Guy Carpentier n'avait pas posé le pied dans la cabane numéro 30 qu'il était bombardé de questions: «Est-ce que la glace est assez épaisse pour supporter cabanes et voitures? Un poulamon, qu'est-ce que ça mange en hiver? Et où faire une plainte si, par malheur, on n'attrapait rien?»

Dix filles à la pêche, ça déplace de l'air. Surtout quand, dans le lot, une seule a véritablement de l'expérience (même si sa dernière visite aux petits poissons des chenaux remonte à 20 ans).

 

Guy Carpentier a répondu à toutes les questions. La glace? Avec 21 pouces d'épaisseur, inutile de s'inquiéter. Les poissons? On les appâte avec des cubes de foie de porc cru, qu'on doit changer aux deux minutes. Pour les plaintes, inutile de s'en faire. Ça va mordre, c'est certain. À condition de laisser traîner les hameçons au fond et de redescendre un peu les lignes lorsque la glace (et la cabane) va remonter sous l'effet de la marée.

«Allez, bonne pêche!»

Premier constat: il fait drôlement chaud dans notre petite maison. Avec le poêle à bois chauffé à bloc, les pelures tombent rapidement. On s'était toutes habillées comme si on allait passer la journée sur une banquise de l'Arctique.

On réalise aussi que la pêche aux petits poissons des chenaux n'est pas un truc contemplatif. Changer le foie aux deux minutes. Observer la tranchée creusée dans la glace pour tirer prestement la ligne au moment où le poisson mord à l'hameçon. Scruter les lignes tendues dans l'attente d'une vibration inhabituelle. «Je ne sais pas comment les gars font pour boire et pêcher en même temps, lance Marie-Hélène, les deux mains plongées dans le sac de foie. C'est un travail à temps plein!»

Rapidement, on se retrouve côte à côte, la tête penchée et les yeux qui scrutent le fond. On espère toutes secrètement attraper la première prise. Question de sauver notre honneur et celui de la cabane tout entière...

Après 10 minutes à peine, Marie-Claude, la seule véritable experte du groupe, brise l'attente en sortant le premier poulamon sous les hourras et les cris de joie. Rarement poisson aussi petit aura été accueilli avec autant d'effusion.

Le bal est lancé! Chacune se retrouve vite avec un petit poisson qui gigote entre les mains. Même Léa, 4 ans et pas toutes ses dents, réussit, seule, à sortir des poulamons de l'eau. Elle se risque même, après bien des grimaces, à en prendre un dans ses mains... pour le relâcher au sol dès le premier gigotement. Pour le reste, la joyeuse bande s'active sans montrer le moindre signe de dédain. Le foie d'une main, la fougasse aux olives de l'autre... Seule Laurette refuse de toucher appât et poissons. «Si mon chum apprenait ça! C'est lui qui décroche mes poissons quand on pêche ensemble!»

Les heures passent et les poissons s'accumulent. Vingt, trente, cinquante... Les plus petits sont remis à l'eau. Les plus gros, jetés illico sur la glace à la porte de la cabane, afin d'emprisonner les saveurs de leur chair fine.

Car on a bien l'intention de vivre l'expérience totale: pêcher, préparer, cuisiner et déguster nos poissons. Sur place.

Pas question de laisser nos prises derrière, même si notre pourvoyeur, G. Marceau et filles, prépare tous les poissons laissés par les clients et distribue les surplus à des soupes populaires de la région.

Et le verdict? Roulé dans la farine et frit à la poêle avec un peu de beurre et de citron, le peu de chair comestible a un goût délicat (certains diront fade) qui rappelle un peu celle de sa parente, la morue...

Rapala et martinis

Même s'il fait une température quasi tropicale dans notre cabane, une partie de pêche blanche n'en est pas une sans un petit remontant pour se réchauffer. Des martinis préparés par Isabelle, du vin chaud aux épices concocté par Kenza et servi dans des coupes en inox... On veut bien pêcher comme des gars, mais on garde notre petit côté «girly» quand même!

Une fille reste une fille... même lorsqu'elle se retrouve avec un couteau à la main, en train de trancher la tête d'une cinquantaine de poissons...

 

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Infos pratiques

Tarifs : peu importe le pourvoyeur, les tarifs restent les mêmes, soit 25$ par personne le week-end, avec un prix minimum de 100$ pour la location d'un chalet. Sur semaine, le prix est de 20$ par personne, avec une location minimum de 50$. Demi-tarif pour les 6-12 ans. Gratuit pour les 5 ans et moins. Le prix comprend la location de la cabane éclairée et munie d'une prise électrique, le bois de chauffage, les agrès et le foie pour appâter les poissons. La capacité des chalets varie de 4 à 35 personnes.

Réservations : on peut réserver auprès de l'Association ou directement avec les pourvoyeurs.

Associations des pourvoyeurs: 418-325-2475 ou www.associationdespourvoyeurs.com

Pourvoirie G. Marceau et filles: 418-325-2187

Horaire : il est possible de louer un chalet sept jours sur sept. Deux plages horaires sont proposées: de 8h à 18h et de 20 h à 6h du matin.

Services disponibles : vente de poissons déjà nettoyés, glissade pour les enfants, patinoires, restaurants, centre d'interprétation du poulamon avec toilettes et eau chaude, balades en tramway, carrousel de poneys.

Activités : cabane à sucre le 23 janvier ; parcours de golf sur glace (neuf trous) les 30 et 31 janvier ; symposium de peinture les 30 et 31 janvier ; démonstration de planche à neige le 6 février.

La saison de pêche se termine le 15 février.

Photo: Stéphanie Morin, La Presse