À l'approche de la saison d'été, institutionnels comme acteurs du tourisme font le maximum pour attirer à Paris et en Île-de-France les touristes chinois, dont l'engouement a été enrayé par les manifestations des «gilets jaunes».

«On est tous conscients des images» de violences et de débordements relayées dans le monde entier, qui ont été «un frein à un certain nombre de réservations», a résumé Corinne Ménegaux, directrice générale de l'office du tourisme de Paris, lors d'un Congrès des décideurs du tourisme qui s'est tenu jeudi.

Dans le cadre de ce colloque, des institutionnels (région IDF, office du tourisme, Atout France) ainsi que des entreprises (SNCF, RATP) ont réuni à Paris, en vue de l'ouverture de la haute saison d'été, quelque 200 acteurs et entrepreneurs en lien direct avec le marché touristique chinois.

La Chine est le premier marché «émetteur» de touristes au monde. En 2018, quelque 2,2 millions de visiteurs chinois sont venus en France-dont 1,2 à Paris/Île-de-France. Cette clientèle est également l'une des plus dépensières.

«La sécurité est un sujet clé pour les clientèles asiatiques, et on va travailler fortement sur ces cibles-là. Il y a une campagne de remobilisation de la destination pour rassurer», a indiqué Corinne Ménegaux, alors que les arrivées aériennes internationales ainsi que l'activité dans l'hôtellerie et la restauration franciliennes sont en repli depuis décembre.

«Les touristes chinois présents» à Paris peuvent être des «ambassadeurs» qui disent, quand ils retournent dans leur pays, que «tout fonctionne globalement bien, tout est ouvert», ajoute Corinne Ménegaux.

Les étudiants chinois en France peuvent de la même manière être «de véritables ambassadeurs du tourisme», a ajouté Vincent Jeanbrun, conseiller spécial de la région IDF délégué à l'Emploi.

La messagerie WeChat, canal privilégié

«Lorsqu'on allume la télévision (en Chine) et qu'on voit les Champs-Élysées ravagés, forcément l'image de la France est écornée. On espère que les étudiants chinois seront en capacité de rétablir la vérité, que ça n'empêche pas Paris d'accueillir dans les meilleures conditions» les touristes, indique-t-il.

«Évidemment il faut rassurer, être pédagogue, expliquer que ces incidents sont assez particuliers, que ce n'est pas toute la semaine, que ce n'est pas tout Paris, que c'est très ciblé géographiquement», renchérit Christophe Decloux, directeur général du comité régional du tourisme.

Mais au-delà des relais traditionnels - campagnes d'information, réseaux de professionnels locaux et d'«influenceurs» - c'est surtout vers les réseaux sociaux et le numérique que les efforts se portent pour convaincre les Chinois de venir en France.

Le numérique «est très important pour les Chinois, il y a plus d'un milliard d'utilisateurs pour la messagerie WeChat», a mis en avant Yiluo Li, responsable du marketing digital chez Atout France, l'agence française de promotion du tourisme à l'étranger.

Il y a quelques semaines, pour faciliter les déplacements des touristes chinois dans son réseau, la RATP a mis à disposition une solution de paiement sur son compte WeChat permettant aux visiteurs d'acheter - en amont de leur venue en France - des titres de transport en yuans, puis de les retirer à leur arrivée dans ses 368 stations et gares.

«On est le premier réseau de transport mondial à lancer cette possibilité en-dehors de la Chine, on répond à une vraie attente», a commenté Caroline Dupuy, responsable marketing stratégie innovation à la RATP.

Du côté de la SNCF, un compte WeChat a aussi été lancé en janvier «pour répondre aux besoins des clients chinois et les accompagner dans leurs parcours», a indiqué Carole Tabourot, directrice de l'expérience client et des services en gare.

Sur ce compte, «on parle beaucoup de Paris, mais on a aussi mis en avant Colmar», ville alsacienne particulièrement prisée des visiteurs chinois... en raison d'une émission de téléréalité à succès, Chinese Restaurant, qui y a été tournée.