Escalader une paroi de glace, c'est excitant. Mais se faire guider par un homme qui a gravi le plus haut sommet de chacun des sept continents, ça fait grimper l'adrénaline.

Entre 2007 et 2009, François-Guy Thivierge a entre autres monté l'Everest, le Kilimandjaro et l'Aconcagua. Aujourd'hui, il est instructeur d'escalade, conférencier et motivateur. Alors, lorsqu'on se retrouve à quelques mètres du sol, en déséquilibre sur un mur de glace, il crie: «Allez, tu es capable. Vas-y petit à petit.» Il est hors de question de s'arrêter.

L'homme de 45 ans est aussi propriétaire de Roc Gyms, la seule école à offrir des cours d'escalade de glace au Parc de la chute Montmorency. Le site est réputé pour sa beauté. Même les grimpeurs étrangers viennent à Québec spécifiquement pour les falaises près de la chute.

En effet, l'endroit est spectaculaire et François-Guy Thivierge en profite pour nous en mettre plein la vue. On enfile nos crampons et notre harnais, mais on ne commence pas l'ascension des falaises sur-le-champ. On débute plutôt en se promenant sur le «pain de sucre», un amas de glace formé par l'embrun de la chute qui gèle et s'accumule. Il faut avoir une confiance absolue en son guide. Si la glace cédait (ce qui est impossible, nous rassure notre instructeur), on serait emporté par le torrent et l'eau glaciale.

Par moments, le dynamique aventurier compare certaines crevasses à celles qu'il a vues lors de son expédition à l'Everest. Évidemment, on en prend... et on en laisse.

On s'approche de plus en plus de la chute. Les gouttelettes glacées et le vent piquent la peau du visage. Mais lorsqu'on tend le bras vers le fort débit d'eau, on oublie le désagrément: à moins de cinq mètres de la chute, on se sent particulièrement privilégié.

Lorsqu'on s'éloigne de la chute, les falaises nous protègent du vent. En plus, lors des belles journées, le terrain est ensoleillé du matin au soir.

À l'assaut de «la congelée»

Au fil des ans, les amateurs d'escalade ont baptisé les différents murs répartis d'un côté et de l'autre de la chute Montmorency. La paroi la plus difficile porte le nom de «pilier de cristal». Celle située à seulement cinq mètres de la chute s'appelle «la dame blanche».

Une fois la visite du site terminée, on passe aux choses sérieuses. Les deux pieds bien stables sur terre, on tente d'enfoncer nos piolets dans un mur de glace. Leur bon maniement nécessite un peu de force et beaucoup d'adresse. Les premiers coups de piolet sont très malhabiles, ce qui n'annonce rien de bon pour les prochaines heures; mais mieux vaut pratiquer sur le sol qu'en hauteur.

Évidemment, on ne peut pas rester à la base de la paroi toute la journée. François-Guy Thivierge prend les choses en main. On s'approche de «la congelée», le mur le plus facile. Il monte en premier pour installer le cordage à une hauteur de 25 mètres. En 10 minutes, il est de retour à la base. Un temps difficile à battre!

La corde attachée à mon harnais, me voilà prête à essayer l'escalade de glace. Quelques minutes plus tôt, mon expérience avec le piolet ne m'a pas mise en confiance. Pourtant, mes premières enjambées se déroulent bien au point de prendre goût à l'aventure. François-Guy assure ma montée et m'encourage. En 20 minutes, j'atteins le plateau des 25 mètres. On pourrait poursuivre l'ascension jusqu'à 83 mètres de hauteur, mais pour une première, on s'arrête là.

On comprend pourquoi le site si apprécié des amateurs d'escalade. Le paysage est magnifique. Lorsqu'on se retourne, la vue sur le fleuve Saint-Laurent et sur l'île d'Orléans est imprenable. À droite de «la congelée», la chute Montmorency coule. On prend alors quelques minutes pour admirer la vue avant de redescendre en moins de 20 secondes.