Promenade romantique au bord d'un fleuve Saint-Laurent remarquablement accessible. Esplanade spectaculaire avec vue sur les quais. Luxuriants jardins publics, fontaines ruisselantes, maisons victoriennes ou d'esprit français tapies dans des rues étroites et ombragées... Où sommes-nous?

Vous ne devinez pas? Encore un effort. Les Ursulines y ont fondé un couvent il y a plus de 300 ans. On y a inauguré récemment un amphithéâtre qui porte le nom d'une grande entreprise de câblodistribution.

Vous avez dit Québec? Quel manque d'imagination!

Nous sommes à Trois-Rivières, ville sous-estimée, méconnue, mal-aimée, que l'on aurait tort de négliger plus longtemps.

Autrefois capitale de l'industrie papetière, chef-lieu d'une industrie textile qui a déjà employé jusqu'à près de 1700 personnes, la ville de Trois-Rivières a longtemps vécu insoucieuse de ses trésors, enfumée et puante, grise et laborieuse. Quand les deux pôles de son économie se sont effondrés, on a cru qu'elle ne s'en remettrait jamais.

Or, voici que ses vieux quartiers renaissent, que ses rues calmes et étroites appellent à la promenade, que les bonnes adresses éclosent. Voici que Trois-Rivières devient une destination en soi.

Avec les investissements prévus pour réhabiliter les terrains auparavant occupés par les papetières, au bord de la rivière Saint-Maurice, la transformation sera complète, radicale.

Déjà, dans la petite rue Hertel, de nombreuses maisons ouvrières ont retrouvé leur charme grâce à une cure beauté dans les règles de l'art. On entend faire de ce quartier, autrefois déshérité d'entre les déshérités, l'un des plus beaux et des plus agréables de la ville.

Plein la vue

Pour l'heure, l'admirable promenade du Vieux-Port, l'animation de la rue des Forges, les rues historiques du Vieux-Trois-Rivières, avec le remarquable ensemble conventuel des Ursulines et l'ancien monastère des Récollets, en mettent plein la vue au promeneur médusé. 

Comme un trait d'union entre ville et fleuve, entre histoire et modernité, s'élève l'esplanade du Platon, où fut établi le premier poste de traite de Trois-Rivières, en 1634. Le nouvel aménagement, inauguré à l'été 2013, est exemplaire. D'un côté, un escalier monumental, tout en courbes, dont chaque contremarche porte une inscription rappelant les faits marquants de l'histoire de la ville. De l'autre, une vue infinie sur le ciel, le fleuve et la rive d'en face. Au milieu, d'abondants îlots de verdure, des bancs invitants, des sentiers sinueux et, fin du fin, une borne interactive, fonctionnelle toute l'année, qui permet de s'orienter, de s'informer et de choisir des activités au gré de ses envies.

De quoi passer un long week-end tout en découvertes.

Où manger?

> Poivre noir

Considéré comme l'une des bonnes tables de la ville, le restaurant Poivre noir bénéficie de ce qui est probablement la plus belle terrasse urbaine du Québec. Directement sur le fleuve, à l'abri de la circulation automobile, c'est l'endroit rêvé pour regarder le ciel s'embraser au crépuscule. On y sert (malheureusement dans une certaine désorganisation et avec un rien d'arrogance) une belle variété de tapas raffinées et de plats fort bien tournés.

1300, rue du Fleuve, 819 378-5772

> Le temps d'une pinte

Oh! Qu'on aime cette microbrasserie! Ici, l'humour, l'originalité et la créativité se conjuguent pour rendre hommage à la fois au passé ouvrier de la ville et aux produits alimentaires locaux. On n'y sert pas des bières pression, mais des bières «à bras». Elles s'appellent Ratchet (une rousse «torquée à l'azote»), Égoïne ou Wastringue, et les poignées des tireuses à bière ont été remplacées par de vieux outils. Joli, rigolo, sympathique. Ce qui se passe en cuisine est tout aussi réjouissant. Entre autres bonnes choses, le tartare de truite et sa salade tout en fraîcheur, de même que l'open club (un généreux amoncellement de poulet fumé maison et de pikliz sur pain brioché, avec mayo au thym) nous ont fait nettoyer les assiettes jusqu'à les polir. Jolie terrasse à l'arrière, décor (évidemment) post-industriel à l'intérieur, service aimable et efficace.

1465, rue Notre-Dame Centre, 819 694-4484

Photo Stéphane Lessard, archives Le Nouvelliste

Dans la petite rue Hertel, de nombreuses maisons ouvrières ont retrouvé leur charme grâce à une cure beauté dans les règles de l'art.

Quoi voir?

> Musée québécois de culture populaire 

Le Musée québécois de culture populaire présente jusqu'au 28 janvier 2018 une exposition décoiffante sur la BD québécoise. De l'inénarrable Red Ketchup à ce cher Paul en passant par Les Nombrils, on apprend comment ces personnages ont pris naissance dans le cerveau en ébullition de leurs créateurs. 

Accolée au musée, la vieille prison de Trois-Rivières a battu des records de longévité parmi les établissements du genre au Canada. Ouverte en 1922, elle a rempli cet office, songez-y, jusqu'en 1986! La visite guidée, qui dure environ une heure, vous entraîne dans les cellules insalubres où jusqu'à 120 détenus se sont déjà entassés, alors qu'elles avaient été conçues pour une quarantaine de prisonniers. À la fois instructif, amusant et... sinistre.

200, rue Laviolette, 819 372-0406

> Musée Boréalis

Aménagé dans l'ancienne usine de filtration de la Canadian International Paper (CIP), l'incontournable musée Boréalis porte sur différentes facettes de l'exploitation forestière et sur la manière dont elle a façonné le visage de la ville. Omniprésence de l'eau, travail en usine, bûcherons et draveurs, construction des quartiers ouvriers, on aborde tout cela dans une perspective historique et sociale. Le musée propose également diverses expériences d'immersion et de découverte (ateliers de fabrication de papier, passage multisensoriel, visite de voûtes souterraines, il y en a pour tous les goûts et toute la famille). À l'extérieur, une exposition temporaire rend hommage aux travailleurs de la CIP, dont l'usine a été démantelée il y a exactement 10 ans.

200, avenue des Draveurs, 819 372-4633

Quoi faire?

Consacrée capitale de la poésie par Félix Leclerc en 1985, la ville natale de Gérald Godin accueille pour la 32e année le Festival international de la poésie, qui a lieu du 30 septembre au 9 octobre. Pendant 10 jours, 100 poètes de 30 pays animeront quelque 350 activités un peu partout dans la ville.

François Gervais, archives Le Nouvelliste

Aménagé dans l'ancienne usine de filtration de la Canadian International Paper, l'incontournable musée Boréalis porte sur différentes facettes de l'exploitation forestière et sur la manière dont elle a façonné le visage de la ville