L'UNESCO vient de déclarer patrimoine en péril les îles Galapagos (Équateur), premier site à avoir été inscrit en 1978 sur la liste du Patrimoine mondial, pour alerter la communauté internationale sur les menaces pesant sur un lieu dont la faune est unique au monde.

Situées à 1000 km au large de l'Équateur, dans l'océan Pacifique, ces 19 îles et la réserve marine constituent une réserve naturelle exceptionnelle mais sont «menacées par des espèces invasives, par un tourisme et une immigration croissants», a estimé le comité de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), réuni à Christchurch en Nouvelle-Zélande pour sa session annuelle.

Tortues géantes, iguanes marins et terrestres, albatros, cormorans, crabes aux pattes rouges et bleues, baleines à bosses, lions de mer, otaries, araignées, manchots, «pinsons de Darwin» et autres «faucon des Galapagos» figurent parmi les centaines d'espèces qui justifient chaque année le voyage de plus de 100 000 touristes sur l'archipel, partie émergée d'une grande cordillère volcanique.

L'un des problèmes principaux est le «développement incontrôlé du tourisme», selon l'UNESCO.

«Le nombre de journées passées par les passagers de navires de croisière a augmenté de 150% au cours des 15 dernières années», a souligné le Comité du patrimoine mondial. «Cette augmentation a alimenté la croissance de l'immigration et le trafic entre les îles, lui aussi en hausse, s'est traduit par l'introduction de davantage d'espèces» envahissantes, qui menacent l'équilibre des îles.

Autre menace: jusqu'à 300 000 requins sont pêchés illégalement dans les eaux territoriales des Galapagos, selon l'UNESCO.

Des dizaines d'espèces sont endémiques aux Galapagos (propres à ces îles), ce qui explique que ces «îles enchantées» (las encantadas) soient considérées comme un irremplaçable musée et laboratoire vivant.

C'est sur cet archipel que le biologiste britannique Charles Darwin étudia longuement l'évolution des espèces, avant d'en tirer sa célèbre théorie sur la sélection naturelle, publiée au milieu du XIXe siècle.

En inscrivant les îles Galapagos sur la liste du Patrimoine en péril, le comité de l'UNESCO espère déclencher une mobilisation internationale pour la préservation du site. Cette inscription permet en outre d'accorder une assistance immédiate à l'Équateur, dans le cadre du Fonds du patrimoine mondial.

Cette décision fait suite à une mission menée sur place en avril à la demande du comité pour évaluer l'état de conservation du parc national des Galapagos (créé en 1959) et de sa réserve marine. La mission avait alors salué «l'action décisive» entreprise par les autorités équatoriennes.

Le comité de l'UNESCO a aussi classé en péril mardi le parc national sénégalais du Niokolo-Koba, situé sur les rives de la rivière Gambie et qui abrite notamment la plus grande des antilopes, l'élan de Derby, le jugeant «menacé par le braconnage et par un projet de barrage» sur la rivière, quelques kilomètres en amont du parc.

La liste du Patrimoine mondial compte 830 sites dans 139 pays. Le comité doit se prononcer cette année sur 45 nouvelles candidatures de sites naturels et architecturaux.