Une douce brise caresse le visage des passagers à bord du zodiac du Biophare de Sorel-Tracy. Pendant que les oreilles écoutent les mille et une histoires du capitaine, les yeux scrutent la faune et admirent la flore de l’archipel du lac Saint-Pierre, qui porte fièrement le titre de réserve de la biosphère de l’UNESCO.

(Sorel-Tracy) Le bateau pneumatique vient de quitter le port de Sorel-Tracy et se lance prudemment sur le fleuve, pour commencer l’excursion proposée par l’institution muséale du Biophare, tout au long de l’été. Il se faufile ensuite à travers les îles, séparées par des marais, des baies et des chenaux. Bercé par le clapotis des vagues, au beau milieu de l’archipel, il est difficile d’imaginer que l’on se trouve à seulement une heure de Montréal en voiture.

« Je vais commencer par vous poser une question : qui a baptisé le fleuve Saint-Laurent ? interroge d’emblée le capitaine, Yves Marchand. C’est Jacques Cartier. Les Iroquoïens, eux, l’appelaient la rivière qui marche. »

Ce grand gaillard retraité, à la voix puissante et au sens de l’humour affirmé, guide les excursions du Biophare depuis 11 ans.

Je fais ça pour aider à préserver cet environnement extraordinaire qui nous entoure et pour sensibiliser les gens. Ce qu’il faut savoir, c’est que quand on jette quelque chose dans l’eau à Montréal, ça arrive ici.

Yves Marchand, capitaine du Biophare

En route pour la Randonnée nature
  • L’équipe du Biophare : la directrice Anne-Marie Dulude (à gauche), le capitaine Yves Marchand (au centre), la responsable des communications Emilie Noël (à droite) et un autre capitaine, l’artiste JiCi Lauzon (arrière-plan).

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    L’équipe du Biophare : la directrice Anne-Marie Dulude (à gauche), le capitaine Yves Marchand (au centre), la responsable des communications Emilie Noël (à droite) et un autre capitaine, l’artiste JiCi Lauzon (arrière-plan).

  • Un balbuzard pêcheur quitte son nid installé en haut d’une tour.

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    Un balbuzard pêcheur quitte son nid installé en haut d’une tour.

  • Un riverain a installé des nichoirs pour les hirondelles bicolores, dans l’île du Moine.

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    Un riverain a installé des nichoirs pour les hirondelles bicolores, dans l’île du Moine.

  • La plus vieille maison de l’île de l’Embarras

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    La plus vieille maison de l’île de l’Embarras

  • La vitesse des bateaux à moteur est limitée à cause de l’érosion des berges.

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    La vitesse des bateaux à moteur est limitée à cause de l’érosion des berges.

  • Le phare de Sainte-Anne, construit au début du siècle dernier

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    Le phare de Sainte-Anne, construit au début du siècle dernier

  • Les chalets qui longent le canal du Moine, avec des plantes sagittaires

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    Les chalets qui longent le canal du Moine, avec des plantes sagittaires

  • Le restaurant Marc Beauchemin, dont la spécialité est la gibelotte

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    Le restaurant Marc Beauchemin, dont la spécialité est la gibelotte

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Au fil de l’excursion nautique, il n’est pas rare de croiser quelques majestueux balbuzards et autres urubus à tête rouge. Le long des berges se dressent de grands saules, des peupliers et des érables argentés. La sagittaire, cette plante aquatique aux feuilles en forme de flèche, s’impose parmi les joncs et les quenouilles.

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Un urubu à tête rouge sur le chenal du Moine

Yves Marchand chérit cet archipel composé d’une centaine d’îles. « La perte d’habitat est la principale cause de disparition des espèces, affirme-t-il. Il faut en prendre soin. »

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Un grand héron prend son envolée, aux abords de la Grande Île où se trouve l’une des plus vastes héronnières en Amérique du Nord.

Riche histoire

À entendre Yves Marchand, l’archipel compte autant d’histoires que de terres, sinon plus. Aux abords de l’île de Grâce, la première que l’on peut observer durant l’excursion, le capitaine montre du doigt la maison du dernier habitant, Henri Letendre. « Il y avait ici un village de 15 maisons, avant 1865, raconte M. Marchand. Une inondation a dévasté les bâtiments dans les îles de Sorel, particulièrement l’île de Grâce. »

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La vieille école dans l’île de Grâce

Ces inondations ont fait une trentaine de morts, dont de nombreux enfants. Montrant une petite bâtisse dans l’île de Grâce, jadis une école, l’homme conte l’histoire tragique de la maîtresse qui a tenté de sauver ses enfants en montant sur le toit. « Les deux se sont noyés en glissant », dit-il d’un ton grave.

Un peu plus loin sur le trajet, le récit du capitaine prend une tournure moins dramatique. Dans l’îlette au Pé se tiennent plusieurs chalets, dont celui de Germaine Guèvremont, journaliste et auteure du roman Le Survenant qui a marqué la littérature québécoise.

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Un des chalets de l’îlette au Pé. La majorité des habitations sont construites sur pilotis à cause de la haute fréquence des inondations dans le secteur.

Réserve de l’UNESCO

Depuis 2000, le lac Saint-Pierre possède le statut de réserve mondiale de la biosphère de l’UNESCO, qui s’étend de Berthier et Sorel-Tracy jusqu’à Trois-Rivières et Bécancour. Ce titre est le résultat d’efforts réalisés par la communauté et les organismes pour conserver l’écosystème.

Seule institution muséale sur le territoire de la MRC de Pierre-De Saurel, le Biophare propose des expositions et des animations dont l’objectif est de sensibiliser les gens au respect du patrimoine naturel et humain de la région.

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Anne-Marie Dulude, directrice générale du Biophare

« On essaie de sensibiliser un maximum de personnes, lance Anne-Marie Dulude, directrice générale du Biophare. Petit à petit, il y a du chemin qui se fait. » Au plus proche de l’environnement, la Randonnée nature est un moment idéal pour une telle mission.

La pression exercée par l’activité humaine dans les environs – notamment l’agriculture – a beaucoup d’impact sur les écosystèmes. « Des choses concrètes sont réalisées pour faire face à ça, comme l’imposition de limites de vitesse aux navires », ajoute Anne-Marie Dulude.

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Plusieurs bateaux naviguent lentement sur le chenal du Moine.

L’archipel est régulièrement le théâtre de travaux de recherche scientifique.

Repères

Quoi : excursion nautique guidée de 3 heures

Où : dans l’archipel du lac Saint-Pierre

Pour qui : adultes et enfants à partir de 5 ans

Combien : adulte : 40,00 $ ; enfants de 5 à 17 ans : 23,50 $

Quand : départs tous les jours à 9 h et 13 h 30 sur réservation, jusqu’au 1er octobre.

Consultez le site du Biophare