Une croisière en Méditerranée, comme celle à bord de L'Austral, permet d'aller, escale par escale, à la rencontre d'une foule de cultures au passé d'une richesse foisonnante. Petit guide des attraits à ne pas manquer.

Beyrouth

La capitale du Liban est une escale de rêve. D'autant plus que peu de navires de croisières y accostent. En mai dernier, L'Austral de la Compagnie du Ponant s'y est arrêté pour la première fois.

Sans être belle ou charmante, Beyrouth est une ville attachante. Les traces de la guerre civile sont encore bien présentes même si la reconstruction va bon train. Ici et là, des édifices en ruine, criblés de balles. Leurs rideaux battent au vent par les fenêtres cassées tandis que tout à côté les balcons des édifices modernes sont en fleurs.

La place de l'Étoile a été entièrement reconstruite de même que les souks de Beyrouth, qui sont en fait des boutiques haut de gamme. Les pierres jaunes, encore toutes neuves, donnent aux édifices des allures de décor de cinéma. Mais les travaux ont aussi été l'occasion de faire des fouilles archéologiques, et des sites anciens ont été incorporés aux nouveaux aménagements. Les thermes romains, devant le Grand Sérail, ouvrent une fenêtre sur un pan d'histoire du pays.

La mosquée Mohamed Al-Amine érigée à proximité de la place des Martyrs, dans un style ottoman et arabe, vaut le détour. Sa coupole bleue encadrée de quatre minarets est impressionnante. Et juste à côté, sous une grande tente, les gens défilent encore avec ferveur devant la tombe couverte de roses blanches de l'ex-premier ministre Rafic Hariri, assassiné en 2005.

Le Musée national possède une riche collection de stèles funéraires et de sarcophages, dont celui du roi phénicien Ahiram. Il ne faut surtout pas rater le film d'une quinzaine de minutes qui explique comment on a réussi à préserver les oeuvres du musée en les emprisonnant dans des coffrages de béton pendant la guerre civile. L'édifice, lourdement abîmé, a bénéficié d'une restauration qui est une oeuvre d'art en soi.

Il faut aussi voir la grotte des pigeons, de préférence au coucher du soleil. Ce rocher est en bordure de la corniche. Plusieurs restaurants situés des alentours servent une excellente cuisine libanaise.

Rhodes

Le colosse de Rhodes, l'une des sept merveilles du monde antique, a disparu depuis longtemps. Mais la principale ile du Dodécanèse a conservé sa grandeur. Colonisée par les Phéniciens, l'île la plus ensoleillée de Grèce a occupé pendant des siècles une position stratégique entre l'Europe, l'Afrique du Nord et l'Asie Mineure. Dès la haute Antiquité, elle était reconnue comme une puissance maritime.

La ville médiévale entourée de remparts a été construite par les chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean. Le vaste palais fortifié du sommet était la résidence des Grands Maîtres de l'Ordre jusqu'au moment de la conquête turque en 1522. Ravagé par le feu en 1856, le palais a été entièrement reconstruit par les Italiens, qui se sont emparé du Dodécanèse en 1912. Les Italiens ont aussi construit des routes et plusieurs édifices publics jusqu'à ce que les Britanniques libèrent Rhodes à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'île a ensuite été annexée à la Grèce en 1947.

À quelques minutes de marche du port, l'ambiance de la vieille ville est très agréable avec les gens attablés aux cafés-terrasses, les touristes qui s'émerveillent et les résidants qui vaquent à leurs occupations.

Les paysages de l'île sont enchanteurs: des montagnes couvertes de forêt, des versants où s'épanouissent les vignes et les oliviers, de belles plages. Rhodes ne compte pas moins de 44 plages, dont les plus populaires sont situées sur la côte orientale où la mer est toujours calme.

On peut aussi profiter de l'escale pour visiter la ville de Lindos, à 55 km de Rhodes. Située sur un promontoire, elle est spectaculaire. Il faut voir la petite église construite dans une crique où saint Paul se serait arrêté. Tout autour, de jolies maisons blanches sont éparpillées à flanc de montagne. À Haraki, un village de pêcheurs, on peut déguster de délicieux poissons.

Nauplie

Tout juste derrière la rue de cafés-terrasses qui longe le port, un charme tranquille se dégage du centre historique de Nauplie. Autour de la place de la Constitution, mosquées et églises côtoient des habitations patrimoniales colorées et bien conservées. Les ruelles des alentours sont tout aussi attirantes, avec des boutiques d'artisans et un grand nombre de petits restaurants où l'on sert de la cuisine familiale.

Nauplie a déjà été la capitale de la Grèce (1824-1834). Elle est dominée par les forteresses d'Acronauplie et de Palamède tandis que l'entrée du port est gardée par la forteresse Bourdzi.

La plus intéressante est Palamède, construite entre 1711 et 1714 par les Vénitiens. Elle offre une vue exceptionnelle sur Nauplie et même sur la région du Péloponnèse. Selon les guides, on compte exactement 999 marches pour atteindre son sommet. On peut aussi y aller en taxi et redescendre à pied.

Des excursions sont proposées à Mycènes. La porte des Lionnes, à l'entrée des ruines de Mycènes, est une raison suffisante pour visiter ce site fabuleux. Le relief de la porte date d'environ 240 avant J.-C. Il n'a jamais été déplacé ni restauré et ce serait le plus vieux relief européen encore visible. Les vestiges de la citadelle de Mycènes ont été entièrement fouillés par l'archéologue allemand Heinrich Schliemann qui cherchait le tombeau d'Agamemnon, qui est situé un peu plus bas. Une partie de sa décoration sculptée est maintenant au British Museum et au Musée archéologique d'Athènes, mais la visite demeure intéressante.

Une autre belle excursion est proposée à Corinthe, qui a été l'une des plus riches cités de Grèce. Plusieurs vestiges subsistent dont ceux de l'Agora et du temple d'Apollon. Tout le long du trajet d'environ 1h30 pour s'y rendre, on voit défiler des paysages typiques de la campagne grecque.

Du même coup, on peut traverser le canal de Corinthe qui relie la mer Ionienne et la mer Égée. Le canal de 6,3 km de longueur et 21 m de largeur fait 80 m de hauteur. Impressionnant! Les navires de moins de 10 000 tonnes et de 8 m de tirant d'eau peuvent y passer, à condition d'être halés.

Les frais de ce voyage ont été payés par la Compagnie du Ponant.

Photo Andrée Lebel, La Presse

Il faut voir le grotte des pigeons de Beyrouth, surtout au coucher du soleil.