L'engouement pour les via ferrata se confirme au Québec avec l'ouverture, cet été, d'un 12e parcours, au parc national du Fjord-du-Saguenay, qui s'inscrira parmi les plus difficiles et les plus spectaculaires de la province... si ce n'est du globe. Les amateurs de sensations fortes seront servis.

Il aura fallu près de 15 semaines de travail pour mettre au point ce parcours exceptionnel qui permet d'évoluer, le long de parois rocheuses, en surplombant le fjord du Saguenay. «Très franchement, ce parcours est non seulement capable de rivaliser avec ceux que l'on trouve en Europe: il est à classer dans le top 10 des plus beaux du monde», estime Yannick Berger-Sabattel, directeur technique de la société française Prisme qui se spécialise dans la construction de via ferrata partout sur le globe, dont celle-ci au Québec.

L'originalité du tracé du Saguenay tient essentiellement dans la verticalité des falaises sur lesquelles les aventuriers sont appelés à se déplacer, en suivant des parois que nul ne pourrait imaginer franchir sans une solide formation en escalade. Or, grâce à cette nouvelle via ferrata, les profanes pourront s'y frotter sans connaissances techniques, en suivant, munis d'un harnais et de mousquetons, un «chemin ferré» balisé d'une multitude de poutres, de câbles, d'échelons et autres structures métalliques ancrées dans la roche pour s'aventurer entre ciel et terre. Les plus beaux points de vue sur le fjord ne seront plus réservés aux oiseaux.

«C'est un parcours très aérien, et c'est ce qui le classe parmi les plus difficiles du Québec, analyse Yannick Berger-Sabattel. L'impression d'être dans le vide est très forte et ça, ça joue sur le mental, sur la tension qu'on met dans les bras, nécessairement plus grande parce qu'on a peur de tomber.»

«C'est un sport qui est plus accessible que l'escalade, mais qui est tout de même très engageant physiquement, dit Jacques Hébert, propriétaire de Parcours Aventure, l'entreprise mandatée par la SEPAQ pour exploiter la via ferrata et le service de guides. On est confrontés à ses peurs, on travaille fort. On sent qu'on a fait un gros effort quand on rentre.»

De fait, l'activité n'est pas pour les jeunes familles et le parc du Saguenay manifeste, ici, un désir d'attirer davantage la clientèle adulte et les adolescents qui n'ont pas froid aux yeux. Il faut avoir au minimum 12 ans, être en bonne condition physique et réussir un petit test d'aptitude avant d'obtenir le feu vert pour s'élancer, avec un guide, sur le parcours.

Et si on a peur des hauteurs? «On peut y aller quand même, assure Jacques Hébert. La via ferrata a une approche différente qui permet de surmonter ses craintes parce qu'on est en contact constant avec le rocher et qu'on est solidement attaché à l'équipement.» Certains passages sont plus angoissants, particulièrement quand il faut franchir une échelle inversée suspendue à des dizaines de mètres du sol, ou encore quand il faut s'aventurer, au-dessus du vide, entre deux câbles de métal qui semblent soudain terriblement fragiles...

«Votre matériel peut supporter tout votre poids, celui de votre voiture et celui d'une remorque», a martelé Jacques Hébert aux membres de notre groupe, lors d'une sortie inaugurale sur le parcours. Et à ceux qui se répétaient tout bas de ne pas trop regarder en bas, il répliquait plutôt: «N'oubliez pas d'admirer le paysage, comme c'est beau!» Les forêts de conifères à perte de vue, le fjord tranquille, les plages de sable fin qui n'attendent que les baigneurs, les kayaks rouges et orange qui ont l'air de jouets pour enfants vus de si haut. Et en dépit des craintes exprimées par certains avant le départ, l'ensemble de notre groupe a franchi le parcours sans jamais manifester le désir ou le besoin de rebrousser chemin.

Trois parcours seront offerts au parc national du Fjord-du-Saguenay - un premier dès aujourd'hui, les autres d'ici la fin du mois -, dont la durée variera entre 2h30 et 6h, et les frais, entre 35 et 75$.

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