(Réservoir du Poisson blanc) Camper sur une île au milieu d’un plan d’eau immense, en pleine nature, c’est le rêve que caressent beaucoup d’amateurs de plein air. À l’orée des beaux jours, nous avons testé l’expérience au Parc régional du Poisson Blanc.

Au cœur de la nature

Nous plaçons le dernier gros sac au fond du canot. Tout devrait y être : la tente, les sacs de couchage, les matelas, le brûleur, la nourriture.

Nous nous apprêtons à embarquer lorsqu’un hululement se fait entendre, puis un rire bref et sonore. Un huard. Nous nous regardons : ça y est, l’aventure commence.

Partir camper, c’est déjà sortir de son quotidien. Mais partir camper sur une île, c’est comme franchir un passage plus marqué entre la vie de tous les jours et la grande aventure.

Le ciel est nuageux, quelques gouttes de pluie commencent à dessiner de petits ronds sur l’eau du réservoir du Poisson Blanc, à la frontière de l’Outaouais et des Laurentides. Mais en ce milieu de semaine, en tout début de saison, le calme règne. Les bateaux à moteur restent gentiment à quai, nous avons pratiquement tout le lac à nous seuls.

Après un peu plus d’une heure trente d’un tranquille pagayage, nous parvenons à l’île que nous avons soigneusement choisie lors de la réservation. Une petite île toute à nous, pas très loin de la rive où, selon la carte, de petits étangs intrigants devraient se cacher.

Un couple de huards échange quelques cris puis s’éloigne, nous laissant toute la place. C’est ici chez vous, semblent-ils dire. Bienvenue.

La pluie s’accentue. Ce n’est pas un gros problème, nous avons apporté une bâche et nous l’installons au-dessus de la table de pique-nique. Ce n’est pas parce qu’on campe sur un îlot qu’on n’a pas droit à quelques conforts : la table de pique-nique, le rond de feu cerné de deux bancs, une toilette sèche un peu trop neuve et jolie pour prendre le nom de bécosse.

Explorer les étangs

Et puis, la pluie cesse, laissant place à une telle tranquillité que le réservoir prend l’aspect d’un miroir. C’est le temps d’aller explorer les fameux étangs. En cette fin d’après-midi, peut-être sera-t-il possible d’apercevoir un castor ? Un orignal ?

Quelques coups d’aviron et nous nous engageons dans un petit passage qui, effectivement, nous permet d’atteindre un étang placide. C’est un autre avantage des débuts de saison : l’eau est très haute dans le réservoir du Poisson Blanc, il est possible d’emprunter des passages qui seraient impraticables plus tard dans l’année.

Rien ne bouge, aucun bruit.

Nous partons à la recherche du deuxième étang. C’est tout près, il y a un nouveau passage… mais voilà, un long barrage de castor nous empêche d’aller plus loin. Nous accostons à côté, faisons quelques pas pour essayer de voir ce qu’il y a au-delà. Pas de castor en vue, mais un couple de grands harles magnifiques : le mâle a sa tenue des grandes occasions, brillante dans la lumière de fin d’après-midi.

De retour sur notre île, nous nous affairons, l’un au repas, l’autre au feu.

Le Parc régional du Poisson Blanc fournit aux campeurs un ballot de bois par nuit et un allume-feu. La raison est simple : une petite île est un écosystème extrêmement fragile. Il n’y a plus de bois mort ici depuis un bon moment, il ne faut pas martyriser les arbres et arbustes pour se trouver du bois, des branchettes ou de l’écorce pour se faire un feu. Le bois fourni permet donc de préserver l’environnement.

Tandis que le soir tombe, les huards reviennent, lancent quelques derniers cris. Non loin, les grenouilles entament un bruyant concert dans les étangs.

Nouveau jour

La nuit est sérieusement froide. Il n’y a pas que des avantages aux débuts de saison. Le mocaccino du petit-déjeuner est d’autant plus apprécié. Une petite brume vogue au loin sur le réservoir, les huards sont de retour.

Il est encore tôt. Pourquoi ne pas retourner aux étangs et voir ce qui s’y passe ?

Le niveau de l’eau du réservoir a quelque peu augmenté au cours de la nuit. En s’approchant du barrage de castor, nous remarquons à la droite de l’ouvrage un endroit peu élevé qui pourrait permettre de faire passer le canot de l’autre côté. Comment résister ?

Nous accostons, sortons du canot et le faisons glisser sur la terre humide pour le faire passer dans l’étang. Les grands harles ne semblent pas trop perturbés, nous poursuivons l’exploration en canot. Ici la hutte du castor, là une sorte de grotte entre des pans de rocher. Un glouglou attire : c’est un ruisseau qui descend joyeusement dans l’étang. Nous accostons et décidons de remonter à pied le cours d’eau un moment. Nous montons, montons, pour arriver, surpris, près d’un petit lac en hauteur où se trouve un autre barrage. Mais pas de castor : il a dû regagner sa hutte pour un repos bien mérité. Des bûches fraîchement rongées témoignent toutefois de sa présence.

Nous retournons au premier étang… pour apercevoir les traces d’un orignal. Ah ah ! L’endroit était effectivement propice pour observer l’animal, mais pas le moment. Trop tard. La prochaine fois, peut-être faudra-t-il se résigner à quitter un peu plus tôt la chaleur du sac de couchage pour braver la fraîcheur du petit matin.

Organiser son séjour

Le Parc du Poisson Blanc est très populaire, mais il est encore possible de trouver des emplacements si on est prêt à camper en semaine. On peut aussi appeler au parc au 1 866 707-2999 si on a de la difficulté à dénicher quelque chose. Il y a souvent des annulations, et la page Facebook du parc peut vous aider à mettre la main sur les emplacements ainsi libérés. Le prix des emplacements varie en fonction du nombre de tentes qu’ils peuvent accueillir. En haute saison, un emplacement pouvant accommoder une tente coûte 60 $ par nuit. On peut louer un canot sur place à 25 $ par jour. Il faut prévoir deux jours de canot si on campe une nuit sur une île.

Consultez le site du Parc régional du Poisson Blanc : https://poissonblanc.ca/

D’autres îles où passer la nuit

PHOTO FOURNIE PAR LE PARC RÉGIONAL KIAMIKA

Vue de l’une des nombreuses îles du Parc régional Kiamika, dans les Laurentides

Bon nombre d’autres campings proposent des emplacements sur des îles au Québec. Voici deux suggestions.

Kiamika : un secret bien gardé

Le Parc régional Kiamika est encore très peu connu.

« Souvent, les gens appellent au parc du Poisson Blanc, c’est complet, alors ils appellent chez nous, indique Marie-Claude Provost, directrice générale du parc Kiamika. C’est encore un secret bien gardé. »

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DU PARC RÉGIONAL KIAMIKA

Le Parc régional Kiamika

Le réservoir Kiamika, situé dans les Laurentides, compte une quarantaine d’îles et d’îlots sur lesquels il est possible de camper. Jusqu’à récemment, c’était premier arrivé, premier servi. Maintenant, il faut réserver.

« Il y avait un peu d’abus, les gens se mettaient un peu partout et dégradaient le milieu. »

Les îles sont fragiles. L’île de la Perdrix blanche, notamment, est dotée d’un écosystème forestier exceptionnel, avec des arbres de plus de 175 ans.

Un détail pour les gourmands : le réservoir Kiamika est particulièrement reconnu pour la pêche à la ouananiche.

Les bateaux à moteur peuvent circuler sur le lac, mais ils sont moins nombreux dans la partie nord, ce qui est bon à savoir pour les campeurs épris de sérénité.

En haute saison, les emplacements pouvant accueillir une tente coûtent 50 $ par nuit. Le prix de la location d’un canot varie selon le lieu où l’on entame l’aventure. Il varie entre 35 $ et 44 $ par jour.

https://reservoirkiamika.org/

Îles-de-Boucherville : Vélo, bateau, dodo

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Du camping dans le parc des Îles-de-Boucherville

Le camping du parc des Îles-de-Boucherville n’est pas accessible en voiture. Il se situe sur l’île Grosbois, à 3 km de l’accueil principal (sur l’île Sainte-Marguerite), où l’on peut garer sa voiture.

« On peut aller au camping à pied ou à vélo, indique Rémi Chapados, responsable du service à la clientèle au parc national des Îles-de-Boucherville. On fournit gratuitement de petits chariots qu’on peut attacher au vélo ou qu’on peut transformer en mode pédestre. »

Ceux qui veulent se la couler douce peuvent bénéficier d’un transport en navette électrique, mais il faut payer 4 $ pour ce service.

La navette fluviale de Boucherville accoste à quelques pas du camping. On peut se rendre au quai de Boucherville à vélo ou en transports en commun, en empruntant un autobus du Réseau de transport de Longueuil (RTL) à partir du métro Longueuil–Université-de-Sherbrooke.

Les deux autres navettes fluviales estivales, celle de la Promenade Bellerive, à Montréal, et celle de Longueuil, permettent aux cyclistes et aux piétons d’accoster sur l’île Charron. Il faut alors marcher ou pédaler 6 km pour parvenir au camping.

Celui-ci compte 25 tentes prêt-à-camper et 50 emplacements sans service. Pour ces derniers, le prix tourne autour de 35 $ par nuit en haute saison, mais il faut ajouter les frais d’accès de la SEPAQ de 8,75 $ par personne.

Le camping ouvrira ses portes le 21 juin.

« C’est un nouveau produit à proximité de Montréal, indique M. Chapados. Il y a encore de la place en semaine. »

https://www.sepaq.com/pq/bou/index.dot