Après quelques années de retard sur le reste de l'Amérique du Nord, la vague du vélo de montagne déferle maintenant sur le Québec. En quelques années à peine, un incroyable réseau de sentiers en milieu naturel a vu le jour. L'automne est le moment idéal pour tenter sa chance sur les pentes.

«Avant, les sentiers, souvent clandestins, étaient aménagés bénévolement par des tripeux, mais aujourd'hui, on assiste à l'émergence d'une offre structurée, avec la création de centres de vélo de montagne qui créent des pistes pour tous les cyclistes, pas seulement pour les experts ou les casse-cou», constate Francis Tétrault, chargé de projet «vélo de montagne» à Vélo Québec.

Depuis janvier dernier, Vélo Québec, organisme qui fait la promotion de la pratique du vélo de route depuis plus de 45 ans, a pris en charge le dossier vélo de montagne, à la suite d'une alliance avec l'Association pour le développement de sentiers de vélo de montagne au Québec (ADSVMQ). «Résultat: on est passé d'une gang de gars avec des pelles dans le bois à des comités plus structurés», illustre Francis Tétrault, un passionné de ce sport, autant dans sa version «cross-country» que «descente» (avec remontée en télésiège).

Cette alliance, croit-il, va permettre au vélo de montagne d'acquérir ses lettres de noblesse. «Ici, il y a eu beaucoup de résistance à l'arrivée du vélo de montagne. Ses opposants craignaient entre autres les impacts écologiques de cette activité. Mais les études sont claires: si on roule sur des sentiers aménagés dans les règles de l'art, le vélo de montagne n'endommage pas davantage la nature que la randonnée pédestre», soutient M. Tétrault. C'est pour cette raison que l'ADSVMQ a publié, en 2009, un guide mettant de l'avant les bonnes pratiques d'aménagement de pistes à l'intention des bénévoles, des gestionnaires et des utilisateurs de sentiers.

L'objectif de Vélo Québec: travailler à la démocratisation de cette discipline et accroître son potentiel touristique. «On peut penser que d'ici quelques années, il y aura des adeptes qui feront de la randonnée de refuge en refuge, avec transport de bagages», rêve M. Tétrault. Et contrairement à ce qu'on peut imaginer, les fanas de vélo de montagne n'ont pas 14 ans. La majorité est âgée de 25 à 49 ans et possède un revenu familial de plus de 75 000$ par année.

Jean-Sébastien Thibault, président d'Espresso Sports, boutique de vélo de Sainte-Adèle, constate un fort accroissement de popularité du vélo de montagne chez les baby-boomers. «Ce sont pour la plupart des skieurs de fond qui veulent expérimenter ce sport. La plupart n'hésitent pas à débourser plus de 2000$ pour un vélo à double suspension, plus doux pour leurs dos», remarque-t-il.

Les Laurentides dans la course

Dans la région des Laurentides, on croit fermement au potentiel du vélo de montagne. La MRC des Pays-d'en-Haut planche sur un plan de développement de cette activité. Déjà, une brochure a été publiée pour informer le public sur les six réseaux accessibles dans leur territoire. «À long terme, on veut créer un produit d'appel, une offre touristique qui va rendre notre destination incontournable», explique Chantal Ladouceur, chargée de développement récréatif à cette MRC. Idéalement, on aimerait permettre l'interconnexion des réseaux, sur le modèle des pistes de ski de fond. On pourrait ainsi voyager, de ville en ville, en passant par des sentiers en forêt.

Des travaux d'aménagement de pistes faciles ont actuellement lieu à Wentworth-Nord, Morin Heights et Saint-Adolphe-d'Howard. «Ces sentiers se connectent au Corridor aérobique, ancienne voie ferrée recyclée en piste cyclable. On veut que cette infrastructure devienne l'épine dorsale de notre réseau de vélo de montagne», indique Mme Ladouceur.

La croissance du vélo de montagne dans les Laurentides n'est peut-être que le début d'une nouvelle tendance qui touchera les quatre coins de la province. «Zecs, pourvoiries, parcs nationaux, chemins forestiers et terres de la Couronne, le potentiel de développement du vélo de montagne est quasi illimité au Québec», affirme M. Tétrault. Des cyclistes d'arrière-pays rêvent déjà de la mise en place d'un équivalent de la Route verte pour le vélo de montagne.

velo.qc.ca/montagne

Un sport, deux disciplines



Descente

Ces vététistes adeptes de vitesse et de sensations fortes font l'ascension des montagnes en remontée mécanique et descendent des pistes vertigineuses sur des montures à grosses suspensions. Ils portent généralement une armure de protection: casque intégral (qui protège aussi le visage), genouillères, protège-bras, protège-coudes, etc. Destinations des adeptes: Bromont, Mont-Sainte-Anne, Camp Fortune, etc.

Cross-country

Les adeptes, qui forment la grande majorité des vététistes, grimpent les montagnes et les redescendent, comme les skieurs de fond. Équipement nécessaire: un bon vélo de montagne, idéalement avec une suspension avant et arrière, et un casque. Destinations des adeptes: Vallée Bras-du-Nord, parc de la Gorge de Coaticook, Mont-Rigaud, etc.