(Frampton) Lorsque Betty est arrivée au Miller Zoo, le printemps dernier, elle n’était qu’un bébé. Les propriétaires du jardin zoologique de Frampton, en Beauce, Cliff Miller et Émilie Ferland, ont dû nourrir la femelle yak au biberon. Aujourd’hui, Betty a 8 mois et s’alimente seule, mais elle a gardé pour ses parents adoptifs une vénération totale.
Ainsi, lorsque Cliff Miller entre dans l’enclos pour une prise de photo, Betty lui tourne autour comme un golden retriever éperdu d’amour, sans songer que, contrairement à un chien, elle pèse près de 75 kg et que sa tête massive est coiffée de deux cornes pointues.
La scène pourrait se répéter encore et encore dans les différents enclos du Miller Zoo. Ici, les propriétaires ont souvent dû nourrir de leurs mains des nourrissons dont la vie ne tenait qu’à un fil. C’est vrai pour Alfred l’orignal, pour les loups gris Croc blanc et Athéna, pour les coyotes qui seront remis en liberté une fois leur réadaptation terminée. Car le zoo se fait un point d’honneur de faire de la réadaptation auprès d’animaux de la faune québécoise : marmottes, moufettes, chevreuils (cerfs), castors ou ratons laveurs sont retournés chaque année dans la nature après avoir repris des forces à Frampton…
« Ici, chaque animal a son histoire, dit Cliff Miller. Plutôt que de donner des détails géographiques sur l’espèce, on raconte aux visiteurs l’histoire des individus. »
Des rescapés
Les milliers de spectateurs de l’émission Un zoo pas comme les autres, diffusée à TVA, connaissent l’histoire de beaucoup des pensionnaires, souvent rescapés en pleine nature, parfois arrivés d’un jardin zoologique privé sur le point de fermer, parfois encore saisis par les autorités, parce que détenus illégalement, comme c’est le cas pour l’élégant serval nommé Ramsès, arrivé ici il y a peu de temps.
L’un des aspects qui distinguent le Miller Zoo se trouve dans le choix même des pensionnaires, explique Émilie Ferland.
« On a adopté plusieurs animaux mal-aimés qui ne passaient pas les standards des grands zoos. » Des exemples ? Buddy, un ours brun à trois pattes, des singes-araignées qui souffraient de problèmes de comportement, des lynx de Sibérie dont personne ne voulait parce qu’incapables de se reproduire…
Après deux saisons d’Un zoo pas comme les autres à TVA, les deux propriétaires sont aussi devenus des vedettes à leur façon. « Les gens nous cherchent lorsqu’ils ne nous voient pas », admet Émilie Ferland.
Les gens s’associent à nous, car ils savent que nous sommes partis de rien, que nous ne sommes pas des millionnaires.
Cliff Miller
Vrai, l’histoire du Miller Zoo est une histoire de persévérance et de travail acharné. Il suffit pour s’en convaincre de lire Un zoo pas comme les autres, de Marie-Ève Potvin, publié aux Éditions de l’Homme, qui retrace les origines du jardin zoologique beauceron. Ou simplement de visiter les lieux, qui, il faut le préciser, ne s’apparentent en rien aux espaces des grands zoos subventionnés. Ici, le décor est moins lisse, mais on y perçoit davantage l’huile de bras qu’il a fallu pour passer de petit sanctuaire au milieu des bois à zoo en bonne et due forme.
Les pavillons flambant neufs, les espaces intérieurs aménagés pour protéger les animaux du froid et les nouveaux pensionnaires qui s’ajoutent (une famille de babouins est attendue après Noël) témoignent des efforts fournis par le couple pour améliorer le site, tant pour le bien-être des visiteurs que pour celui des animaux.
Actif même l'hiver
D’ailleurs, pour le deuxième hiver d’affilée, la grande majorité des animaux du couple Ferland-Miller peuvent être observés pendant la saison froide. En effet, à partir du 21 décembre, le zoo ouvre ses portes aux visiteurs. « Environ 85 % de nos animaux sont visibles en hiver », estime Cliff Miller.
Les kangourous, les chameaux, les buffles d’eau sont à l’abri des regards, au chaud dans leurs quartiers. Les ours dorment. Mais plusieurs des autres animaux sont plus actifs dans le froid hivernal que sous la canicule de juillet. Les trois grands félins du zoo, soit les lions Shanghaï et Nahla ainsi que la tigresse de l’Amour, Sheira, en sont la plus belle preuve. Au cours de notre passage, ils gambadaient d’un coin à l’autre de leur enclos… attendant peut-être que Cliff Miller vienne leur faire un câlin. Car même une tigresse avec des pattes grosses comme ça ne peut résister à l’envie de se coller contre celui qu’elle considère sans doute comme sa mère adoptive !
Le Miller Zoo est ouvert sept jours sur sept, jusqu’au 5 janvier, puis les samedis et dimanches jusqu’à la relâche, où le zoo sera ouvert toute la semaine. Tarifs : 22 $ par personne, 16 $ pour les 12 ans et moins.
> Consultez le site du Miller Zoo