Léo barbote vigoureusement dans un aquarium au Centre de réadaptation des tortues du parc de la Rivière-des-Mille-Îles, à Laval.

La robuste tortue serpentine est sur le point de prendre le large, de retourner vivre auprès des siens dans le coin de Saint-Bernard-de-Lacolle, après une longue convalescence.

« C’est un succès ! », s’exclame Anaïs Boutin, directrice de la protection et de la conservation au parc de la Rivière-des-Mille-Îles.

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Léo la tortue poursuivra maintenant sa vie auprès des siens, après une convalescence de près d’un an.

Une tache de colle époxy sur le haut de la carapace est tout ce qui rappelle le triste état de Léo à son arrivée ici, il y a près d’un an. On l’avait trouvé sur le bord d’une route à Saint-Bernard-de-Lacolle avec la carapace brisée et une fracture du crâne. Il était totalement amorphe.

En outre, on s’est rendu compte que quelqu’un, dans le passé, avait tiré sur la pauvre tortue avec une arme à feu : des plombs étaient encore présents dans sa nuque. Peut-être à cause de cette attaque, Léo était aveugle d’un œil.

Bref, on ne donnait pas cher de la peau de la pauvre bête. Le Centre hospitalier universitaire vétérinaire de l’Université de Montréal à Saint-Hyacinthe a cependant pris le patient en charge parce qu’il s’agissait d’un cas intéressant pour les futurs vétérinaires. Une fois nettoyé, rapiécé, intubé, Léo, toujours amorphe, a été transféré au parc de la Rivière-des-Mille-Îles pour sa convalescence.

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Le nouveau Centre d’exploration du parc de la Rivière-des-Mille-Îles abrite le premier centre de réadaptation de tortues
du Québec.

Ce n’est que quelques mois plus tard, en octobre, qu’on a retiré le tube gastrique de Léo, dans l’espoir de le voir reprendre du poil de la bête. C’est effectivement ce qui s’est passé, et la tortue serpentine a enfin pu obtenir son congé.

Le départ de Léo, le 7 août dernier, a créé un vide dans le cœur des employés du parc, mais il reste encore plusieurs tortues en phase de réadaptation.

« Nous sommes le seul centre de réhabilitation de tortues du Québec, les trois quarts de nos spécimens viennent d’ailleurs que la rivière des Mille Îles », indique Mme Boutin.

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Le laboratoire du Centre d’exploration du parc de la Rivière-des-Mille-Îles est accessible lors de visites guidées.

Nouvelle expo

Le petit laboratoire fait partie du tout nouveau Centre d’exploration du parc de la Rivière-des-Mille-Îles, ouvert au public.

Dans le passé, le centre d’accueil du parc était logé dans un vieux bâtiment qui avait certainement connu des jours meilleurs. Une petite exposition gratuite permettait de voir une poignée de bêtes qui avaient aussi connu des jours meilleurs… parce qu’elles étaient désormais empaillées. Des tortues et d’autres animaux aquatiques voguaient dans quelques aquariums.

Le nouveau Centre d’exploration abrite le centre de location, des locaux pour les camps de jour, un espace café, un laboratoire d’écologie et un musée. Celui-ci présente une exposition permanente intitulée Incroyable, mais vrai !

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Le nouveau Centre d’exploration comprend un musée qui porte sur la faune et l’histoire de la rivière.

Il faut aujourd’hui payer pour visiter le musée, mais l’exposition n’a rien à voir avec les quelques spécimens empaillés de l’ancien centre d’accueil. En fait, on peut facilement passer deux heures à faire le tour de l’exposition qui porte sur la faune du parc, bien sûr, mais aussi sur l’histoire de la rivière des Mille Îles. La première section se veut chronologique, avec cartes, photos anciennes et objets de la vie quotidienne. On commence ainsi avec la présence de peuples autochtones il y a 4000 ans, puis on aborde le régime seigneurial, l’agriculture, la belle époque de la villégiature. L’ère de la banlieue a débuté dans les années 50 pour se poursuivre jusqu’à aujourd’hui.

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L’exposition du nouveau musée est beaucoup plus impressionnante que la petite collection qui était auparavant présentée aux visiteurs.

La deuxième section, plus thématique, aborde notamment la grande diversité de la rivière des Mille Îles. On trouve entre autres dans ce cours d’eau plus des deux tiers des espèces de poissons du Québec, soit 71 sur 120. Le musée présente un grand nombre d’oiseaux et d’animaux empaillés.

La dernière salle, le Cabinet de curiosités, risque enfin de retenir les visiteurs pendant un bon moment : on y retrouve toute la collection d’animaux empaillés du parc. Au centre, une table présente divers ossements, et en dessous, des tiroirs regorgent de spécimens d’insectes, de papillons, d’œufs d’oiseaux.

« Les enfants adorent », affirme Louis Provost-Brien, directeur de la programmation muséale du parc.

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On peut passer un bon moment à fureter dans le Cabinet de curiosités, la dernière salle du musée du nouveau Centre d’exploration du parc de la Rivière-des-Mille-Îles.

Moyennant quelques dollars de plus, les visiteurs peuvent faire une visite guidée du laboratoire et, incidemment, dire bonjour à des tortues en aquarium qui, pour toutes sortes de raisons, ne peuvent retourner dans la nature pour l’instant.

Évidemment, les rencontres les plus significatives avec les tortues se font en pleine nature. Après (ou avant) une visite au musée, il faut louer une embarcation pour aller rendre visite aux tortues, ouaouarons, grands hérons, canards, rats musqués et autres sympathiques habitants de la rivière.