Ah ! Un voyage dans le Sud ! L’eau turquoise, les vagues qui éclatent sur de longues plages de sable fin, la végétation luxuriante. Et même quelques cactus qui pointent ici et là. Ah ! Le sud… du Canada.

Le parc national de la Pointe-Pelée constitue l’extrémité sud du Canada continental. L’île Pelée, à 30 kilomètres de la pointe, est le territoire habité le plus au sud du pays. Il y a un petit bout du Canada encore plus au sud, l’île Middle, mais il est inhabité.

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Se rendre dans le sud du Canada n’est pas une mince affaire. On peut s’envoler vers Windsor et y louer une voiture, mais on s’expose aux vols retardés et aux correspondances ratées. En voiture, il faut compter neuf heures, sans les pauses. On s’ennuie des vols nolisés vers les Antilles.

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La forêt carolinienne caractérise le parc national de la Pointe-Pelée.

Mais voilà, le voyage en vaut la peine. En arrivant au parc, nous sommes frappées par la végétation, tellement différente de celle de chez nous. Des vignes montent le long des troncs d’arbres et ce qui ressemble à des lianes pend dans le vide.

Nous logeons au cœur du parc, au Camp Henry, dans des tentes oTENTik. C’est du camping de luxe : chauffage l’hiver, barbecue à l’extérieur, dortoir pour six personnes. Les sentiers de randonnée et de vélo passent par ici.

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On peut camper dans des tentes oTENTik au Camp Henry du parc national de la Pointe-Pelée.

En parcourant l’un de ces sentiers, au beau milieu des bois, je tombe sur un bout de route d’une longueur d’une vingtaine de mètres qui ne mène nulle part. Des panneaux expliquent qu’au début des années 1960, il y avait sur le territoire du parc quelque 300 structures, essentiellement des chalets, mais aussi des maisons, des écoles, des hôtels. Au début des années 1970, on a décidé de ramener le parc à un état plus naturel en déménageant et en démolissant toutes ces structures. On a fait disparaître une route de 10 kilomètres qui dédoublait la route principale pour ne garder que ces quelques mètres, en souvenir. Un lapin à queue blanche grignote à côté. Il semble satisfait de la tournure des évènements.

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Une navette permet de rejoindre la pointe Pelée à partir du centre des visiteurs du parc.

On a aussi instauré une navette pour se rendre à l’extrémité de la pointe, ce qui a permis de faire disparaître un immense stationnement de 6000 places. On ne peut s’y baigner, les courants sont trop dangereux, mais il y a suffisamment de longues plages ailleurs dans le parc pour s’adonner à la natation. On dit que le lac Érié est le plus chaud des Grands Lacs. En mai, c’est peut-être un peu tôt pour vérifier la chose.

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L’élégant cygne turberculé navigue dans le grand marais.

Je préfère une petite virée en canot dans le grand marais. C’est le royaume du castor (qui roupille dans sa cabane), du rat musqué (qui se fait également discret), de la tortue (qui est bien sympa en sommeillant à l’extérieur de l’eau) et du cygne tuberculé (décidément très élégant). Une couleuvre serpente tranquillement à la surface de l’eau.

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Il faut prendre un traversier pour rejoindre l’île Pelée.

Mais l’appel du Sud continue à se faire ressentir. Nous avons l’impression de partir pour un long voyage en montant à bord du traversier qui nous mène à l’île Pelée. L’auto n’est pas strictement nécessaire : on peut facilement louer des vélos, et même des voiturettes de golf, pour parcourir les routes tranquilles de l’île. Le climat doux favorise la culture du raisin : il y a donc plusieurs vignobles pour ceux qui voudraient faire de petites pauses raisonnablement arrosées pendant leur balade.

  • La pointe de l’île Pelée accueille aussi les oiseaux migrateurs.

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    La pointe de l’île Pelée accueille aussi les oiseaux migrateurs.

  • Un coucher de soleil à l’extrémité sud du Canada, dans l’île Pelée

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    Un coucher de soleil à l’extrémité sud du Canada, dans l’île Pelée

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De notre côté, nous nous précipitons à la pointe sud, Fish Point, pour admirer le coucher de soleil. Nous sommes accueillies par des mouettes de Bonaparte, des sternes caspiennes, des pluviers argentés, des pélicans d’Amérique, et par un seul ornithologue.

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Le phare de l’île Pelée a été construit en 1833.

Nous rencontrons deux autres humains de cette espèce particulière le lendemain près du très beau phare restauré situé dans le nord de l’île, à proximité d’un grand marécage. Avec leurs précieuses indications, nous parvenons à observer un adorable bébé grand-duc, à moitié dissimulé dans la cavité d’un arbre.

Dans cette toute petite communauté de 235 habitants, on se soucie de son voisin : alors que nous sortons du sentier, un homme nous demande si nous avons vu les parents grands-ducs.

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Bébé grand-duc demeure méfiant.

« Ça fait une semaine que nous ne les avons pas aperçus », s’inquiète-t-il.

Le petit grand-duc semblait toutefois alerte et en santé : ses parents sont probablement encore dans le secteur et le nourrissent périodiquement.

Notre homme se trouve rassuré.

Une partie des frais de ce reportage ont été payés par Parcs Canada, qui n’a eu aucun droit de regard sur son contenu.