Quiconque a foulé le marbre de ses rues étroites, parcouru ses impressionnantes fortifications et admiré ses toits rouges se superposer au turquoise de l'Adriatique garde de Dubrovnik l'image d'une cité d'une infinie beauté qui n'a rien perdu du lustre de son passé glorieux.

La cité médiévale est située dans le sud de la Croatie, sur la mer Adriatique. On y entre par les mêmes portes qu'empruntaient les chevaliers au XVe siècle, à l'apogée de la république de Raguse, son ancien nom. Pont de pierre et pont-levis, on franchit deux minuscules portes percées dans deux imposants murs de fortification.

En entrant, ce qui nous frappe, c'est à quel point la ville est bien conservée. Ici, pas de verre ou d'acier, que de vieilles pierres dont la mémoire est intacte. C'est propre, riche et rangé. Les portes est ou ouest sont reliées par la rue principale, Stradun, qui fait 300 m. Oui, c'est petit, Dubrovnik! Et c'est piéton partout à l'intérieur des murs.

Mais on n'en appréciera toute la grandeur qu'en observant la ville de haut, en marchant sur ses fortifications, qui figurent parmi les plus impressionnantes d'Europe. La structure est toujours intacte alors que ses premières pierres ont été posées au... XIIe siècle. C'est une boucle de 2 km qui prend environ deux heures, à faire idéalement en fin de journée.

Sur le circuit, les tours de garde, les bastions, les forts et les canons révèlent la puissance de la cité. Du haut du mur, on voit d'abord la fontaine d'Onofrio, construite au XVe siècle. Les touristes y remplissent encore leur gourde.

L'audioguide explique que la république, prospère, attirait les riches marchands et les communautés religieuses qui y ont bâti palais, églises et monastères somptueux. On admire le monastère dominicain et celui construit par les franciscains. La superbe église Saint-Blaise, au centre d'une place publique ceinturée de monuments, est impressionnante par son architecture baroque, qu'il faudra aller observer de plus près le lendemain. Il est aussi possible de visiter le palais Sponza, ancien édifice des douanes, et le palais du recteur, de style gothique-Renaissance, deux immeubles que l'on reconnaît à leurs superbes arches de pierre sculptée en façade.

Du haut des murs, on constate que des toits sont plus neufs que d'autres. Ces derniers ont été reconstruits après les bombardements serbes de la guerre civile. Des bombes qui ont semé la mort et la terreur sur la ville et la consternation dans la communauté internationale. Il reste heureusement très peu de dommages apparents dans cette cité au patrimoine reconnu par l'UNESCO. On peut voir une exposition sur les défenseurs de Dubrovnik pendant la guerre au palais Sponza.

À la fin de la tournée, au point le plus haut des fortifications, la ville se dévoile presque en entier sous nos yeux. Pendant que les oiseaux tourbillonnent au-dessus de la mer bleu turquoise, de la marina et des voiliers, le soleil réserve ses derniers rayons aux montagnes arides, toutes proches, et aux toits rouge vif rendus presque dorés par sa lumière chaude.

En redescendant, les lumières de la ville réfléchissent sur le marbre lustré de la Stradun, et les odeurs de poisson grillé creusent l'appétit du marcheur. Il pourra se rafraîchir sur l'une de ses terrasses perchées, à l'extérieur des murs, au-dessus de la mer. «Pivo, molim te!» Une bière, s'il vous plaît!

Pour une collation, il faut essayer les spécialités locales: les bureks, pâtisseries salées et feuilletées fourrées au fromage ou à la viande, ou encore les cevapi, des saucisses de viande hachée grillées et épicées. Pour les fourchettes plus gastronomiques, les assiettes de poisson et de fruits de mer sont de vrais régals. Il faut le dire, Dubrovnik accueille littéralement des hordes de touristes, si bien qu'il est préférable de la visiter en basse saison. Les prix sont plus élevés à Dubrovnik que dans le reste de la Croatie, mais tout de même plus abordables qu'ailleurs en Europe.

L'expérience de la Croatie est riche, dense et incroyablement diversifiée, qu'on pense aux paysages grandioses de la côte dalmate, aux dizaines d'îles paradisiaques, aux plages sur Brac, aux vestiges romains de Split, Zadar et Pula... Le pays vient d'entrer dans l'Union européenne et pourrait passer à l'euro d'ici un an ou deux. C'est donc le temps d'en profiter avant que les prix se mettent à grimper!

Photo Pierre-Olivier Fortin, collaboration spéciale

La porte Place, à l'extrémité est de la Stradun, est fortement protégée.

Photo Pierre-Olivier Fortin, collaboration spéciale