Accessible et offert en location à des prix abordables, le scooter peut s’avérer un formidable moyen de transport pour partir à la quête de trésors urbains méconnus, y compris à Montréal et dans ses environs. Cette semaine, Pierre-Marc Durivage roule dans le sud-ouest de l’île en suivant l’itinéraire préparé par Silvia Galipeau.
Le sud-ouest de l’île de Montréal nous étant peu familier, on quitte le Vieux-Montréal armé d’un plan détaillé et imprimé — une bonne idée, car la batterie de notre cellulaire a flanché plus vite que prévu. En prime, Silvia a agrémenté le trajet d’une sympathique course au trésor, de quoi allumer notre indéfectible esprit ludique. Voilà une virée qui s’annonce plaisante !
La Cité du Havre
Le premier arrêt se fait néanmoins en territoire connu — l’avenue Pierre-Dupuy est un accès fréquenté au parc Jean-Drapeau —, mais le fait de s’y attarder permet de découvrir de plus près l’architecture toujours époustouflante d’Habitat 67, complexe résidentiel incomparable qui est encore à ce jour l’un des plus fameux legs de l’Exposition universelle de 1967. Ce que peu de gens savent, toutefois, c’est que derrière Habitat 67 se cache un endroit prisé des surfeurs, qui viennent s’exercer sur une vague « éternelle » à quelques mètres des berges. Facile à trouver quand on suit les surfeurs vêtus de leurs combinaisons isothermiques, le sentier est néanmoins étroit. Ce n’est pas l’endroit où faire un pique-nique. Le joli parc de Dieppe, situé tout au bout de la péninsule de la Cité du Havre, est une bien meilleure option.
Pointe-Saint-Charles
On met ensuite le cap rue Wellington, en direction ouest, pour découvrir une artère commerciale en pleine effervescence qui s’offre à nous sitôt passés sous le pont d’étagement ferroviaire. On s’arrête chez Mollo Café & Gelato pour goûter à leurs spécialités – ça vaut le détour ! La chaleureuse barista nous apprend au passage que les sandwichs et grilled cheese au menu sont faits avec du pain maison provenant de sa propre boulangerie, qui vient justement d’ouvrir un coin de rue plus loin. Avec la boutique Cheers qui s’est installée dans le même secteur, il y a quelques mois seulement, « la Well » commence à s’affirmer aussi en dehors de Verdun.
Verdun
C’est justement la direction que l’on prend après notre petite pause dans Pointe-Saint-Charles. Toutefois, notre itinéraire nous amène plus près du fleuve, boulevard LaSalle. Évidemment, on reste à quelques mètres de l’avenue Wellington, parallèle au nord. Pratique comme tout, le scooter nous donne l’occasion de se garer à tout moment pour aller déambuler sur la dynamique avenue, qui est piétonne pour l’été entre la rue Regina et la 6e Avenue. Notre itinéraire nous amène cependant vers l’auditorium de Verdun, ou plutôt derrière, dans le parc J.-Albert-Gariépy, qui cache une petite plage sablonneuse donnant directement sur L’Île-des-Sœurs. L’endroit n’est plus vraiment un secret — c’est plutôt achalandé le week-end —, mais lors de notre passage par un beau mercredi après-midi, il y avait encore plein de beaux coins où étendre sa serviette.
Parc de l’Honorable-George-O’Reilly
Pas de bain de soleil pour nous, toutefois, car on reprend sitôt la route vers LaSalle. À partir d’ici, on a constamment le fleuve plein la vue. Évidemment, on garde les yeux sur la route, mais on y roule à basse vitesse et c’est tant mieux. On s’arrête d’abord à la Maison Nivard-De Saint-Dizier, dont la date de construction remonte probablement à 1710. Une visite à l’intérieur nous permet d’apprendre qu’elle a sans doute remplacé une maison encore plus ancienne qui faisait partie du fort de Verdun. En fait, le terrain a fait l’objet de fouilles archéologiques systématiques en 2005 dans l’ensemble du parc de I’Honorable-George-O’Reilly, qui s’étend de part et d’autre de la maison. Il s’agit du plus vaste site préhistorique découvert à ce jour dans l’île de Montréal, avec des traces d’occupation humaine datant d’environ 5000 ans.
Lachine historique
Au-delà du pont Mercier, on est étonné de voir combien l’histoire a laissé sa marque. D’abord avec l’imposant moulin Fleming, seule construction de type anglo-saxonne toujours debout parmi la vingtaine de moulins qui subsistent encore au Québec — on en a construit 250 entre le XVIIe et le XIXe siècle. On arrive ensuite à l’embouchure du canal de Lachine, qui regorge aussi de fascinantes traces du passé telles la Maison Le Ber-Le Moyne, plus ancien bâtiment complet de la métropole, et le Lieu historique national du Commerce-de-la-Fourrure-à-Lachine, aménagé dans un vieil entrepôt de pierre construit en 1803, soit une vingtaine d’années avant l’inauguration du canal. Tous ces endroits sont accessibles à pied, une petite randonnée le long de la Promenade Marquette vaut certainement le coup — les plus hardis pourront poursuivre dans le verdoyant parc René-Lévesque, sur la rive sud du canal.
La route de la soif
Le chemin du retour se fait rue Saint-Patrick, en longeant le côté sud du canal de Lachine. Le parcours est plus gai pour les vélos qui roulent côté nord, mais on garde le cap jusqu’à ce que l’on aperçoive dans le ciel la fameuse Maison rose, juchée au sommet du vieux silo à grain désaffecté de la Canada Malting. À sa base se trouve l’une des plus belles terrasses en ville, celle de la microbrasserie St-Ambroise. En fait, le quartier possède une belle collection d’endroits sympas pour se désaltérer, que ce soit sur les jolies terrasses des microbrasseries Messorem Bracitorium, 4 Origines ou Brasseurs de Montréal, ou même encore à la distillerie Cirka, toutes à un jet de pierre du canal de Lachine. Bref, ce n’est pas le choix qui manque pour terminer sa virée en beauté !
Notre démarche
Nos trois journalistes sont d’abord partis en repérage dans des quartiers qui leur sont familiers, histoire de concocter un itinéraire sur mesure destiné au collègue choisi. Au matin du départ, ils se sont réunis pour prendre connaissance du parcours qui leur état destiné. Ils nous font maintenant part des trouvailles découvertes dans des secteurs qu’ils ne connaissaient à peu près pas.
Le mot de l’auteure du circuit
Mon trajet n’a pas été concocté spécialement pour Pierre-Marc. Si vous voulez tout savoir, j’adore descendre vers le fleuve, y suivre le bord de l’eau, m’arrêter à la plage et me faire accroire que je suis en vacances. Je fais d’ailleurs ce parcours régulièrement, notamment depuis la pandémie, jusqu’à Lachine, parce que c’est franchement dépaysant, surtout pour l’urbaine jusqu’au bout du casque que je suis. Quant au chemin du retour, avec ses nombreuses escales brassicoles, là oui, il a bel et bien été pensé pour mon bien-aimé collègue, au penchant bien connu (et partagé !). L’art de joindre l’agréable… à l’agréable, quoi !
Silvia Galipeau, La Presse
Le bonheur est dans le prêt
Pour louer un scooter, rien de plus facile. Il vous faut avoir 18 ans, un permis de conduire (pour un scooter à essence) ou une pièce d’identité (pour un scooter électrique). Les prix tournent autour de 100 $ la journée (un peu moins pour l’option électrique). Voici deux bonnes adresses à Montréal où trouver véhicule à votre pied. Notez qu’ailleurs au Québec, beaucoup d’entreprises ont cessé leurs activités en raison de la pandémie.
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