(Copenhague) Pas besoin de s’appeler Jonas Vingegaard ou Hugo Houle pour pédaler à Copenhague. Ni de posséder une bécane de 15 000 $. Un peu de bonne volonté et 150 couronnes danoises (environ 26 $) suffisent pour rouler pendant une journée aux quatre coins de la capitale du Danemark.

Ici, se déplacer sur deux roues est la norme. Travailleur en complet, mère de famille à vélo-cargo, adolescente en robe d’été et écouteurs aux oreilles, fiston en tandem avec papa, femme d’affaires en tailleur, jeune couple en lycra sur des montures de carbone : tout le monde se croise sur les innombrables pistes cyclables du royaume.

Les touristes sont aussi les bienvenus. Oubliez le chaos des pistes québécoises. Ici, tout est ordonné, chaque règle et chaque feu de circulation sont rigoureusement respectés.

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

L’un des nombreux ponts cyclables de Copenhague

Grand avantage : les voies cyclables sont le plus souvent séparées des véhicules et des couloirs piétonniers par une bordure surélevée. Tout devient fluide après une courte période d’adaptation. Un petit dépoussiérage des signaux à vélo est cependant recommandé. Le plus important : bras gauche à 90 degrés vers le haut pour annoncer un ralentissement ou un arrêt. Cela vous évitera quelques soupirs et coups de sonnette des locaux.

La plupart des hôtels proposent des vélos en location pour 24 heures. Quelques entreprises offrent également un service de location, parfois avec des vélos à assistance électrique et tablette électronique intégrée pour se repérer à travers la ville.

Visite à deux roues

Personnellement, j’ai hérité d’un rutilant vélo-panier trois vitesses floqué du nom de l’hôtel. La monture était parfaite pour me rendre à la salle de presse du Grand Départ du Tour de France, située à 6 km au sud du centre-ville.

Le guidon surélevé était idéal pour admirer l’architecture si particulière des constructions danoises. Comme ces deux tours d’habitation en forme d’étoiles ou ces nombreux édifices tout en courbes. Cela donne l’impression de croiser des Habitat 67 à tous les coins de rue.

Dans ce contexte, je ne suis pas étonné de me retrouver par hasard sur un pont qui louvoie entre deux immeubles vitrés, à la hauteur du premier étage, pour enjamber le canal du port du sud.

PHOTO DANIEL RASMUSSEN, FOURNIE PAR LE COPENHAGEN MEDIA CENTER

Le Cykelslangen, à Copenhague

Le superbe ouvrage s’appelle le Cykelslangen — littéralement le « serpent cycliste ». Inauguré en 2014, il s’agit du premier pont de Copenhague réservé uniquement aux cyclistes, construit au coût de 5,6 millions CAN. Ses courbes et son gentil dénivelé nous font passer d’une rive à l’autre comme par enchantement. Sa surface orangée, longue de 235 m, le distingue des autres pistes cyclables de la capitale. Sa largeur de près de 5 m permet des dépassements sécuritaires pour chacune des deux voies à double sens.

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

Le Cykelslangen vu du bas

Au milieu du Cykelslangen, j’aperçois une belle grande piscine immergée dans le canal, regrettant aussitôt de ne pas avoir glissé mes lunettes de natation dans ma valise. Le Sluseholmen Havnebad est un bain gratuit à trois bassins. Le premier est une pataugeoire avec un fond fermé, d’une profondeur de 0,3 à 0,9 m. Le second est destiné au plongeon avec des tremplins de 1 m et 3 m. Le troisième est un bassin de natation à proprement parler avec deux couloirs délimités par des câbles et une aire de baignade.

En cet après-midi ensoleillé de la fin de juin, plusieurs familles profitent du rafraîchissement encadré. Ils sont encore plus nombreux en bordure du canal à piquer une tête du haut d’un trottoir en bois. Les moins téméraires se glissent dans l’eau au moyen des échelles en acier disposées des deux côtés du plan d’eau.

Le lendemain, j’y retourne en joggant avec un collègue. Le ciel inclément a fait fuir la majorité des baigneurs. Serviettes autour de la taille, Lauren Pedersen et Marco Schletz sont cependant fidèles au poste. La baignade quotidienne est une activité quasi sacrée pour la native d’Edmonton et le jeune homme originaire d’Allemagne.

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

Lauren Pedersen et Marco Schletz après leur baignade quotidienne dans le Sluseløbet

Même en hiver, Lauren Pedersen s’immerge dans l’eau glacée — qu’il faut parfois percer à coups de scie ! — tous les lundis matin. Des saunas portables, en location ou propriétés de communautés dont il faut être membre, sont installés dans le parc en bordure de l’eau.

Le sauna et la baignade hivernale sont des activités énormes ici.

Lauren Pedersen

PHOTO LA PRESSE

Notre journaliste s’apprête à tester les eaux du Sluseløbet.

Amusée par mon intérêt, la danseuse et compositrice, dont le père est originaire de Copenhague, me propose de tester l’eau à mon tour. Après une hésitation de quelques secondes, je plonge ! Première surprise, l’eau est salée, ce qui est logique puisqu’elle provient de la mer Baltique, tout près. Elle est plutôt bonne et je me laisse donc flotter quelques minutes en observant la navette jaune qui se promène d’une rive à l’autre.

Le Harbour Circle

Parlant de jaune, je dois repartir en vitesse pour suivre la première étape du Tour de France et connaître l’identité du premier porteur du célèbre maillot de meneur (Yves Lampaert).

Je n’aurai donc pas le temps de faire le Harbour Circle, un circuit à vélo ou à pied de 2, 4, 7 ou 13 km. Il traverse plusieurs nouveaux quartiers de la capitale danoise et permet entre autres de contempler la Bibliothèque royale, surnommée le Diamant noir, de s’imprégner de la réserve naturelle Amager Fælled et de s’arrêter dans un café branché.

Je reviendrai, non sans être passé par l’ambassade du cyclisme du Danemark, la seule du genre dans le monde. Rien d’étonnant dans ce pays fou de vélo, qui célèbre maintenant son champion du Tour de France en Jonas Vingegaard.

Consultez le site de l’ambassade du cyclisme du Danemark (en anglais)
En savoir plus
  • 7 sur 10
    Proportion de Danois qui possèdent un vélo. À Copenhague, c’est 9 sur 10.
    Source : service de presse du Grand Départ du Tour de France au Danemark
    386
    Nombre de kilomètres de pistes cyclables à Copenhague
    Source : service de presse du Grand Départ du Tour de France au Danemark