À observer les surfeurs chevronnés s’éclater sur la « vague à Guy », l’idée d’aller se frotter au rouleau perpétuel vous éclabousse l’esprit. Seulement voilà : pas de matériel, pas de combinaison, et surtout, pas le cran de se lancer seul dans les forts courants. Heureusement, une planche de salut existe, puisque de sympathiques cours d’initiation permettent de se jeter à l’eau en douceur et en sécurité. Nous avons suivi l’un d’eux, un défi relevé, mais mémorable.

Formée grâce au relief rocheux du lit fluvial, la vague éternelle du parc des Rapides, à LaSalle, offre aux surfeurs en herbe ce petit miracle : glisser en surplace sur le Saint-Laurent. Les habitués connaissent également celle d’Habitat 67, mais pour les débutants, la « vague à Guy » reste le meilleur point d’entraînement.

Ce jour-là, cinq nouveaux prétendants se sont présentés pour la courtiser, tandis que l’entreprise KSF jouait les entremetteurs : l’agence propose deux à trois cours quotidiens d’initiation de trois heures, en minigroupes — d’ordinaire, en quatuor.

  • Le cours commence dans l’herbe, où les éléments clés de la planche sont présentés.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Le cours commence dans l’herbe, où les éléments clés de la planche sont présentés.

  • On s’exerce à se lever et à prendre ses repères.

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    On s’exerce à se lever et à prendre ses repères.

  • Installation du leash (cordon reliant le surfeur à la planche), position des pieds, éléments de la planche : le moniteur passe en revue les bases théoriques et pratiques indispensables.

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    Installation du leash (cordon reliant le surfeur à la planche), position des pieds, éléments de la planche : le moniteur passe en revue les bases théoriques et pratiques indispensables.

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Très vite en selle

Une fois les combinaisons, bottines, gilets et casques enfilés, les apprentis se retrouvent sur la berge, où les présentations peuvent commencer : Jonathan Noel-de-Tilly, qui a surfé un peu partout, de l’Australie à la Californie, sera notre instructeur. Il guidera Alexis Danetz, musicien professionnel de Rosemère, venu répéter ses gammes de glisse, déjà fort d’expériences de surf à Hossegor, en France ; ainsi que Julianne Morel, 17 ans, qui a entraîné sa mère, Véronique Delisle, et sa sœur, Rose, 13 ans, dans l’aventure. Le trio féminin originaire de Joliette a aussi tâté du surf en mer, à Toffino, mais jamais sur rivière.

Environ 30 % des participants parviennent à se lever dès le cours d’initiation, surtout s’ils ont déjà une petite expérience.

Jonathan Noel-de-Tilly, instructeur de surf

Sur l’herbe, il présente les points clés de la planche, les positions et mouvements de base. Après quelques essais rapides sur le plancher des vaches, trêve de théorie, c’est aussitôt la mise à l’eau.

Sous l’œil intrigué des oies locales, on rejoint d’abord un petit bassin sans courant, où le moniteur enseigne les manœuvres essentielles pour prendre la vague, les signaux de communication, et montre les voies de sortie. « Si vous ratez la première, une deuxième suit juste après. Au pire, vous regagnez le bord plus loin et vous marchez sur la rive », indique-t-il. Tous les élèves semblant à l’aise sur leur planche, le cap est aussitôt mis sur la « vague à Guy », avec un timing favorable, puisque peu de surfeurs l’occupent ce midi.

  • On ne reste pas bien longtemps sur l’herbe et on plonge presque immédiatement dans un premier bassin tranquille pour se familiariser avec la planche et repérer les lieux.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    On ne reste pas bien longtemps sur l’herbe et on plonge presque immédiatement dans un premier bassin tranquille pour se familiariser avec la planche et repérer les lieux.

  • À genoux, sur les pieds… pas simple de trouver la posture optimale.

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    À genoux, sur les pieds… pas simple de trouver la posture optimale.

  • Surf sous le bras, on se dirige vers la « vague à Guy », à quelques dizaines de mètres du bassin d’entraînement.

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    Surf sous le bras, on se dirige vers la « vague à Guy », à quelques dizaines de mètres du bassin d’entraînement.

  • La Ville de Montréal a récemment aménagé des escaliers d’accès et une jetée pour les surfeurs. D’autres travaux sont en cours pour installer des toilettes, une douche extérieure, une fontaine d’eau et des casiers.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    La Ville de Montréal a récemment aménagé des escaliers d’accès et une jetée pour les surfeurs. D’autres travaux sont en cours pour installer des toilettes, une douche extérieure, une fontaine d’eau et des casiers.

  • Les participants se placent en ligne et se lanceront tour à tour.

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    Les participants se placent en ligne et se lanceront tour à tour.

  • Petit à petit, des surfeurs d’expérience se mêlent au groupe.

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    Petit à petit, des surfeurs d’expérience se mêlent au groupe.

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« Nage ! »

Jonathan part aussitôt se positionner près du « sweet spot », une zone précise où les chances de cueillir la vague sont maximisées. Un à un, les initiés s’élancent pour nager en travers du courant, s’aligner sur l’endroit visé, pivoter pour se placer dos à la cible, ramer à contre-courant et finalement, à l’instant « t », projeter leur poids vers l’avant du surf. Sur le papier, rien de compliqué. Sur la planche, une autre paire de manches.

Car si l’expérience de surf en océan constitue un atout, elle ne fait pas tout.

C’est un peu l’inverse qu’en mer, où tu dois accélérer dans le sens de la vague. Ici, il faut nager contre le courant pour ralentir quand tu arrives dessus.

Jonathan Noel-de-Tilly, instructeur de surf

Les rapides imposent en effet de vrais bras de fer aux débutants, qui luttent pour se placer, se tourner à temps ou rester sur la vague.

  • Pas facile d’attraper la « vague à Guy » ! Julianne se débat avec vigueur pour rester dans l’écume et se placer à l’endroit clé.

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    Pas facile d’attraper la « vague à Guy » ! Julianne se débat avec vigueur pour rester dans l’écume et se placer à l’endroit clé.

  • Depuis la vague, le moniteur indique la direction à suivre et les manœuvres à effectuer. Les erreurs ne pardonnent pas !

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    Depuis la vague, le moniteur indique la direction à suivre et les manœuvres à effectuer. Les erreurs ne pardonnent pas !

  • Après quelques tentatives infructueuses, on prend le coup, et certains se mettent debout, comme Rose, 13 ans, dont le sourire raconte tout.

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    Après quelques tentatives infructueuses, on prend le coup, et certains se mettent debout, comme Rose, 13 ans, dont le sourire raconte tout.

  • Les initiés se lancent tour à tour et voient leurs camarades lutter contre le courant, gagnant parfois ce bras de fer.

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    Les initiés se lancent tour à tour et voient leurs camarades lutter contre le courant, gagnant parfois ce bras de fer.

  • Quand Jonathan, instructeur chez KSF, attrape les surfs pour aider les néophytes à rester sur la vague, sa bonne humeur habituelle se transforme en fougue. Alexis reçoit ici un petit coup de pouce salutaire qui lui permettra de se lever ensuite sur sa planche.

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    Quand Jonathan, instructeur chez KSF, attrape les surfs pour aider les néophytes à rester sur la vague, sa bonne humeur habituelle se transforme en fougue. Alexis reçoit ici un petit coup de pouce salutaire qui lui permettra de se lever ensuite sur sa planche.

  • Si tout se passe bien, les participants deviennent autonomes après cette journée et peuvent se rendre seuls sur la vague. Suivre ce cours est obligatoire si on désire louer une planche auprès de KSF.

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    Si tout se passe bien, les participants deviennent autonomes après cette journée et peuvent se rendre seuls sur la vague. Suivre ce cours est obligatoire si on désire louer une planche auprès de KSF.

  • Même avec une expérience de surf en océan, se lever reste un gros défi, puisque les conditions de surf de rivière s’avèrent très différentes.

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    Même avec une expérience de surf en océan, se lever reste un gros défi, puisque les conditions de surf de rivière s’avèrent très différentes.

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« Nage ! Nage ! Nage ! », s’époumone le moniteur, dont le flegme se mute en fougue sitôt qu’un élève atteint le point crucial. « Recule sur ton board ! » Par-delà les rugissements des flots, Jonathan agrippe les planches pour leur faire épouser l’écume, comme si sa vie en dépendait. Parfois, la mayonnaise prend, et vous voilà flottant comme par magie sur le Saint-Laurent. Parfois, sa voix se noie dans le fleuve : le moussaillon a décroché, emporté par le courant. « Lâche pas, on va l’avoir ! », entend-on en écho. Il ne ment pas : certains l’auront…

Mis au défi, mais ravis

En dépit de quelques décrochages, Alexis, Julianne et Rose parviennent à plusieurs reprises à se stabiliser sur la vague, puis à se lever le temps d’une poignée de secondes de grâce. Pendant que les néophytes multiplient les tentatives et peaufinent leurs dérives, des surfeurs expérimentés se présentent sur les lieux, montrant le potentiel de la discipline ; avec beaucoup d’indulgence pour les apprenants. Après plus de deux bonnes heures dans l’eau, ces derniers finissent leur cours, fourbus, mais radieux. Ces bases acquises, ils sont désormais suffisamment autonomes pour revenir seuls, avec la possibilité de louer une planche.

« J’ai adoré, je vais m’acheter une planche dès la semaine prochaine ! », promet Alexis, qui a suivi ce cours pour « bâtir une confiance et partir sur de bonnes bases ». Il a particulièrement apprécié l’encadrement pédagogique et l’attitude des surfeurs chevronnés. « J’avais peur que les locaux soient fermés, mais j’ai pu discuter avec certains, qui m’ont donné des conseils. Il n’y avait pas de jugement », indique celui qui a vécu des expériences plus grinçantes dans les Landes.

« C’était difficile ! », lancent en chœur Véronique et ses ados, qui ont trouvé le défi relevé, mais s’y prêteraient volontiers de nouveau, toujours avec un instructeur. « Ce n’est pas la même chose qu’en mer, où on peut partir quand on veut. En rivière, c’est vraiment une autre expérience », confie Julianne.

Consultez le site de KSF

La « vague à Guy », pour qui ?

Pour tous niveaux, dès 12 ans (avec adulte accompagnateur si moins de 16 ans)
Préalable : être en confiance dans l’eau
Coût : 90 $ (combinaison en sus)
Quand : de mai à septembre
Réussir le cours donne droit à la location de planche chez KSF
Des camps de surf sont organisés tout l’été