Le bout du monde n'est pas si loin. Suffit d'un peu de patience et de plusieurs litres d'essence. Au détour de la route, des panoramas magnifiques s'offrent en guise de récompense.

J'avais six jours pour découvrir ce coin du Québec où je n'avais encore jamais mis les pieds. Six jours pour me rendre jusqu'au mythique village de Gilles Vigneault, en suivant le courant. Mais six jours, c'est bien court, me disaient mes collègues avant de partir. Trop court, croyaient-ils, pour se rendre à destination et en profiter vraiment. Et pourtant...

 

Nous sommes partis un dimanche pluvieux du début juillet. Une journée parfaite pour faire de la route. Après une halte-dîner aux Escoumins, nous nous arrêtons pour la nuit à Sept-Îles, après avoir passé huit heures à engloutir les kilomètres.

Après Sept-Îles, la route est très peu fréquentée. Seuls dans un océan d'épinettes traversé par des rivières qui se jettent à la mer, on a vite l'impression que le bitume nous appartient. Puisqu'il ne reste que quelques heures de route à faire (quatre ou cinq, tout dépendant de la vitesse à laquelle on roule) avant d'atteindre Natashquan, nous nous permettons quelques arrêts en chemin, dont une halte gourmande à la Maison de la Chicoutai, à Rivière-au-Tonnerre.

En après-midi, nous voilà déjà rendus à destination : Natashquan se dévoile, après des kilomètres de routes sinueuses et d'épinettes qui rapetissent à vue d'oeil. Tout près, la fin de la route 138. Impossible d'aller plus loin, à moins d'avoir le pied marin. Nous passons le reste de la journée à profiter de ce charmant village qui vit au rythme de la mer, savourant cette agréable sensation de dépaysement, les deux pieds chez soi.

Après une bonne nuit de sommeil, nous reprenons la route en sens inverse pour revenir à Havre-Saint-Pierre (150 kilomètres), d'où nous sommes partis à la découverte de l'archipel de Mingan avant de participer à une journée en mer avec l'équipe de la Station de recherche des îles Mingan, le lendemain (voir les autres textes). Deux expériences i-nou-bli-ables. Nous dormons près de la mer cette nuit-là, quelques dizaines de kilomètres plus loin, bercés par le bruit des vagues qui s'échouent sur les rochers.

La journée suivante, nous la passons sur une plage déserte à lire, relaxer et se balader sous un soleil éclatant. Il ne manque que quelques degrés au thermomètre à la mer pour oser tremper plus que le gros orteil. En fin d'après-midi, nous reprenons la route puisque nous devons rentrer à Québec le lendemain. Nous roulons jusqu'à 22h avant de s'arrêter pour dormir dans un petit village au sud de Baie-Comeau, à Ragueneau. Partis tôt le lendemain matin, nous sommes de retour à Québec en milieu d'après-midi, avec la délicieuse impression d'être pourtant partis depuis longtemps.

Bien sûr, j'aurais pu passer des jours à arpenter les mille et une îles de l'archipel Mingan ou à dévorer un livre sur une plage déserte de la Côte-Nord. Mais ce fut assez pour en profiter et réaliser que le bout du monde est à portée de main.

Chaque année, des milliers de Québécois partent faire le tour de la Gaspésie, mais bien peu s'aventurent jusqu'au bout de la route 138. Pourtant, le rocher Percé est à 750 kilomètres de Québec alors qu'Havre-Saint-Pierre et ses magnifiques îles sont à 850 bornes de la capitale. Rendu là, Natashquan est tout près, à deux petites heures de route.

Et croyez-moi, les kilomètres supplémentaires valent le coup. Parce qu'après tout, la Côte-Nord n'a absolument rien à envier à la Gaspésie.

À consulter : www.tourismecote-nord.com

www.tourismeduplessis.com