Louis Cyr peut reposer en paix. Ses haltères, ses tréteaux et sa ceinture de champion sont enfin exposés dans un musée à sa mesure, dans Lanaudière.

Après des mois de travaux, la Maison Louis-Cyr a officiellement ouvert ses portes à Saint-Jean-de-Matha, la semaine dernière, dans la demeure où a vécu le colosse de 1902 à 1906. Même si la façade n'est pas encore terminée (il manque la tourelle), les visiteurs peuvent désormais pénétrer dans le bâtiment, qui a été agrandi par l'arrière afin d'accueillir un maximum d'objets.

Pas de doute, on est loin de l'ancien Musée Louis-Cyr, dont les locaux étaient plus exigus et nettement moins charmants.

On a reproduit ici un intérieur d'époque, semblable à celui dans lequel a vécu l'homme fort. Son ancien salon sert de salle d'attente, avec des tableaux qui lui ont appartenu pour vrai. La salle à manger a été transformée en boutique de souvenirs et on a installé dans la cuisine une immense table couverte de nourriture, version plastoc de ce que mangeait l'homme fort en une journée. Des costumes d'époque, utilisés dans le film sur Louis Cyr, s'ajoutent à cette mise en scène bon enfant.

La vie athlétique de Louis Cyr

Passé cette plongée dans le temps, on entre dans la vaste grange qui abrite l'exposition permanente. De grands panneaux explicatifs, conçus dans un esprit 1900, nous racontent la vie et l'oeuvre de l'athlète. Remise en contexte, exploits, explications.

«Le film était romancé; ici, c'est une recherche historique rigoureuse», souligne le nouveau directeur du musée, Raynald Michaud, ancien collaborateur des musées Juste pour rire et Pointe-à-Callière.

Des stations interactives ont été ajoutées au parcours. Les visiteurs peuvent regarder les exploits de Louis Cyr en «praxinoscope», comparer leurs muscles à ceux de l'homme fort et, surtout, mesurer leur force à la sienne en soulevant une charge, comme dans les fêtes foraines de jadis. «Une expo sur Louis Cyr où on ne force pas, ça ne se pouvait pas», dit Raynald Michaud.

Mais les meilleurs morceaux restent encore ces objets qui lui ont appartenu. Ils sont peu nombreux, mais éloquents: une malle, des haltères, une ceinture d'apparat, les tréteaux ravagés avec lesquels l'homme accomplissait ses tours de force... Désormais mieux présentés, ils dégagent plus de puissance que jamais. Il était vital de bien mettre en valeur ces objets historiques, qui avaient été mis aux enchères il y a 30 ans par le petit-fils de Louis Cyr. C'est Pierre-Michel Gadoury, spécialiste de Louis Cyr et résidant de Saint-Jean-de-Matha, qui avait sauvé ces objets in extremis. Sans lui, qui a longtemps été le seul à y croire, ce musée n'aurait pu exister.

La Maison Louis-Cyr s'inscrit désormais dans la grande famille des musées québécois. Conçue sans prétention, dans un esprit ludique, elle devient un attrait supplémentaire pour la région de Lanaudière et, bien sûr, pour Saint-Jean-de-Matha, qui compte déjà sur la montagne Coupée, l'abbaye des moines trappistes et les chutes Monte-à-Peine.

Outre les touristes, le musée compte accueillir des groupes scolaires, qui formeront une bonne partie de sa clientèle. «Nous visons de 12 000 à 15 000 visiteurs par an», souligne Raynald Michaud, optimiste.

Depuis le 9 juillet, le musée est ouvert tous les jours, de 10h à 17h, sauf le lundi. Des guides peuvent vous faire faire la visite.

Cette ouverture est un heureux dénouement compte tenu du fait que, à pareille date l'an dernier, le projet était bloqué, faute de subventions.

«On avait besoin de 1,1 million et on a finalement atteint notre objectif», explique Jérôme Landry, président des Compagnons de Louis Cyr, l'organisme qui gère le musée. Le succès du film y est-il pour quelque chose? «Sans aucun doute, croit-il. Il a permis à certaines personnes de comprendre l'importance historique du personnage.»

Le musée a notamment reçu 225 000$ de Patrimoine Canada, 457 000$ du gouvernement provincial (dont un prêt de 304 000$ d'Investissement Québec) et 100 000$ de Tourisme Lanaudière, cette dernière somme devant être versée quand l'extérieur du bâtiment sera achevé.