(Milan) Venise et son environnement lagunaire ont évité d’être inscrits sur la liste du patrimoine mondial en danger de l’UNESCO, jeudi, après que les grands navires de croisière ont reçu l’interdiction par l’Italie de traverser le centre historique de la ville.

Les groupes de préservation ont immédiatement critiqué la décision du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le comité, qui se réunit en Chine, a plutôt demandé à l’Italie de soumettre d’ici décembre 2022 une mise à jour de ses efforts visant à protéger Venise du tourisme excessif, du déclin de sa population et d’autres questions qui seront examinées lors d’une réunion en 2023.

Le gouvernement italien a décidé ce mois-ci d’éviter la désignation de patrimoine mondial en danger, et s’est engagé à rediriger les énormes navires de croisière, à partir du 1er août, du centre historique de la ville vers un port industriel, toujours dans la lagune de Venise.

Le passage des navires dans le bassin de Saint-Marc et le canal de la Giudecca, qui a repris récemment après une longue pause pandémique, était l’une des raisons invoquées par l’UNESCO pour classer Venise comme étant en danger.

Le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, a salué la décision de l’UNESCO, de même que la récente décision du gouvernement d’interdire les navires de plus de 25 000 tonnes des voies navigables de Venise faisant face à la basilique Saint-Marc et au palais des Doges.

« Maintenant, l’attention mondiale sur Venise doit rester élevée, et il est du devoir de chacun de travailler pour la protection de la lagune et d’identifier une voie de développement durable pour cette réalité unique », a déclaré M. Franceschini dans un communiqué.

Mais des groupes non gouvernementaux agissant en tant qu’observateurs du processus ont déclaré que l’interdiction des navires de croisière ne concernait que l’un des nombreux problèmes menaçant Venise, notamment le surtourisme, la gestion des ressources culturelles et naturelles et le contrôle du développement urbain.

Les groupes ont également déclaré que la décision temporaire d’amarrer des navires de croisière dans le port industriel de Marghera met toujours en danger la lagune et qu’aucun plan à long terme n’a encore été élaboré pour gérer les navires et le tourisme dans la ville.

« Les problèmes persistants qui affligent l’état de conservation précaire de Venise et de sa lagune sont depuis longtemps associés à un cadre de gouvernance complexe et inefficace, a déclaré Stephan Doempke, président de World Heritage Watch, au comité de l’UNESCO. Il manque une vision à long terme et une stratégie impliquant la communauté locale. »

Le tourisme de masse à Venise a culminé à quelque 25 millions de visiteurs individuels en 2019, tandis que la ville d’un peu plus de 50 000 habitants perd environ 1000 Vénitiens chaque année.

Le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO a recommandé le mois dernier d’ajouter Venise à la liste des lieux menacés afin d’alerter la communauté internationale sur l’urgence de la situation. La directrice du centre, Mechtild Roessler, a déclaré à l’Associated Press que la désignation vise à favoriser une réponse qui aidera à protéger les sites en danger et à résoudre les problèmes.

Une telle désignation est toutefois largement considérée comme une réprimande de la gestion locale des sites du patrimoine mondial, lieux que l’UNESCO reconnaît pour leur valeur universelle exceptionnelle pour l’humanité.