Trois minutes à défier la gravité entre ciel et terre. Trois minutes à se prendre pour Icare (le choc de la chute en moins). C'est ce que propose Espace Aérodium, le tout nouveau tunnel de vent implanté dans l'île Notre-Dame par Guillaume Lemay-Thivierge.

L'acteur, entrepreneur et parachutiste émérite, a travaillé pendant cinq ans pour construire un simulateur de chute libre qui lui permettrait de partager avec le public sa passion pour le vol. Et deux fois, le projet a avorté. Dans le drame.

 

«Le premier tunnel est passé au feu pendant sa construction. Pour le deuxième, je m'étais associé à François Saint-Germain, le fils de l'inventeur de l'Aérodium, Jean Saint-Germain; mais François est décédé d'un cancer au milieu du projet...»

Il aura fallu des investisseurs lettons pour relancer l'idée et pour que Montréal accueille, début août, son premier tunnel de vent extérieur.

Pour quiconque a rêvé un jour de voler (j'en suis!), une visite à l'Espace Aérodium est un véritable coup de coeur... et d'adrénaline. Et d'euphorie. Bref, un formidable mélange de sensations.

Avant de grimper dans le tunnel pour se faire décoiffer par les cinq moteurs électriques qui crachent un vent ascendant de plus de 200 km/h, notre groupe est pris en charge par Marc-André Brisebois, instructeur (et cascadeur). Pendant une quinzaine de minutes, il nous prépare pour le grand vol: consignes de sécurité, position du corps (tête levée, jambes pliées, dos arqué, bras étendus), signaux de communication. Son conseil: «Détendez-vous.» Facile à dire...

Puis vient l'échauffement, essentiel. On ne réalise pas à quel point ces quelques minutes dans les airs sont exigeantes physiquement. «Trois minutes de vol correspondent à quatre sauts en parachute d'une hauteur de 13 500 pieds, explique l'instructeur entre deux étirements. Tout le corps travaille.» Ultime étape avant de grimper jusqu'au sommet du tunnel: enfiler l'uniforme. Genouillères, combinaison ample, bouchons (le bruit des moteurs dépasse 100 décibels), casque, lunettes de sécurité.

Nous voilà parés. Il ne reste qu'à nous laisser tomber dans le vide...

Question d'équilibre

Aidée par Marc-André, je m'élance. Le vent me soulève de terre, mais me rejette vite sur les coussins gonflables. Tout ici est affaire d'équilibre. Je me sens un peu comme si je surfais sur le dessus d'une fontaine d'eau. Or, le moindre geste a un impact sur la position de vol. Après trois essais d'une minute, je suis à peu près capable de m'envoler de quelques mètres dans les airs, avec Marc-André tout à côté pour me guider dans le vent.

Je vole. Comme un oisillon gauche, mais qu'importe. Je vole. Attention: cette activité peut créer une forte dépendance! Il y a 30 ans, lorsque l'inventeur Jean Saint-Germain a sorti de ses cartons le premier aérodium, il souhaitait faire vivre aux civils l'expérience de vol qu'il avait connue comme parachutiste dans l'armée.

«Je me demandais comment faire voler les gens sans qu'ils aient besoin de sauter en bas d'un avion, explique l'inventeur. J'ai construit mon premier aérodium en 1979, à Saint-Simon. Je l'ai démoli après cinq ans pour me consacrer à autre chose, mais aujourd'hui, il en existe des centaines dans le monde.»

Celui de l'île Notre-Dame devrait rester ouvert jusqu'à la mi-décembre. Le thermomètre en décidera: à -10 degrés, les moteurs seront éteints jusqu'au printemps.

Plusieurs forfaits sont offerts pour vivre l'expérience de l'Espace Aérodium. Les prix varient entre 15$ et 25$ la minute, selon l'heure et la journée. Réservation requise.

www.lespaceaerodium.com