C’est pour le moins intimidant. Le long de la berge, de gros blocs de glace s’agglutinent alors qu’un peu plus au large, la glace concassée se déplace à grande vitesse sur le fleuve en face de Québec. Et nous allons nous balader là-dedans ? En canot ?

Évidemment, nous avons tous vu ces images de courageux canoteurs traversant le fleuve dans cette mouvante soupe de glace à l’occasion du Carnaval de Québec. Ça semblait une activité totalement inaccessible, réservée à quelques personnages un peu timbrés en manque d’émotions fortes.

Anciennement, le canot à glace était un mode de transport utilitaire qui permettait de relier Québec et Lévis, ou encore la terre ferme et certaines îles du Saint-Laurent, en l’absence de ponts de glace.

Maintenant, il s’agit d’un sport de compétition très niché. Or, Canot à glace expérience offre des séances d’initiation à quiconque fait un minimum d’activité physique.

Le fondateur de la petite entreprise, Julien Harvey, nous accueille dans une confortable cabane chauffée sur le bord du fleuve, à l’Anse au Foulon, à Québec. Le canot à glace, c’est de famille. Son père, son grand-père en ont fait. « Mon grand-père a connu l’époque où le canot était utilisé pour transporter les gens de Baie-Saint-Paul à l’île aux Coudres », raconte-t-il.

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Le fondateur de Canot à glace Expérience, Julien Harvey, fournit quelques explications avant de partir. Chloe Bray et Harry Twyford, de Toronto, écoutent attentivement.

Julien Harvey commence par nous expliquer les grands principes du canot à glace : ça prend cinq rameurs par canot, dont un barreur à l’arrière et un expert des glaces à l’avant. Deux guides vont occuper ces positions, trois participants occuperont les positions intermédiaires. Le mot-clé ici est « participant » : il va falloir travailler fort pour faire avancer l’embarcation.

Avant de se mouiller

D’abord, il faut s’équiper : de grandes chaussettes de néoprène, des jambières de hockey, des guêtres en néoprène, des bottillons également en néoprène et pour finir (à mettre à l’extérieur de la cabane pour des raisons évidentes), des crampons.

Nous commençons par pratiquer les manœuvres à bord des canots alors que ceux-ci sont encore sur la terre ferme. Lorsqu’il s’agit de ramer sur l’eau libre, le mouvement est relativement simple, même s’il faut s’habituer au siège qui se déplace sur des coulisses. La trottinette sur la glace est encore plus facile à maîtriser : on appuie le tibia d’une jambe sur un support à l’intérieur du canot (ah, voilà ce à quoi servent les jambières !) et on laisse l’autre jambe à l’extérieur pour se propulser.

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La trottinette, c’est l’art de faire avancer le canot sur la glace en poussant avec une jambe. Liam Morineau et la journaliste s’exécutent alors qu’à l’arrière, Julien Harvey dirige l’embarcation.

Le problème, c’est la transition entre les deux types de mouvement : il faut retirer la rame, la ranger dans le canot (sans assommer ses partenaires et sans les transpercer avec la petite pointe qui se trouve sous la pale de la rame) et pivoter sur soi-même en posant un ou deux tibias sur le plat-bord avant de prendre la position de trottinette. Ça peut être un peu complexe.

Les guides estiment toutefois que nous sommes assez bons pour affronter le fleuve. Nous descendons rapidement le canot sur la glace de la berge et nous prenons place alors qu’il glisse dans l’eau.

À l’eau

C’est alors que l’inquiétude s’envole, remplacée par le plaisir de se retrouver dans un milieu insolite, mi-liquide, mi-solide, et de s’y sentir en sécurité.

  • Liam Morineau, enthousiaste visiteur de Marseille, et le guide Guillaume Mathieu mènent la charge.

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    Liam Morineau, enthousiaste visiteur de Marseille, et le guide Guillaume Mathieu mènent la charge.

  • La transition entre l’eau libre et la glace n’est pas toujours facile. À l’avant, les guides Yves Gilbert et Julien Harvey travaillent fort pour faire monter le canot sur l’amoncellement de glace.

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    La transition entre l’eau libre et la glace n’est pas toujours facile. À l’avant, les guides Yves Gilbert et Julien Harvey travaillent fort pour faire monter le canot sur l’amoncellement de glace.

  • La glace s’amoncelle parfois d’étrange façon, comme ici, avec de minces plaques transparentes.

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    La glace s’amoncelle parfois d’étrange façon, comme ici, avec de minces plaques transparentes.

  • Des navires de classe arctique sont à quai. Il faut quand même garder une certaine distance pour des raisons de sécurité.

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    Des navires de classe arctique sont à quai. Il faut quand même garder une certaine distance pour des raisons de sécurité.

  • La glace n’est pas toujours ferme. Le canoteur d’expérience Yves Gilbert manœuvre entre les trous d’eau glacée.

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    La glace n’est pas toujours ferme. Le canoteur d’expérience Yves Gilbert manœuvre entre les trous d’eau glacée.

  • On prend une petite pause sur des glaces plus fermes. C’est étrange de dériver ainsi sur le fleuve.

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    On prend une petite pause sur des glaces plus fermes. C’est étrange de dériver ainsi sur le fleuve.

  • Encore un petit tour sur la glace avant d’amorcer le retour au point de départ, à l’Anse au Foulon, à Québec.

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    Encore un petit tour sur la glace avant d’amorcer le retour au point de départ, à l’Anse au Foulon, à Québec.

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Nous commençons par ramer, avec un désolant manque de coordination entre les rameurs : l’un va trop vite, l’autre trop lentement. Mais l’embarcation se déplace quand même à bonne vitesse, ce qui constitue un avantage lorsque nous parvenons à un premier amas de glace.

À l’avant, Yves Gilbert, un vétéran du sport, descend du canot pour le guider dans les premiers mètres de transition alors que les participants se démènent, sans trop d’élégance, pour ranger les rames sans estropier personne et pour prendre la position de la trottinette.

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Yves Gilbert, un vétéran du canot à glace, rame dans une section libre de glace.

Et ça commence à trottiner gaiement, avec une efficacité variable selon l’habileté des trottineurs. La glace prend des aspects extrêmement différents : c’est parfois une sorte de sorbet, qui donne très peu de traction et qui offre la charmante occasion de mettre le pied à l’eau (c’est pour ça, toutes ces couches de néoprène). Il y a des morceaux de glace plus solides. Il y a de minces plaques de glace transparentes qui s’empilent dans tous les sens. Il y a aussi de la belle glace à patinoire, qui permet de glisser sans le moindre effort. C’est l’occasion de prendre une petite pause pour un chocolat chaud et une pâtisserie, tout près de gros bateaux bien amarrés aux quais.

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Qui dit pause dit chocolat chaud. Yves Gilbert et Julien Harvey installent une table de glace sur un canot pour assurer le confort des participants.

Étrange, ces bateaux ont quand même l’air de se déplacer. C’est que notre plaque de glace dérive avec la marée montante. Si nous ne réagissons pas, nous finirons par revenir au point de départ. Pas question ! Nous remontons à bord du canot pour continuer à jouer dans les glaçons du fleuve.

L’initiation au canot à glace peut être assez chère, en raison notamment de l’encadrement maximal requis (225 $ par personne). Mais on peut trouver des forfaits intéressants sur le site de l’office de tourisme de Québec, Québec Cité. Des forfaits qui permettent de passer du canot à glace à un spa, par exemple…

Consultez le site de Canot à glace expérience Consultez le site Forfaits et rabais à Québec
En savoir plus
  • 1894
    C’est la date de la première course sportive de canot à glace, dans le cadre du Carnaval de Québec
    Source : Association des coureurs en canot à glace du Québec