Le Vieux-Montréal a changé. Les gens qui comptent le visiter durant les Fêtes, après quelques années d'absence, seront surpris de découvrir bon nombre de nouvelles adresses, surtout des restaurants ou des bars.

«Ce qui a changé, c'est que maintenant, les gens habitent dans le Vieux-Montréal», explique Marie-France Levesque, propriétaire des Promenades canines. La promeneuse de chiens se balade dans le quartier tous les jours depuis 11 ans avec ses clients à quatre pattes, de plus en plus nombreux. «Les propriétaires des condos du Vieux-Montréal sont souvent des gens seuls et des couples, donc des gens qui ont des chiens», dit-elle. Et qui veulent bien manger, près de la maison.

«Le Vieux-Montréal est le quartier qui s'est développé le plus rapidement», indique Francine Lelièvre, qui est à la tête du musée Pointe-à-Callière depuis son ouverture, en 1992. À cette époque, pourtant pas si lointaine, il n'y avait personne dans les rues le soir, dit-elle.

Le Vieux-Montréal avait un tout autre aspect. «L'architecture était là, ce qui avait été construit durant les siècles précédents, mais il y avait beaucoup de terrains vacants et d'édifices fermés», se rappelle Francine Lelièvre.

Que s'est-il passé?

Pour bien le comprendre, il faut remonter à 1964. Il y a 50 ans, le gouvernement du Québec attribuait le statut d'arrondissement historique au Vieux-Montréal, ce qui a mis un frein à une vague de démolition et protégé ce quartier patrimonial d'un développement sauvage. L'arrondissement historique est (plus ou moins) délimité à l'ouest par la rue McGill et à l'est par la rue Berri, au nord par la rue Saint-Antoine et au sud, par le fleuve! «Montréal est une des très rares villes en Amérique du Nord qui a préservé son coeur historique. Avec Québec», souligne Francine Lelièvre, qui aime profondément le quartier dans lequel elle travaille. «J'aime le lien du passé avec le présent, dit l'historienne. Le Vieux-Montréal, c'est ça. [...] Ce n'est plus le coeur économique de la ville, mais c'est son coeur émotif.»

La vie dans le Vieux

Tranquillement, les immeubles abandonnés ont été convertis en commerces et en condos. Les résidants sont revenus et, avec eux, une vie de quartier est née. Ce qui n'est pas sans déplaire aux touristes, d'ici et d'ailleurs. Car à côté des tables et des commerces clairement destinés à une clientèle touristique, on trouve maintenant des adresses visitées par les Montréalais. De nombreux chefs y ont élu domicile. Chuck Hughes a ouvert le Garde Manger en 2006. Graziella Battista a son restaurant homonyme dans la rue McGill depuis 2008, Helena Loureiro s'est installée tout près en 2012 et a ajouté une cantine portugaise rue Saint-Paul Ouest, le printemps dernier. Un peu plus à l'est, le batteur du groupe Simple Plan, Jeff Stinco, a ouvert sa pizzeria Mangiafoco en 2012. L'année dernière, c'était au tour du pâtissier Christian Faure, Meilleur Ouvrier de France, de choisir le Vieux-Montréal pour installer son école de pâtisserie et son comptoir-café.

La Société de développement commercial du Vieux-Montréal a lancé l'été dernier un service d'accueil touristique dans le quartier. «Vous savez ce que les touristes nous demandent le plus?, dit Mario Lafrance, président de l'organisme. Des restaurants où vont manger les Montréalais. Maintenant, il y en a dans le Vieux-Montréal.»

«Quand j'ai commencé, il n'y avait qu'Olive+Gourmando, affirme la promeneuse professionnelle Marie-France Levesque. On se déplaçait pour y aller. Maintenant, des restos, il n'y a que ça!»

En plus des touristes et des résidants, la clientèle du voisin faubourg des Récollets, jeune et professionnelle, est fidèle à plusieurs commerces du Vieux-Montréal. Il y a maintenant 24 restaurants dans la rue Saint-Paul Ouest, entre le boulevard Saint-Laurent et la rue McGill, incluant les cafés, mais excluant les bars. C'est beaucoup pour un petit tronçon de moins de 1 km.

Le Vieux-Montréal compte un autre attrait touristique unique: des petits hôtels indépendants, apparus au tout début de la mode des hôtels-boutiques. Avec eux est venue une nouvelle clientèle, qui paye plus cher pour dormir dans un hôtel de caractère. Aujourd'hui, même une partie de la clientèle des congrès préfère les hôtels du Vieux-Montréal, dit Mario Lafrance. Ces gens passent la journée au Palais des congrès, reviennent à leur hôtel et vont souper dans le quartier, explique-t-il.

Le président de la Société de développement est très optimiste quant à l'avenir du Vieux-Montréal. À l'image des hôtels, des boutiques originales se sont installées - et continuent de s'installer - dans le Vieux. «Depuis trois ans, ça foisonne, dit Mario Lafrance. Des commerces de design ou de spécialité choisissent le Vieux-Montréal. Le momentum est là. Ce n'est pas du tout en train de s'essouffler.»

Trois itinéraires

Si vous venez pour un après-midi en famille...

Vous commencez la sortie rue Notre-Dame Est, au sympathique Bar à beurre, par un service de thé comme dans Alice au pays des merveilles, avec des petits gâteaux. En route, essayez de mettre la main sur un «porte-voeux» (il y en a un place Jacques-Cartier). Il s'agit en fait d'un porte-voix que l'on emprunte, le temps de dire à voix (très) haute ce que l'on souhaite à tout un chacun pour le temps des Fêtes. Les petits adorent, surtout s'ils ont été avertis et qu'ils ont préparé leur voeu.

Le clou de la sortie arrive à l'heure bleue: un cinéma en plein air a été aménagé sur la place d'Youville. On y présentera des classiques de Noël (Maman, j'ai raté l'avion, Le miracle de la 34e Rue, Boréal-express...) les 20 et 21 décembre, ainsi que les 2, 3 et 4 janvier. L'activité est gratuite et les plus rapides auront droit à une place assise dans les gradins, avec des couvertures. Le chocolat chaud est offert, pour tous!

Pour une visite en janvier, pensez à aller pêcher sur le bassin du quai de l'Horloge. Si vous êtes chanceux, vous attraperez du doré, de la perchaude et de la lotte que vous cuisinerez pour le souper, mais il faudra avoir plusieurs poissons pour que votre journée soit rentable: si vous avez une famille nombreuse, la sortie risque d'être très chère. En plus des droits d'entrée, il faut payer un permis de pêche, louer un abri et acheter des ménés.

barabeurre.com

montrealenfetes.com

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Comme dans Alice au pays des merveilles, le Bar à Beurre sert le thé à l'anglaise l'après-midi.

Si vous venez pour un week-end en amoureux...

Vous allez faire une saucette au spa sur l'eau Bota Bota (oui, c'est déjà un classique!), surtout si vous n'êtes pas de Montréal. Car au-delà des petits soins et des bains que l'on retrouve dans tous les spas nordiques de la province, le bateau-spa offre des coups d'oeil magnifiques sur le Vieux-Montréal et la Cité du Havre. Allez-y en matinée, la semaine, pour avoir de l'espace et pour avoir juste pour vous la salle de sauna qui se trouve face au musée Pointe-à-Callière. Sa fenêtre est un magnifique tableau qui met en vedette le patrimoine bâti du quartier - combien de fois observe-t-on la ville à partir de l'eau? En y étant le matin, vous êtes libres pour le lunch, à prendre à deux pas, rue Saint-Paul Ouest, au casse-croûte portugais de la chef Helena Loureiro, Cantinho de Lisboa. Une fois rassasiés de sandwichs aux crevettes ou à la sardine (et de pastéis de nata!), offrez-vous une balade vers l'ouest, faites un peu de shopping, jetez un coup d'oeil au fleuve et repérez des adresses pour le souper. Il y a, rue McGill, 21 restaurants, en incluant les cafés, entre la rue Notre-Dame et le fleuve. Vous y trouverez aussi de beaux endroits pour le 5 à 7: Hambar, Holder, la microbrasserie Les Soeurs grises. Pour dormir, vous avez plusieurs choix. Le Petit Hôtel, rue Saint-Paul Ouest, offre un excellent rapport qualité-prix-ambiance. Les chambres avec mur de vieilles pierres vous rappellent que vous séjournez dans un lieu historique. Par contre, si vous choisissez une chambre qui donne sur la rue le 31 décembre, dites au revoir à la nuit de sommeil tranquille... De toute façon, le 31 décembre, vous veillerez vous-mêmes près de la place Jacques-Cartier, au spectacle d'Alex Nevsky, Bernard Adamus et les soeurs Boulay.

botabota.ca

petithotelmontreal.com

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Le bateau-spa Bota Bota offre un magnifique point de vue sur le Vieux-Montréal.

Si vous venez avec vos parents qui vous visitent durant les fêtes...

Allez bruncher à la Maison Christian Faure, tout près du musée Pointe-à-Callière. Rien de très créatif sur le menu, mais une ambiance parisienne qui fait tout le charme de l'endroit, et des pâtisseries françaises classiques pour le dessert. Très bon. Pour un repas plus élaboré, mettez le cap sur L'Arrivage, le restaurant qui se trouve en haut du musée Pointe-à-Callière et qui donne sur le port. Vous êtes déjà sur place pour faire la visite de l'exposition Les Grecs, à l'affiche depuis cette semaine. «C'est une des plus belles expositions qu'on a eues, confie la directrice de Pointe-à-Callière, Francine Lelièvre. Les pièces sont rares et merveilleuses.»

Offrez-vous ensuite une balade vers l'est, où vous retrouverez les boutiques de souvenirs qui rappellent que le Vieux est bel et bien un quartier touristique. À moins que vous ayez vraiment besoin de mocassins, passez outre et faites plutôt des arrêts dans des galeries qui valent la peine. La galerie Saint-Dizier présente des oeuvres contemporaines fort intéressantes, dont celles de la Québécoise Amélie Desjardins, qui travaille avec du bois récupéré dans la mer. Pause photo «art public»: Les chuchoteuses de Rose-Aimée Bélanger, magnifique bronze, se trouvent de l'autre côté de la rue Saint-Paul, un peu à l'ouest du boulevard Saint-Laurent. Les trois grosses chuchoteuses sont encore plus jolies lorsqu'une petite neige les couvre en partie. Une autre adresse vaut la peine que vous poursuiviez votre voyage vers l'est: la coopérative L'Empreinte, qui présente le travail d'artisans québécois très doués, comme les céramistes Hugo Didier et Li Wai-Yant. C'est là que vous devez acheter vos souvenirs!

maisonchristianfaure.ca

saintdizier.com

lempreintecoop.com

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, LA PRESSE

Envie d'un brunch comme à Paris? Optez pour la Maison Christian Faure.