On pense le connaître. Dans les faits, non. Le parc Jean-Drapeau regorge de petits coins tranquilles, de bâtiments patrimoniaux et d’œuvres d’art public qui se font parfois bien discrètes, mais qui gagnent à être découvertes.

Le parc Jean-Drapeau a créé le Sentier des îles, un itinéraire de 10 km (ainsi qu’une version écourtée de 6,5 km) pour découvrir à pied ce patrimoine méconnu.

L’excursion commence au pavillon d’information du parc Jean-Drapeau, tout près de la station de métro. On peut s’y procurer le dépliant décrivant l’itinéraire et les différents éléments à observer. Les heures d’ouverture sont toutefois limitées ; une bonne idée est de télécharger le document d’avance, à partir du site internet du parc.

Notre visite ne commence pas très bien : nous manquons la première station, le pavillon de la Corée, un des rares pavillons d’Expo 67 encore présents. Oups, où est-il ?

Par contre, impossible de manquer l’œuvre Les trois disques, mieux connue sous l’appellation « L’Homme », cette monumentale sculpture d’Alexandre Calder qui se découpe devant le panorama que constitue le centre-ville de Montréal.

  • La fameuse sculpture d’Alexandre Calder avait été commanditée par l’International Nickel Company of Canada pour Expo 67.

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    La fameuse sculpture d’Alexandre Calder avait été commanditée par l’International Nickel Company of Canada pour Expo 67.

  • Lisbonne a offert à Montréal La ville imaginaire, sculpture de Joao Charters de Almeida, pour souligner le 30e anniversaire du métro de Montréal.

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    Lisbonne a offert à Montréal La ville imaginaire, sculpture de Joao Charters de Almeida, pour souligner le 30e anniversaire du métro de Montréal.

  • Migration, du sculpteur québécois Robert Roussil, a été installée en 1967 à l’occasion d’Expo 67, puis restaurée en 2004.

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    Migration, du sculpteur québécois Robert Roussil, a été installée en 1967 à l’occasion d’Expo 67, puis restaurée en 2004.

  • La sculpture de béton Cosmotome no 7 est une réplique de l’original.

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    La sculpture de béton Cosmotome no 7 est une réplique de l’original.

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Deux lignes peintes sur l’asphalte nous permettent de suivre sans trop de souci les itinéraires : une ligne verte pour le trajet de 10 km, une ligne bleue pour le trajet de 6,5 km. Les choses se compliquent lorsque le bitume fait place à la poussière de roche : on a implanté des pastilles de couleur le long du sentier, mais elles ne sont pas toujours très visibles.

La ville imaginaire et Migration

Quoi qu’il en soit, nous trouvons facilement La ville imaginaire, œuvre de granite blanc du sculpteur portugais Joao Charters de Almeida qui évoque les gratte-ciels d’un centre-ville futuriste.

Nous passons ensuite près du quai de la navette fluviale (secret de photographes professionnels : c’est un des plus beaux points de vue du centre-ville de Montréal), puis retour vers le centre de l’île Sainte-Hélène, avec un petit arrêt en chemin pour admirer l’œuvre Migration, sculpture très expressive de l’artiste québécois Robert Roussil, transportée par avion en pièces détachées pour Expo 67.

Le centre de l’île, c’est le mont Boullé, avec la tour de Lévis tout en haut. Cette structure constitue un excellent poste d’observation, mais elle est actuellement inaccessible parce qu’on y effectue d’importants travaux de rénovation.

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Construite entre 1936 et 1949, la tour de Lévis abritait un réservoir d’eau potable.

La ligne verte redescend vers de petits étangs bien cachés, vers la Grande Poudrière, construite entre 1820 et 1824. Le bâtiment historique, qui a accueilli un théâtre entre 1957 et 1982, aimerait bien avoir une nouvelle vocation.

C’est aussi le cas du restaurant Hélène-de-Champlain, que nous croisons un peu plus tard. Il faut se glisser dans le jardin derrière le bâtiment pour découvrir une très chouette sculpture de béton, Cosmotome n7. La sculpture originale, créée en 1964, s’était tellement dégradée que la Ville de Montréal a fait fabriquer une réplique, installée sur place en 2014.

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Signe solaire est une œuvre de fibre de verre, liée avec des agrégats de pierre et de métal.

Un cimetière militaire établi en 1828, un grand legs d’Expo 67, la Biosphère, une dernière œuvre de l’époque de l’expo, Signe solaire, et nous passons dans l’île Notre-Dame.

Deuxième étape : île Notre-Dame

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Le pavillon de la Jamaïque, un pays qui avait retrouvé son indépendance en 1962. Expo 67 représentait donc une première grande présence dans la sphère internationale.

On nous présente un autre rare pavillon d’Expo 67 encore présent, le pavillon de la Tunisie. D’un point de vue architectural, il est harmonieux. Mais il ne faut pas le regarder de trop près : les toiles d’araignées sont particulièrement impressionnantes. Le pavillon de la Jamaïque est mieux conservé, puisqu’il a été restauré en 2009.

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Surprise, la croix de l’Ambulance Saint-Jean se retrouve près d’un canal dans les jardins des Floralies, dans l’île Notre-Dame.

Ce secteur de l’île Notre-Dame a été totalement transformé en 1980 pour accueillir les Floralies internationales de Montréal. Le Sentier des îles nous mène à travers ces jardins et nous fait découvrir des œuvres qu’on ne connaissait pas ou qu’on avait déjà vues ailleurs, comme le gros cube de bronze découpé en croix qui symbolisait l’Ambulance Saint-Jean, auparavant à l’angle de la rue Saint-Denis et du boulevard De Maisonneuve.

Certaines œuvres sont négligées, comme la Roche pleureuse, une sculpture-fontaine qui trône au centre d’un bassin désespérément vide, ou encore la petite maison de bois qui agrémentait le Jardin du Québec, qui est aussi dans un état déplorable.

Heureusement, des œuvres récentes, comme la sculpture Puerta de la Amistad, d’un rouge brillant, et l’installation luminocinétique Utopie, confèrent une nouvelle jeunesse au parc Jean-Drapeau.

  • Cette Tête de Moaï est une réplique grandeur nature des fameuses sculptures de l’île de Pâques.

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    Cette Tête de Moaï est une réplique grandeur nature des fameuses sculptures de l’île de Pâques.

  • Le totem Kwakiutl a été sculpté par Henry Hunt et son fils Tony dans un seul tronc de cèdre rouge.

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    Le totem Kwakiutl a été sculpté par Henry Hunt et son fils Tony dans un seul tronc de cèdre rouge.

  • La Puerta de la Amistad, ou Porte de l’amitié, a été offerte à Montréal en marge de la signature de l’Accord de libre-échange nord-américain, en 1992.

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    La Puerta de la Amistad, ou Porte de l’amitié, a été offerte à Montréal en marge de la signature de l’Accord de libre-échange nord-américain, en 1992.

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Il reste encore quelques trésors, comme le totem Kwakiutl, qui vieillit très bien avec ses figures mythologiques, et la Tête de Moaï, réplique grandeur nature des fameuses sculptures de l’île de Pâques.

La ligne verte pousse jusqu’à la plage Jean-Doré et au paddock du circuit Gilles-Villeneuve, mais nous préférons suivre la ligne bleue pour retourner dans l’île Sainte-Hélène et passant par le pont de la Concorde. Nous finissons enfin par trouver le pavillon de la Corée : il était bien caché par des panneaux, en attendant une éventuelle rénovation et une nouvelle vocation.

Dans un version antérieure, nous avions écrit que Robert Roussil était un sculpteur français. Il s'agit en fait d'un sculpteur québécois qui a passé une grande partie de sa vie à Tourrettes-sur-Loup, en France.

Procurez-vous le dépliant sur le Sentier des îles