Souvent, tout commence par la perchaude, un joli petit poisson, assez facile à dénicher et pas vilain du tout dans la poêle.

« La plupart des gens commencent par la perchaude ou par le crapet-soleil, de petits poissons qu’on peut facilement capturer à partir des quais, près du chalet », affirme Jasmin Perreault, auteur de La pêche au Québec, un guide d’initiation qui vient de paraître chez Broquet.

Il s’agit en fait d’une nouvelle édition d’un ouvrage paru en 2019, qui devait être revu notamment pour refléter certains changements réglementaires.

Souvent, les guides d’initiation commencent par un historique de la discipline, par une présentation de l’équipement et des techniques, etc. Ici, on commence par la perchaude. C’est que La pêche au Québec entre directement dans le vif du sujet et se divise en chapitres consacrés à divers poissons, de la perchaude à la barbue de rivière, en passant par l’omble de fontaine (la fameuse truite mouchetée) et l’achigan à petite bouche.

Jasmin Perreault a choisi d’organiser son guide par poissons afin de préciser pour chacun l’équipement nécessaire et les techniques les plus appropriées.

PHOTO FOURNIE PAR BROQUET

Jasmin Perreault est un mordu de la pêche.

C’est un peu comme au golf, on a besoin de cannes à pêche différentes dépendamment du poisson.

Jasmin Perreault, pêcheur et auteur

« Tu ne peux pas prendre la même canne à pêche pour attraper le brochet, qui peut aller jusqu’à 50 livres, et la perchaude, dont les records tournent autour de 4 livres. Il faut changer l’équipement, les fils, les leurres. Il faut s’ajuster pour avoir du plaisir à la pêche et augmenter ses chances de succès. »

Il a choisi les poissons en fonction de leur accessibilité. Cela comprend notamment la question des coûts.

« C’est le coût de l’équipement, mais c’est aussi le coût pour se rendre aux endroits où il devrait y avoir des poissons, indique M. Perreault. Par exemple, si je veux aller pêcher le maskinongé, on parle d’un gros bateau, de cannes à pêche avec des leurres qui valent de 20 à 25 $ chacun. Ce n’est pas tout le monde qui est capable d’avoir accès à ça. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Un pêcheur au parc-nature de l’Île-de-la-Visitation, à Montréal

Il n’était pas question de présenter des poissons qui nécessitent un trajet en avion et un séjour dans un luxueux camp de pêche dans le nord du Québec.

Jasmin Perreault a également tenu compte de l’accès au territoire.

C’est un problème qui ne fait que grandir, que s’aggraver. L’eau appartient à tout le monde, mais les terrains autour sont privés. Ça devient compliqué.

Jasmin Perreault, pêcheur et auteur

Il lui est arrivé de se faire intercepter en sortant d’une rivière après avoir pêché légalement, les deux pieds dans l’eau, sans s’introduire sur le terrain de qui que ce soit. Des voisins avaient quand même alerté la police.

« Il y a plein d’organismes qui sont au courant de ça, qui militent pour les pêcheurs, mais il n’y a pas grand-chose qui bouge », affirme-t-il.

Selon lui, l’accès aux plans d’eau est un des principaux problèmes qui touchent la pêche au Québec, avec les changements climatiques et la pollution.

Il explique que des hivers plus chauds, avec moins de neige, peuvent avoir pour effet de réduire les crues printanières.

« Certains sites utilisés par des poissons en début de saison peuvent se retrouver un peu au-dessus de l’eau, ce qui force ces poissons à trouver d’autres endroits, affirme-t-il. Il y a aussi l’eau qui peut devenir chaude trop rapidement au printemps, ce qui peut causer des problèmes pour la fraie. »

Jasmin Perreault estime que les déversements demeurent un enjeu majeur. On parle d’eaux usées, mais aussi de déversements liés à l’agriculture. Il donne l’exemple d’un changement de culture autour du lac Saint-Pierre.

« Avant, on avait du blé et des choses comme ça, maintenant, on a du soja. Or, le soja n’agit pas de la même façon sur les berges, il les retient moins, il retient moins les pesticides. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Pêcheurs au parc de Dieppe, à Montréal

La question de la relève préoccupe également le petit monde de la pêche.

« La plupart des activités fauniques, chasse, pêche, piégeage, sont en baisse depuis les dernières années, affirme M. Perreault. Il y a autour de 700 000 pêcheurs qui achètent des permis de pêche au Québec par année, ça a déjà été un million. Par contre, il y a beaucoup d’activités et d’organismes qui s’occupent de la relève. Il faut encourager ça parce que la proximité avec la nature, c’est important. »

La participation des nouveaux arrivants pourrait être une façon de contrer cette baisse.

« Quand on partage une passion, ça facilite la communication entre les gens, même si on ne connaît pas la langue, affirme-t-il. Je l’ai vu sur le bord des cours d’eau depuis quelques années. Les gens s’aident, se parlent avec des signes, ils sont contents quand quelqu’un attrape quelque chose. La nature, la pêche, c’est une belle façon d’unir les gens. »

La pêche au Québec

La pêche au Québec

Broquet

208 pages

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Le chiffre de la semaine

1,5 kg

C’est la quantité de nourriture, principalement des poissons, que la loutre de rivière peut consommer chaque jour.