai pour l’ensemble du Québec.

Les Québécois ont soif de plein air, et les Pays d’en Haut sont prêts à leur en offrir.

« Nous sommes toujours contents de recevoir des excursionnistes, et nous sommes toujours un milieu accueillant », souligne M. Genest.

L’achalandage élevé des dernières semaines a toutefois causé quelques inquiétudes chez les élus et les résidents de la région. À l’entrée des sentiers les plus populaires, les stationnements ont débordé, des rassemblements ont été aperçus et des citoyens ont été dérangés. Certaines municipalités ont même décidé de limiter l’accès à leurs infrastructures à leurs résidents seulement.

M. Genest comprend la frustration de certains résidents, surtout que plusieurs sont venus s’installer dans les Pays d’en Haut pour les sports d’hiver, oui, mais aussi pour la quiétude. Mais pour le préfet, l’enjeu est plutôt de mieux répartir les usagers. Après tout, ce n’est pas la nature qui manque !

« J’encouragerais les gens à découvrir des endroits moins populaires. » Il donne l’exemple du parc du Corridor aérobique, un ancien chemin de fer converti en parc linéaire, qui lie Morin-Heights à Amherst sur 58 km. Il mentionne aussi une nouvelle section de ski de fond entre Lac-des-Seize-Îles et Montcalm et des sentiers pour le biathlon à Wentworth-Nord.

« Nos plateformes numériques montrent les endroits et les circuits disponibles. J’invite les gens à regarder ce qu’il y a à découvrir. Il y a des choses moins connues. Arrêtons d’aller toujours aux mêmes endroits et soyons imaginatifs ! », soutient M. Genest. Les centres d’accueil peuvent aussi rediriger les excursionnistes vers des sentiers moins achalandés.

Surtout, si vous arrivez quelque part et que le stationnement est plein, c’est signe que l’aventure vous attend ailleurs. Le préfet insiste que se stationner dans les rues avoisinantes peut gêner la circulation et les opérations de déneigement, voire compromettre la sécurité publique, si une ambulance ou des pompiers devaient passer pour porter assistance à un randonneur blessé ou en détresse.

M. Genest encourage aussi tant les résidents et les villégiateurs que les visiteurs à varier les jours et les heures auxquels ils profitent du plein air. Les jours de semaine sont toujours moins achalandés, par exemple.

« Je marche tous les matins à 6 h, et je ne rencontre personne. Même à 7 hou 8 h, il y a peu de monde. Il ne faut pas que tout le monde arrive en même temps à 10 hou à midi ! Bon… si on marche à 6 h, il fait encore noir, mais à 7 h, on peut profiter d’un magnifique lever de soleil ! »

Même si le nombre de cas actifs a diminué dans les Pays d’en Haut, le préfet indique qu’il faut demeurer prudents. Vous pouvez profiter des sentiers avec votre bulle familiale, mais pas avec un groupe d’amis, rappelle-t-il. « Et quand c’est plein, c’est plein ! On ne veut pas revoir de situation comme cet été en Gaspésie. Généralement, les gens sont très respectueux, mais c’est sûr que les résidents ne veulent pas être envahis », prévient M. Genest.