La majorité des consommateurs se posent cette question lancinante: pour réserver, dois-je attendre à la dernière minute afin de bénéficier de meilleurs prix ? Une question à laquelle tous les voyagistes opposent cette réponse sibylline: «Ce sont les meilleures propriétés qui se vendent à l'avance ! »

Autrement dit, si vous attendez à la dernière minute, vous risquez de vous retrouver dans un complexe hôtelier dont les plus avisés n'ont pas voulu. Ce qui n'est que partiellement exact. Car s'il est vrai que les habitués moins économes réservent les meilleurs hôtels longtemps d'avance, il est souvent possible de dégoter à la dernière minute des forfaits présentant un rapport qualité-prix exceptionnel. Souvent, mais pas toujours. À quelques exceptions près, la période des Fêtes et celle des congés scolaires se vendent longtemps d'avance. Traditionnellement, les meilleures aubaines de la saison d'hiver sont offertes pendant les périodes suivantes : du début de novembre à la mi-décembre, du début de janvier au début de février, et de la mi-mars à la fin d'avril (sauf pendant la semaine de Pâques).

Les tarifs fluctuent selon la capacité (c'est-à-dire le nombre de sièges d'avions et de chambres d'hôtels qui leur sont associées) mise en marché par les grossistes. Or, cette année, elle est pléthorique. Il est difficile de déterminer la capacité avec exactitude, car certains voyagistes refusent de dévoiler leur jeu et d'autres gonflent leurs chiffres. Mais, selon les estimations, le nombre de sièges offerts sur le marché québécois entre le 1er novembre et le 30 avril varierait de 760 000 à 940 000. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit d'une offre considérable qui implique que plus d'un Québécois sur 10 ira dans le Sud cet hiver: 11% de la population dans le cas de l'évaluation pondérée et 13,5% dans le cas de l'estimation « généreuse » (voir tableau des voyagistes en page 8.)

« Je crois qu'au Québec, comme dans l'ensemble du Canada, nous devrons composer avec une capacité en hausse de 5% à 7% », estime Nelson Gentiletti, président de Transat Tours, qui commercialise les marques Vacances Transat et Nolitours.

L'offre excédera certainement la demande. Ce qui ne signifie pas nécessairement qu'il faut s'attendre à des aubaines faramineuses. Lorsqu'ils constatent que les vols ne se remplissent pas, les voyagistes peuvent recourir à la « consolidation », qui consiste à annuler des vols et à replacer les passagers sur d'autres départs, parfois en s'entendant avec des concurrents pour partager des avions. Dans ce cas, même si la demande est faible, les prix se maintiennent.

Mais, depuis trois ans, deux des principaux acteurs se livrent une bataille sans merci: Transat Tours et Vacances Sunwing. Transat est le plus grand voyagiste du Canada et ses dirigeants ne veulent pas se laisser gruger des parts de marché. Sunwing, qui entame sa quatrième saison d'hiver au Québec, y a connu une expansion rapide. Il s'est solidement implanté à Montréal, à Québec et en région, où il exploite des vols au départ de Saguenay, Val-d'Or, Sept-Îles, et même Trois-Rivières. Les consommateurs devraient bénéficier de leur rivalité, qui se traduit périodiquement par des guerres de prix.

Alors, attendre ou ne pas attendre à la dernière minute ? La réponse à cette question relève de la spéculation. D'autant plus qu'aiguillonnés par la crainte d'assister à un effondrement généralisé des tarifs, les grossistes redoublent d'ingéniosité pour inciter les consommateurs à réserver à l'avance. Ce qui n'est pas à négliger!