« À l’année prochaine. »

C’est en ces termes, assortis d’un émoji tout triste, que la Commission de la capitale nationale d’Ottawa a annoncé vendredi s’être rendue à l’évidence.

« Nous ne pourrons pas ouvrir la patinoire du canal Rideau cet hiver. Malgré tous nos efforts, la météo a eu raison de nous pour la première fois de notre histoire. »

La patinoire du canal Rideau est la plus grande patinoire naturelle du monde. Elle traverse le centre d’Ottawa sur une longueur de 7,8 kilomètres.

« Les derniers tests réalisés sur la glace montrent que la patinoire du canal Rideau demeure non sécuritaire pour le patin. […] Les températures élevées de cet hiver et les précipitations ont causé une glace mince et poreuse », peut-on lire dans le communiqué.

Marie-Ève Giguère, météorologue à Environnement Canada, relève qu’à Ottawa comme dans tout le sud du Québec, cet hiver figurera vraisemblablement « dans le top 5 des hivers les plus doux ».

La gestion de la patinoire du canal Rideau est devenue une science. La Commission de la capitale nationale s’est associée pour quatre ans à des professeurs de génie civil et à des étudiants de l’Université Carleton pour recueillir des données sur la patinoire afin de l’aider à survivre à nos hivers souvent trop doux.

Comme l’explique le professeur Shawn Kenny, l’emplacement de la patinoire du canal Rideau pose des défis tout particuliers. La patinoire, au cœur d’Ottawa, « est soumise à des contraintes urbaines : le ruissellement des eaux de surface, la présence de sel, la chaleur des canalisations souterraines, etc. ».

La variation de la profondeur et la configuration du canal sont aussi en cause. Par exemple, « des sections plus larges du canal, comme à la hauteur de la rue Concord et près de l’avenue Holmwood, posent également un problème, car ce sont des zones plus larges qui supportent beaucoup de neige. Ce phénomène entraîne une déviation de la glace qui peut permettre à l’eau de s’infiltrer vers le haut par des fissures. Cette situation peut diminuer la résistance générale de la couverture de glace. »

Solutions à l’étude

Trois solutions qui apparaissent particulièrement porteuses sont à l’étude, soit le recours à des canons à neige fondante et à des thermosiphons, de même qu’une gestion accrue de la neige.

Selon M. Kenny, les canons à neige fondante « seraient utiles pour favoriser la formation de glace en début de saison. L’idée est de projeter de la neige fondue sur la glace pour la rendre plus épaisse plus rapidement ».

Les thermosiphons, déjà utilisés en Arctique, sont des systèmes d’échange thermique passif « qui permettent à l’air froid de pénétrer sous les fondations d’une structure – comme un bâtiment ou un remblai routier – et de redistribuer la chaleur dans l’air, au-dessus de la surface. Si cette technologie était utilisée pour la patinoire, elle favoriserait la formation de glace en refroidissant l’eau sous la glace.

Enfin, les chercheurs cherchent un moyen d’enlever plus efficacement la neige lorsque les véhicules ne peuvent pas accéder à la patinoire. « Lorsque la neige s’accumule, elle forme une couverture isolante sur la glace et elle détériore la surface. Pour geler, la glace doit être exposée à un maximum d’air. La neige doit être déplacée, compactée, fondue et inondée d’eau », rappelle M. Kenny.

En savoir plus
  • 125 000 kilogrammes
    poids de la neige à retirer de la patinoire pour chaque centimètre de neige tombée
    Source : Commission de la capitale nationale d’Ottawa