Aventure en train
En période de pandémie, seul un train de VIA Rail par semaine se rend en Mauricie, les vendredis matin. Départ de la gare Centrale de Montréal, à 8 h 15. Premier arrêt : station Sauvé, dans Ahuntsic-Cartierville, à 8 h 50. Le vendredi 23 avril, La Presse a attendu ce train (avec trois autres passagers et une marmotte qui se faisait dorer la couenne sur les rails) jusqu’à… 9 h 25.
Ce retard « était dû à des trains de marchandises qui ont priorités sur ces voies », explique Philippe Cannon, directeur des affaires publiques de Via Rail Canada. En effet, « bien que VIA Rail exploite un réseau de 12 500 km à travers le pays, elle ne possède que 3 % des voies sur lesquelles elle opère. »
Une fois à bord, tout roule : le trajet jusqu’à la gare de Charette dure un peu plus d’une heure et demie. Faire ces 133 km en voiture ne serait pas plus rapide. Pour un prix doux (23 $ l’aller simple), on traverse les banlieues (et leurs attraits méconnus, comme Pizza Céline à Charlemagne), puis les jolis champs de Lanaudière. Il y a si peu de passagers à bord qu’on se croirait dans une voiture de train privée, comme dans The Crown (à moins que ça ne soit l’âge avancé de la voiture qui donne l’impression d’être dans une série d’époque…).
Vélo ou taxi
Pour aller à la station touristique Le Baluchon, il faut descendre à Saint-Paulin (à une distance de 6,7 km) ou à Charette (à 11,3 km). Comme la « gare » de Saint-Paulin prend la forme d’un poteau indicateur, on peut préférer Charette et sa coquette gare en bois, érigée en 2018.
De là, il est habituellement possible de pédaler jusqu’au Baluchon, mais VIA Rail ne permet pas d’embarquer des vélos dans les trains pendant la pandémie. Autre possibilité : appeler Taxi du Nord, de Saint-Alexis-des-Monts, qui demande de 50 $ à 60 $ pour la course. Attention : il faut réserver d’avance (et prévenir en cas de retard du train).
Écovillégiature
Une fois au Baluchon – dont le territoire fait 25 km2 –, tout est accessible sans voiture. « Notre raison d’être, c’est l’écodéveloppement », résume Louis Lessard, président-directeur général du Baluchon, où on offre de l’hébergement depuis 1990. L’établissement a obtenu une note de 4 sur 5 au programme d’écoévaluation Clé verte de l’Association des hôtels du Canada.
C’est à l’Éco-café Au bout du monde, dont le décor rappelle l’histoire de la région, qu’on sert le dîner – à emporter si on vient d’une zone rouge, à manger sur place si on habite en zone orange. Le menu est composé à 80 % de produits locaux. Le sandwich à la truite fumée et aux boutons de marguerite qu’on a choisi – et dégusté dehors, sur une chaise Adirondack – était délicieux. « C’est René, notre boulanger, qui a fait le pain, indique Émilie Gélinas, directrice du marketing du Baluchon. Ici, on aime faire les choses nous-mêmes. »
À cheval
Pour découvrir le site, rien ne vaut un moyen de transport aussi renouvelable que sympathique : le cheval. Afin de prévenir la propagation de la COVID-19, il faut enfiler un couvre-visage pour monter sur son cheval et descendre de sa monture, mais on l’enlève en selle. Difficile de ne pas respecter la distanciation requise à dos de cheval.
Marie-Christine Lefebvre et Sabrina Pelletier, les guides, font découvrir Le Baluchon lors d’une balade équestre d’environ 8 km. On croise le moulin de la seigneurie Volant – la télésérie des années 1990 Marguerite Volant a été tournée ici. Pareil pour de nombreuses scènes du récent film de science-fiction américain Chaos Walking. On découvre au passage que la buanderie du centre de villégiature est munie de panneaux solaires et que les eaux usées sont traitées par des roseaux épurateurs.
Randonnée et baignade
« Si vous voulez voir les plus belles places du Baluchon, il faut que vous fassiez une randonnée, souligne Louis Lessard, biologiste de formation. Ce n’est pas vrai qu’on va tout bâtir, et que vous allez vous asseoir dans votre fenêtre pour admirer le paysage ! » Le site propose 35 km de sentiers pédestres, essentiellement sur du plat. Vélos de montagne, kayaks, canots et accès aux piscines (intérieure et extérieure) sont offerts avec l’hébergement ; des vélos électriques à pneus surdimensionnés peuvent être loués.
Deux trottoirs de bois, d’une longueur totale de 1,5 km, permettent de longer la fougueuse rivière du Loup et d’admirer la chute aux Trembles – une balade plus accessible, qui vaut le détour. Des réservoirs de propane vus ici et là sur le site rappellent que rien n’est parfait. Un projet, qui consiste à produire de l’énergie avec de la biomasse, est prévu pour les remplacer.
Quatre auberges
Le soir venu, on se repose dans l’une des 89 chambres réparties dans 4 auberges. Toutes ont été rénovées en tentant de limiter les impacts sur la planète : par exemple, les sombres armoires de bois ont été recouvertes d’écorce de bouleau, au lieu d’être jetées. « On travaille avec des artisans du coin, fait valoir Louis Lessard. On n’achète pas des meubles chez IKEA. Pour donner un sens au développement durable, il faut être capables de développer du savoir-faire et de la diversification, avec nos gens locaux. »
Satisfaisant, le souper – potage aux champignons, porc local tendre, légumes-racines et salade agrémentée de cerises de terre – est mangé à la chambre. Le sommeil vient rapidement, dans une literie de qualité et un matelas des plus confortables.
Le train du retour quitte Charette les dimanches à 18 h 06 (arrivée prévue à la gare Centrale à 20 h 15), ce qui laisse encore bien du temps pour profiter du Baluchon.
Les consignes liées au déplacement entre les régions et les villes varient selon le niveau d’alerte en vigueur dans chacune des régions. Pour la plupart, ils ne sont pas interdits, mais pas recommandés. Visitez le site du gouvernement du Québec pour les détails.