«Nous ne vendons pas des croisières au sens habituel du terme: ce que nous offrons, c'est du grand yachting», lance Nicolas Bilek, directeur des ventes de la Compagnie des Îles du Ponant. Au Québec, cette entreprise qui surfe sur la vague du luxe (une croisière d'une semaine coûte en moyenne 5000 $ par personne) n'avait guère fait parler d'elle jusqu'en avril dernier, lorsque des pirates ont arraisonné un de ses navires, le Ponant, au large de la Somalie.

Aujourd'hui, ses dirigeants veulent se faire connaître sur notre marché parce qu'ils lanceront deux nouveaux navires, en 2010, doublant ainsi leur capacité. «Jusqu'à maintenant, nous n'avions que trois petits bateaux: le Ponant, avec 36 cabines; le Levant, qui en compte 45, et le Diamant, qui en a 113. Nous n'éprouvions donc aucune difficulté à écouler nos inventaires sur les marchés francophones d'Europe. Mais avec nos nouveaux yachts de 132 cabines, le Boréal et l'Austral, qui seront mis en service en 2010, nous devons élargir nos horizons et le Québec constituait un débouché naturel», souligne Nicolas Bilek.

 

C'est que le français est la langue d'usage à bord des petits navires de la Compagnie des Îles du Ponant. L'entreprise a d'ailleurs récupéré une marque de commerce jadis exploitée par la Compagnie Générale Transatlantique, qui exploitait notamment le France: the French Line.

Lorsqu'on lui demande ce qu'il entend par «grand yachting», Nicolas Bilek explique qu'à cause de leur faible tirant d'eau, les bateaux de la Compagnie des Îles du Ponant ont accès à des endroits interdits aux grands paquebots, soit parce qu'on y trouve des hauts fonds, soit parce qu'on n'y dispose pas des infrastructures nécessaires pour y débarquer des centaines de passagers: les Maldives, l'Orénoque, certains fjords de l'Antarctique ou des zones protégées comme Aldabra, entre les Seychelles et Madagascar.

On ne programme pas de spectacles à bord, mais plutôt une animation de type culturel: des croisières musicales en Méditerranée, ou des conférences données par des naturalistes dans les régions choisies pour le contact avec la nature, comme l'Orénoque ou l'Antarctique.

Et les navires sont de véritables centres de sports nautiques à partir desquels les passagers peuvent pratiquer le kayak, la planche à voile ou encore la plongée, encadrés par des moniteurs qualifiés. Naturellement, francité oblige, la qualité de la cuisine est aussi un des points forts! Les itinéraires aussi sont souvent différents: l'Antarctique au départ d'Ushuaia (Argentine), l'Orénoque (au Venezuela), les Émirats et le sultanat d'Oman, le Spitzberg, le Groenland...

Le produit s'adresse, certes, à une clientèle aisée (une croisière de deux semaines en Antarctique coûte en moyenne 13 000 $CAN) mais souvent moins âgée que celle des grands paquebots traditionnels. «Le Ponant et le Levant plaisent beaucoup aux quadragénaires, notamment à cause des activités sportives offertes, dit Nicolas Bilek. La clientèle du Diamant est composée de gens plus âgés qui cherchent le confort. Dans l'ensemble, je dirais que nos clients ont entre 40 et 75 ans.»

Une particularité: seulement 40 % des ventes portent sur les croisières programmées. Le reste du temps, le navire est affrété par des compagnies pour des activités spéciales (réunions d'affaires, croisières de motivation pour cadres ou pour vendeurs). Intéressés? Pour affréter le Ponant, par exemple, il faut compter environ 23 000 euros par jour (35 000 $), taxes et vin à table inclus.