«Si Margarita était une deux-pattes, elle serait du genre à aller au resto et à devenir amie avec le serveur, avec le chef. Elle commanderait du vin et des cafés espagnols! Ce serait l'amie parfaite avec qui s'amuser. On ne l'a pas baptisée Margarita pour rien.»

Palefrenière, instructrice et guide à l'École d'équitation 1101, à La Présentation, en Montérégie, Audrey Cloutier connaît ses chevaux jusqu'au dernier crin.

 

Margarita, la jument brune qui me sert de monture, est en effet une fêtarde. Les grandes herbes sauvages qui poussent le long du champ - des phragmites - semblent lui faire le même effet qu'une bonne bière froide en pleine canicule de juillet. Elle résiste à mes commandes, de toute évidence trop molles, pour s'en mettre plein la gueule. Fêtarde et un brin précieuse: pas question de se salir les sabots dans la boue...

Pas de raison de se stresser pour tous ces détours et pauses collation. La randonnée n'a rien de sportif. On se balade dans un petit secteur boisé situé entre deux fermes, au bout du champ de l'école d'équitation. Hommes et bêtes dans une belle tentative d'harmonie.

«Je choisis toujours la monture qui va former la meilleure équipe avec le cavalier, explique Audrey Cloutier, qui travaille à l'école depuis huit ans. Je regarde la réaction des gens lorsqu'ils s'approchent des chevaux, leur langage non verbal. Le cheval est notre miroir et si ça ne fonctionne pas, ce n'est jamais de sa faute, mais celle du cavalier. Il n'y a pas de mauvais chevaux; il n'y a que des cavaliers qui ont encore des trucs à apprendre.»

J'ai des tas de trucs à apprendre, lorsqu'il est question d'équitation. Dans le petit bois, le rythme lent de la balade est parfait pour la débutante que je suis. Pas de galop, à peine un peu de trot. La randonnée est contemplative, au milieu des feuilles rouges et jaunes.

L'automne est un moment de prédilection pour la randonnée équestre. Le paysage prend ses allures de carte postale et le cheval est plus fringant que dans les grandes chaleurs.

À l'École d'équitation 1101, les bêtes ne font pas que se suivre à la queue leu leu sur un sentier fréquenté mille fois. Elles servent aussi - et surtout - aux cours d'équitation et sont capables des plus grandes prouesses quand elles sont dirigées par un cavalier digne de ce nom.

«Plus haut la main, moins fort les rênes.» Pendant l'heure que dure la promenade, la guide ne ménage pas ses conseils. «L'important est que chacun reparte de sa randonnée en ayant appris quelque chose. Le cheval nous oblige à nous remettre constamment en question, comme cavalier, mais aussi comme être humain.»

Certification provinciale

Au Québec, sur 3000 écuries existantes, environ 600 sont ouvertes au public. Certaines sont installées dans des terrains accidentés qui offrent un défi sportif au cavalier et à sa monture. D'autres privilégient les longs périples. D'autres encore se consacrent à l'enseignement.

L'important est de savoir ce qu'on cherche et de ne pas grimper sur la première selle qui passe. Pour guider le public, la Fédération équestre du Québec et Québec à cheval - l'organisme chargé du tourisme équestre - ont mis sur pied il y a quatre ans un programme de certification des établissements, appelé Équi-qualité. Les centres qui en font la demande doivent répondre à des normes précises sur la condition des animaux, la sécurité et les compétences du personnel pour espérer être approuvés.

Dans une industrie où tout un chacun peut s'improviser guide de randonnée, cette certification constitue un gage de qualité important, note Laure Chazerand, de la Fédération équestre du Québec. «Auparavant, le consommateur n'était pas en mesure de savoir si l'écurie était sécuritaire ou non. Il fallait se fier à la bonne foi des propriétaires. La certification donne de meilleurs outils pour choisir.»

www.ecoledequitation1101.com

www.equi-qualite.qc.ca