Lieu emblématique de la France et l’un des plus visités au monde, le château de Versailles rouvre samedi après plus de 82 jours de confinement qui ont mis à mal son modèle économique, et sans les Américains et les Asiatiques qui formaient 30 % de ses visiteurs.

Avant, le domaine tournait à 87 % en autofinancement, 70 % des ressources provenant de sa billetterie. 80 % des huit millions de visiteurs annuels venaient de l’étranger : « un modèle économique s’est effondré », et ce sera progressivement et en diversifiant encore son offre aux visiteurs que ce modèle pourra être relevé, analyse sans fard à l’AFP Catherine Pégard, présidente de l’établissement public.

« Le ministère de la Culture est conscient que Versailles, tout comme le Louvre, a besoin d’être soutenu par l’État. C’est un enjeu pour les métiers. Soixante-huit entreprises sont engagées dans de nombreux domaines sur le site. Et autour, c’est tout un écosystème, avec des commandes à des métiers très spécialisés tels les soyeux de Lyon », explique-t-elle.

Le millier d’agents, dont certaines vivent sur le domaine, étaient pour la plupart en télétravail chez eux pendant le confinement, et l’immense domaine est resté plongé dans la solitude et le chant des oiseaux.

Dès samedi, les visiteurs pourront donc parcourir à nouveau le château (la jauge est de 500 visiteurs par heure), les jardins, l’immense parc, le domaine de Trianon et jusqu’au domaine de Marly.

Les Grandes Eaux musicales joueront dès le jour de réouverture.

« Cinq cents par heure, ça fait 4500 dans une journée. En juin 2019, on était à 27 000 par jour », relève Mme Pégard.

La billetterie, avec réservation horaire obligatoire, permettra de réguler les flux, et l’achat en ligne est encouragé. Dans le musée même, le masque sera obligatoire à partir de 11 ans, et le parcours suivra un sens de circulation unique et sans croisement.

Chance dans la malchance

PHOTO STÉPHANE DE SAKUTIN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Dès samedi, les visiteurs pourront donc parcourir à nouveau le château (la jauge est de 500 visiteurs par heure), les jardins, l’immense parc, le domaine de Trianon et jusqu’au domaine de Marly.

Les espaces les plus vastes et célèbres comme les Grands Appartements, la Galerie des Glaces et le Grand Trianon seront accessibles en visite libre.

Mais les plus fragiles comme les Petits Appartements du Roi, l’Opéra royal ou le Petit Trianon seront accessibles seulement en visites guidées.

La chance dans la malchance, c’est que le palais du Roi Soleil pourra être redécouvert autrement et mieux. « On va pouvoir voir la galerie des glaces, les appartements du roi et de la reine en très petit nombre : ce sera du coup une vision différente. Et en définissant des parcours, votre regard est canalisé, moins dispersé ».

Les visites guidées vont être développées, avec tout un catalogue de propositions.

Deux parcours, celui de 35 « arbres admirables » (déjà lancé à Noël) et celui de 25 « statues remarquables » vont notamment être développés avec des guides.

« Nous aurons aussi des propositions pour les enfants des centres aérés qui ne partent pas en vacances cet été », ajoute la présidente.

Vingt ans après la tempête qui l’avait dévasté, l’accent avait été mis pour 2020 sur le retour à la splendeur passée du parc, le « Versailles vert ».

Les équipes n’ont pas chômé, et pas seulement les jardiniers et les programmateurs de visites virtuelles qui ont multiplié les offres fascinantes : « Pendant ces trois mois, nous avons travaillé à la réouverture », surtout à partir de l’annonce des futures mesures de déconfinement le 11 mai par Édouard Philippe, remarque-t-elle. La galerie des glaces a été ainsi dépoussiérée pour la première fois depuis 2007.

« Il y avait au départ un côté irréel à fermer les grilles sans savoir quand on allait rouvrir. C’était inédit, à part lors de la déclaration de guerre en septembre 1939 ».

Comme a-t-elle vécu ce confinement de l’immense domaine où elle vit ? « C’était très étrange, un effet de solitude magnifique. Un lieu, qui s’était ouvert au public dès l’époque de Louis XIV, se figeait. La beauté peut être paralysante », mais, se félicite Mme Pégard, c’est l’inquiétude dynamique pour le château, le sort de ses employés, de ses visiteurs qui a prévalu.