Les Québécois pourront enfin explorer le monde à l’été, mais beaucoup prendront de nouveau leurs vacances ici, laissent croire les réservations en cours. Les vols à 500 $ convaincront peut-être même de nouveaux vacanciers d’explorer les régions les plus éloignées des grands centres. Et le retour — anticipé — des touristes venus d’ailleurs suscite beaucoup d’enthousiasme…

Les plages du Maine ou des Maritimes feront concurrence à celles de la Gaspésie, l’été prochain, mais pour l’instant, rien ne laisse croire que les Québécois déserteront la péninsule. Par rapport à pareille date l’an dernier, les réservations sont même légèrement en avance, fait savoir Tourisme Gaspésie. Les chalets libres se font déjà rares pour les vacances de la construction…

« Nous sommes heureux de constater l’intérêt des Québécois pour la Gaspésie, affirme Joëlle Ross, directrice générale de Tourisme Gaspésie. Les signaux à ce jour sont très encourageants. Les visiteurs ont commencé à planifier leur séjour, mais il reste encore de la disponibilité, particulièrement dans les hôtels, motels et campings privés, et ce, même au cœur de la saison. C’est le moment idéal pour planifier ses vacances. »

Même son de cloche dans Charlevoix et sur la Côte-Nord. « L’été s’annonce excellent, écrit Martin Dufour, président de Tourisme Charlevoix. Certains de nos membres s’attendent à une saison aussi forte que l’an dernier, sinon plus, à en croire la quantité de réservations qu’ils reçoivent depuis déjà un bon moment. »

« Les statistiques sur notre site web nous montrent vraiment qu’il y a un intérêt, raconte quant à lui Paul Lavoie, directeur général de Tourisme Côte-Nord. On s’attend à avoir encore un bon été touristique. »

En 2020 et 2021, les Québécois ont découvert la Côte-Nord, les chiffres le montrent, et on va en profiter pendant les prochaines années…

Paul Lavoie, directeur général de Tourisme Côte-Nord

Même s’ils seront offerts en nombre limité dès le 1er juin, et selon des critères qui restent à préciser, les billets d’avion aller-retour à 500 $ pour les régions éloignées, annoncés récemment par Québec, alimenteront aussi le tourisme estival. Aux Îles-de-la-Madeleine, où tout est plein pour juillet et août, l’incidence pourrait être presque immédiate. « En juin, ça devient intéressant pour venir passer quatre jours aux Îles », estime Jacky Poirier, de Tourisme Îles de la Madeleine.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Un aller-retour en avion à 500 $ favorisera les séjours courts aux Îles-de-la-Madeleine, surtout au début et à la fin de l’été, prévoit Jacky Poirier, de Tourisme Îles de la Madeleine. En juillet et en août, tout est déjà pas mal réservé, dit-il.

Sur la Côte-Nord comme en Gaspésie, de nombreux aéroports sont aussi visés par le programme. Les deux régions s’attendent toutefois surtout à des retombées… après l’été. « Je pense que ça peut avoir un effet dès juin, mais là où j’y vois surtout un intérêt, c’est davantage pour étirer la saison, dit Paul Lavoie. Il y a un beau potentiel, en Minganie, par exemple, pour des gens qui n’ont pas envie de faire la route… »

« Ce n’est déjà pas facile de louer une voiture dans les aéroports de Gaspésie, dit de son côté Joëlle Ross. Pour l’été, des gens vont sans doute voler pour rejoindre des amis ici, mais c’est surtout un avantage pour le tourisme d’hiver, quand la conduite pour faire du ski dans les Chic-Chocs, avec les tempêtes, peut être longue et difficile. »

Les Européens s’annoncent…

En revanche, l’incidence du retour des touristes canadiens, américains et européens devrait s’y faire sentir dès l’été, s’il faut se fier aux premiers signaux.

Chaque semaine apporte son lot de réservations d’Europe francophone, annonce Le Québec maritime, organisme qui s’occupe de la promotion hors du Québec du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, de la Côte-Nord et des Îles-de-la-Madeleine. Bien sûr, il y a encore beaucoup d’incertitude à l’horizon, avec l’inflation et la guerre en Ukraine, qui semblent freiner les élans de voyage de l’autre côté de l’Atlantique, sans parler des surprises que peut encore réserver la pandémie, mais nombre de voyagistes ont « des carnets de réservation bien garnis pour 2022, ce qui laisse présager une belle relance de l’industrie touristique pour le marché de la France », explique la porte-parole Suzie Loiselle.

Personne ne s’attend à voir autant d’Européens qu’en 2019, année record. Mais tous ont hâte de les retrouver, surtout aux mois d’août et de septembre, comme à leur habitude. Y compris dans les villes, où les visiteurs d’ailleurs réapparaissent. Pendant le long week-end de Pâques, plusieurs hôtels affichaient complet — ou presque — dans la métropole.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Les hôtels montréalais seront de nouveau pris d’assaut par les touristes à l’occasion du Grand Prix de Formule 1, qui aura lieu pour la première fois depuis 2019, le 19 juin.

Des Ontariens, des Américains… les gens reviennent à Montréal. Pour le Grand Prix [le 19 juin], ça s’annonce très, très bien.

Jean-Sébastien Boudreault, PDG de l’Association des hôtels du Grand Montréal

« Les années de vaches maigres, c’est chose du passé, renchérit Manuela Goya, vice-présidente de Tourisme Montréal. On commence à renouer avec la croissance. Il y a des périodes où on est pleins pour les congrès cet été. Et les intentions de voyage des Français montrent que Montréal les attire autant sinon plus que New York… »

Seule ombre au tableau, la pénurie de main-d’œuvre risque d’empêcher l’ouverture de toutes les chambres. Les hôtels montréalais multiplient les efforts pour recruter du nouveau personnel.

La situation de la main-d’œuvre est semblable à Québec, où l’été s’annonce néanmoins occupé. « On espère des taux d’occupation de 70 %, 75 % », dit Éric Bilodeau, directeur des communications et du marketing de Destination Québec cité. « Oui, il y aura des Européens, mais pas comme dans les bonnes années… le retour à la normale, ça va prendre encore deux, trois ans », malgré une nouvelle liaison Québec-Paris avec Air France dès le mois prochain. Les touristes supplémentaires viendront des États-Unis, prévoit M. Bilodeau, et aussi d’une centaine d’escales de croisières internationales, qui reprennent ces jours-ci dans le Saint-Laurent.

En savoir plus
  • 9,3 millions
    En 2019, le Québec a reçu la visite de 9,3 millions de touristes de l’extérieur de la province. Parmi eux, 5,1 millions venaient du reste du pays, 2,5 millions des États-Unis et 1,7 million du reste du monde.
    Source : Portrait de l’industrie touristique, gouvernement du Québec
    70 %
    Tourisme Montréal s’attend à ce que, de mai à août cette année, les hôtels montréalais retrouvent environ 70 % du volume touristique observé en 2019.
    Source : Tourisme Montréal